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Personnage du Prince de Montpensier dans La Princesse de Montpensier de Madame de Lafayette

Publié le 14/11/2021

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Le prince de Montpensier Introduction :   La princesse de Montpensier est une nouvelle écrite par Madame de la Fayette en 1662 ; en 2010, Bertrand Tavernier s’en inspire pour en faire une adaptation cinématographique. Ces œuvres tracent l’histoire de la princesse de Montpensier dans sa lutte contre les passions de l’amour. Son auteur d’origine, Madame de Lafayette, plongée dans le siècle des précieuses, fait du sentiment amoureux un véritable ennemi. Entourée de quatre prétendants qui sont le prince de Montpensier, le Duc de Guise, le duc d’Anjou et le comte de Chabannes, la princesse sera au centre de diverses passions amoureuses, ce qui rendra son mari, le prince, fou de jalousie. Nous nous interrogerons sur la place particulière qu’occupe le prince de Montpensier. Nous verrons, dans un premier temps, que c’est un personnage ayant la place d’antagoniste qui, dans un second temps, se révèle être en réalité touchant et détenteur de diverses qualités.    Rappel des faits réels :   François de Bourbon, duc de Montpensier, né en 1542 et mort en 1592 est l’homme ayant inspiré à Madame de Lafayette le personnage du prince François de Montpensier ainsi qu’à Bertrand Tavernier celui de Philippe de Montpensier. Proche de la famille royale des Valois, il occupe des fonctions militaires importantes durant les guerres de religion, il est notamment nommé commandant de l’armée royale. Ses prouesses militaires lui permettent de se faire remarquer au cours de plusieurs batailles célèbres.   Loyal et dévoué à la famille royale, il séjourne à la cour où il est un fidèle partisan du roi Henri III et se rallie ensuite à son successeur Henri IV. Fervent catholique, il refusera cependant catégoriquement de se joindre à la Ligue puisque cette dernière est dirigée par la famille De Guise. L’Histoire sert alors la fiction puisque Madame de Lafayette reprend cette querelle entre De Guise et Montpensier et la met en scène dans sa nouvelle. Ainsi, l’intrigue amoureuse arrive comme justification de réalités historiques avérées, non seulement concernant la rivalité des concurrents mais aussi quant aux déplacements des personnages rythmés par l’évolution des batailles. Rappel de sa position dans l’histoire :   Le prince de Montpensier est le mari de la princesse. Il est donc celui qui, aux yeux de tous, devrait vivre une romance avec la princesse de Montpensier. Il a en effet, dans le film comme dans la nouvelle, développé d’importants sentiments pour elle. Seulement ces derniers ne sont pas réciproques, c’est de là d’où découle la complexité de l’affection que le prince porte à sa femme. Dès le début du livre, Madame de Lafayette dévoile les circonstances particulières du mariage des deux personnages. C’est un mariage forcé, administré par les pères des deux personnages pour accroître leurs pouvoirs respectifs. La princesse de Montpensier se voit contrainte de se marier avec un homme qu’elle ne connaît pas, et de quitter celui qu’elle aime.   Pourtant, à peine leur relation commencée, le prince est appelé à la guerre, un départ justifié car, comme il est signalé plus haut, le prince de Montpensier fut un personnage très important durant la guerre de religion. S’ils avaient tous deux la volonté de faire fonctionner leur union, c’était sans compter la reprise des guerres de religion qui contraignent le prince à rejoindre le front.  Son départ favorise le développement des sentiments variés de la princesse, qui va approfondir sa relation avec Chabannes, retrouver son amour passé, le duc De guise, et rencontrer le duc D’Anjou pour la première fois. La Princesse se voit alors entourée d’hommes la désirant, encourageant la jalousie de l’unique homme légitime de ressentir de tels sentiments envers elle, son mari.  Développement :   Un personnage ayant la place d’antagoniste   Parce-qu’il s’avère être une figure d’opposition à la princesse et un obstacle à son épanouissement personnel et sentimental par sa jalousie et son désir de possession, le prince de Montpensier peut être défini comme un personnage antagoniste du récit. Le prince s’avère être un mari possessif et jaloux. Cette jalousie naturelle est évoquée à trois reprises dans l’intrigue. La première fois, dans la nouvelle, est lorsque le prince, au retour de la guerre voit la princesse : « Il fut surpris de voir la beauté de cette princesse dans une si grande perfection ; et par le sentiment d’une jalousie qui lui était naturelle, il en eut quelque chagrin, prévoyant bien qu’il ne serait pas seul à la trouver belle ». Ce passage souligne sa jalousie tout en lui laissant une part de lucidité, de clairvoyance presque puisqu’elle sera dans le futur grandement convoitée.  Leur mariage étant récent le prince n’a pas de motif, mis à part un attachement naissant, qui ne pourrait justifier sa jalousie ; il désire cependant qu’elle demeure sienne uniquement. Cette jalousie fait ensuite « passer de bien mauvaises heures à la princesse » C’est la scène de la barque qui déclenche véritablement la jalousie du prince après avoir vu sa femme aux côtés des ducs De Guise et D’Anjou rencontrés durant la scène de la barque. Mme de La Fayette souligne que sa jalousie est telle qu’elle se lit sur son visage si bien que ce dernier la dissimule en prétextant craindre que la réception inopinée d’Anjou ne soit à la hauteur de son rang.   ÉTUDE DE PASSAGE DU FILM : (De 1:12:04 à 1:14:08) Bertrand Tavernier représente également la jalousie du prince lors de la scène du repas, durant lequel la princesse est courtisée et par le duc D’Anjou et par le duc De Guise. À l’image est retranscrit le chagrin du prince qui s’illustre sur son visage fermé. Montpensier, l’hôte, est dans l’ombre en bout de table, il apparait faible : il reçoit mais est humilié. En effet, le prince subit un traitement cruel de la part de Tavernier puisque, au seul moment où il parle durant le dîner, il est coupé par De Guise. Cette interruption est d’autant plus brutale du fait que Philippe prend la parole pour détourner son ami Chabannes d’une question soudaine et agressive de De Guise concernant son « expérience aux cotés des hérétiques ». Une rivalité criarde est exprimée durant ce repas, on sent une tension autour de celle qui serait l’enjeux d’un affront possible, l’amour de Tavernier pour les westerns se faisant ressentir dans cette scène aux allures d’un « mexican standoff ».   (De 1:12:04 à 1:14:08) Tavernier propose ensuite une scène dans laquelle le prince emmène la princesse dans sa chambre et qui lui permet de faire exploser sa rage et sa jalousie (au point que ses hurlements sont entendus par les ducs aux étages inférieurs l’entendent). Durant ce qui apparaît comme un interrogatoire improvisé, il soupçonne la princesse d’avoir organisé son rendez-vous avec De Guise, ce que Marie nie avant de rétorquer qu’il est « injuste ». Cependant il avance des arguments plutôt cohérents et fait preuve, dans sa colère, d’une certaine lucidité. Il essaye d’affirmer son pouvoir de possession sur elle tout en lui reprochant sa proximité avec les ducs : « fallait-il vous rappeler qui à cette table était votre époux ? ». Son caractère violent est également présenté au spectateur puisqu’il frappe à de nombreuses reprises sur divers éléments du décor.    Cependant, à la fin de cette scène, le prince est présenté comme un homme en manque d’amour de la part de sa femme désintéressée ce qui justifierait sa colère, ses emportements et sa jalousie avec la phrase « J’aurais aimé moi aussi avoir un sourire de vous ».  On peut également citer le « A moi j’aimerai qu’elle écrive », prononcé plus tard lorsqu’il partage avec Chabannes ses craintes et regrets.   Un personnage touchant et détenteur de diverses qualités   Le prince Montpensier est soucieux du bien-être de sa bien-aimée et du bonheur de la princesse. Peu développé dans la nouvelle, le prince possède bel et bien ce trait de caractère dans le film : il est, à l’égard de Marie, bienveillant et cela apparaît pour la première fois au moment de la nuit de noce pendant laquelle il tente de la rassurer. Il veille également à Marie lors du départ pour Mont-Sur-Brac pendant lequel il s’assure qu’elle soit bien installée dans la diligence avant de monter à cheval. Alors qu’il est rappelé au front pour servir le roi, il confie à Chabannes le soin de l’instruire et de l’occuper pour qu’elle soit prête à tenir son rang à la cour. Après deux années passées au front, lors de ses retrouvailles avec Marie il constate l’éloignement et la gêne de cette dernière lorsqu’il tente de lui témoigner des marques de tendresse. Il accepte même le refus de Marie de partager le même lit avec beaucoup de bienveillance et de compréhension et, loin d’insister, il est prêt à lui laisser du temps pour s’acclimater à la vie conjugale. Le prince est alors présenté comme respectueux et tolérant, c’est un homme qui a le souci de gagner la confiance et l’amour de la princesse.   Dans le film de Tavernier, une séquence est consacrée à illustrer une certaine complicité au sein du coupe Montpensier. En effet, nous pouvons observer les deux endormis l’un près de l’autre, dénudés, ce qui laisse entendre qu’ils ont partagé un moment d’intimité. Le lendemain le prince lit une lettre que Chabannes lui apporte sans prendre la peine de s’habiller, la princesse se lève alors pour le couvrir avec tendresse d’un voile puis d’un baiser. Aucune intimité de ce genre n’est évoquée dans la nouvelle ce qui illustre bien la volonté de Tavernier de rendre le personnage du prince plus sensible et touchant aux yeux du public contemporain. Malgré l’image d’un prince renfermé sur lui-même et froid, Montpensier apparaît différemment en présence de Chabannes.  Dans la nouvelle, leur amitié est si forte qu’elle pousse le compte à passer du camp protestant au camp catholique, au risque de perdre sa crédibilité au sein du royaume : “Ce changement de parti n’ayant point d’autre raison que l’amitié, l’on douta qu’il fut véritable”.     Dans le film, dès leurs retrouvailles, le prince s’adresse à François avec beaucoup de respect et d’amitié et l’étreint chaleureusement. Malgré le choix d’apostasie de Chabannes, il s’engage immédiatement à le prendre sous sa protection. Le fait qu’il ne lui demande même pas les raisons de son retrait nous montre bien qu’il lui voue une confiance absolue et qu’il sait d’avance qu’il a agi par vertu et morale. Il s’expose aux foudres du roi et de la noblesse en prenant sous sa protection un homme qui ne choisit aucun camp. Cet acte de loyauté fait sans hésitation aucune souligne bien que le prince est un homme loyal et dévoué. Même après leur différend concernant la princesse qui a poussé le prince à chasser Chabannes, le prince se retrouve, devant la dépouille de Chabannes, fortement attristé ; son trouble est bien visible puisqu’il éclate en sanglots. Il reste fidèle à son ancien ami en livrant la lettre trouvée sur son corps adressée à la princesse, il fait le choix (compromettant) de respecter le souhait de Chabannes au lieu de la détruire.  De plus, le prince de Montpensier reste, dans le film, loyal auprès de la princesse, malgré le fait que celle-ci se soit engagée dans une relation adultère avec le duc De Guise et qu’elle ait cédé à ses passions. Après lui avoir livré la lettre posthume de Chabannes, le prince propose à sa femme de faire table-rase sur ses torts. Il l’autorise également à aller voir de Guise même si cela marquerait la fin de leur mariage. Le fait qu’il lui fasse cet ultimatum laisse montrer qu’il lui laisse le choix, qu’il considère Marie comme son égal. Il est prêt à lui pardonner la tromperie, faisant preuve de tolérance et de maturité. Le prince de Montpensier est, dans l’œuvre de Tavernier, profondément épris de la princesse, contrairement au personnage de Mme de La Fayette qui n’est que jaloux et possessif. Il est aussi victime d’une passion intense et douloureuse envers sa femme ce que le rapproche des autres hommes qui sont tombés sous les feux de Marie. Il essaye tant bien que mal de se rapprocher de Marie, souvent en vain. En effet, lorsqu’il repart au front peu après leur mariage, il prononce un « adieu » neutre sans un geste, ainsi toutes ses tentatives pour exprimer son affection et son amour sont maladroites. De même, lorsqu’il rentre du front, il s’avance avec un sourire chaleureux vers la princesse et tente d’avancer une main vers elle. Mais, devant leur timidité mutuelle, il se rétracte.        Conclusion :   Le prince de Montpensier est, dans les deux œuvres, un personnage timide et peu habile dans les déclarations amoureuses, c’est pourquoi le lecteur comme le spectateur pourrait peiner à discerner les qualités dont il fait preuve, malgré de nombreux rivaux, qui semblent eux, plus expérimenté dans l’art de la séduction. Dans la nouvelle de Madame de Lafayette, le prince ne semble qu’être l’incarnation de la figure du mari jaloux, dénué de tous sentiments sincères et sains. C’est ainsi que le prince de Montpensier pourrait s’avérer être une figure d’opposition à la princesse et un obstacle à son épanouissement personnel et sentimental, c’est pourquoi il peut être défini comme un personnage antagoniste du récit. Madame de Lafayette le présente comme un homme froid, uniquement caractérisé par sa jalousie naturelle et sa violence, alors que Tavernier en fait un personnage touchant et maladroit mais aussi porteur de beaucoup de qualités, bien éloigné du premier personnage dépeint dans la préface de la nouvelle.  En effet le cinéaste lui accorde une place bien plus importante et développée à ce personnage, il nuance les différentes émotions qui le traversent durant l’histoire et plaide pour les sentiments authentiques que le prince pourrait ressentir envers la princesse, jonglant entre amour et jalousie. 
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« importantes durant les guerres de religion, il est notamment nommé commandant de l'armée royale.

Ses prouesses militaires lui permettent de se faire remarquer au cours de plusieurs batailles célèbres.   Loyal et dévoué à la famille royale, il séjourne à la cour où il est un fidèle partisan du roi Henri III et se rallie ensuite à son successeur Henri IV.

Fervent catholique, il refusera cependant catégoriquement de se joindre à la Ligue puisque cette dernière est dirigée par la famille De Guise.

L'Histoire sert alors la fiction puisque Madame de Lafayette reprend cette querelle entre De Guise et Montpensier et la met en scène dans sa nouvelle.

Ainsi, l'intrigue amoureuse arrive comme justification de réalités historiques avérées, non seulement concernant la rivalité des concurrents mais aussi quant aux déplacements des personnages rythmés par l'évolution des batailles. Rappel de sa position dans l'histoire :   Le prince de Montpensier est le mari de la princesse.

Il est donc celui qui, aux yeux de tous, devrait vivre une romance avec la princesse de Montpensier.

Il a en effet, dans le film comme dans la nouvelle, développé d'importants sentiments pour elle.

Seulement ces derniers ne sont pas réciproques, c'est de là d'où découle la complexité de l'affection que le prince porte à sa femme. Dès le début du livre, Madame de Lafayette dévoile les circonstances particulières du mariage des deux personnages.

C'est un mariage forcé, administré par les pères des deux personnages pour accroître leurs pouvoirs respectifs.

La princesse de Montpensier se voit contrainte de se marier avec un homme qu'elle ne connaît pas, et de quitter celui qu'elle aime.   Pourtant, à peine leur relation commencée, le prince est appelé à la guerre, un départ justifié car, comme il est signalé plus haut, le prince de Montpensier fut un personnage très important durant la guerre de religion.

S'ils avaient tous deux la volonté de faire fonctionner leur union, c'était sans compter la reprise des guerres de religion qui contraignent le prince à rejoindre le front. . »

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