Devoir de Philosophie

Phèdre acte 6 scène 6

Publié le 03/04/2011

Extrait du document

Phèdre étant mariée a Thésée, est amoureuse secretement  d’Hippolyte, le fils de celui-ci. Seule sa nourrice, Oenone, est au courant de cet amour interdit que porte Phèdre à Hippolyte.

 

    Ici, il sagit de l’acte IV, scène 6 du vers 1218 jusqu’au vers 1294. Cet extrait est composé de tirades de Phèdre. Elle s’adresse à Oenone qui est quasi spectatrice de l’épanchement de la douleur de celle-ci puisqu’elle ne prononce pratiquement aucun mot. Phèdre vient d’apprendre que l’homme qu’elle aime coupablement est à son tour épris d’une autre femme, Aricie.

 

   Il est donc question de démontrer quelles sont les réactions occasionnées par la passion de Phèdre, les grands mouvements de son cœur meurtri ainsi que de trouver quel procédé nous permet de saisir la violence intérieure qui se joue en elle et en quoi ce procédé continuel est-il important ?

 

   Dans un premier temps, les différents mouvements négatifs de la passion de Phèdre seront traités. Soit la douleur, la jalousie et l’impossibilité d’extraction face à la douleur.

   Et dans un deuxième temps, il faudra s’interroger sur les oppositions dans cet extrait ; soit les plus importantes ; la solitude de Phèdre face au couple, l’amour heureux opposé à l’amour malheureux et la volonté de détruire autruit en contradiction à l’autodestruction, l’autocondamnation.

 

Phèdre démontre indirectement sa douleur en décrivant Hippolyte comme une bête, un danger en utilisant un champs lexical porté sur les animaux. Cela traduit le revirement de ses sentiments et l’ammertume de sa blessure. En effet, aux vers 1220 à 1224, Phèdre utilise les mots « dompter », « ce tigre », « apprivoisé ». Elle montre ici qu’elle est blessée, elle le dénigre car il l’a fait souffrir.

    Phèdre commence sa première tirade au vers 1226 par une plainte, un constat d’un futur douloureux. En revanche il y a une confusion temporelle ; elle parle d’une douleur vecue en utilisant l’imparfait au vers 1227 « Tout ce que j’ai souffert » puis elle parle d’une douleur qu’elle vit à l’instant présent en utilisant le passé composé « A quel nouveau tourment je me suis réservée! » (vers 1227) et enfin d’une douleur future dont elle se prépare « Ah ! Douleur non encore éprouvée ! » (vers 1226). Il faut également souligné que Phèdre a un ton exclamatif comme pour  indiquer la nouveauté « Ils s’aiment !» (vers 1231).

   Il est important de relever l’allitération en « f » et en « r », des sons valorisants la douleur ; « souffert » « craintes » « transports » « fureur » « horreur » (vers 1228-29).

 

Phèdre continue sa tirade en se posant des questions désordonnées, elle a besoin de savoir, de comprendre ce qui lui a échapper. Il y a donc ici une ponctuation très présente par les exclamations et les interrogations ; « Comment ce sont-ils vus ? depuis quand ?dans quels lieux ? (vers1232), « Les a-t-on vus souvent se parler, se chercher ? Dans le fond des forêts allaient-ils se cacher ? » (vers 1235-36) . Ces questions sont réthoriques car Phèdre va y répondre par des suppositions qu’elle affirme ; « Ils se voyaient avec pleine licence » (vers 1237 ), « Ils suivaient sans remords leur penchant amoureux » (vers 1239). Ceci justifie qu’elle est déjà emportée par un élan de jalousie.

   Phèdre traduit le sentiment de jalousie comme le sentiment le plus insuportable à vivre. Elle l’exprime au vers 1253 « mortelle pensée ! ». Ce sentiment de jalousie est si fort que la simple pensée qu’ils s’aiment pourrait la tuer.

   Enfin au vers 1258 elle demande la pitié à Oenone comme pour l’entraîner dans son ressentit « prends pitié de ma jalouse rage » de plus il faut souligner l’association « jalouse rage ». Racine a ici combiné un adjectif négatif avec un nom négatif ce qui donne un aspect deux fois plus négatif.

 

Pour Phèdre la situation est irréversible, c’est un échec irrévocable ; même si un jour la liaison et l’amour qui unit Hippolyte et Aricie céssait, pour elle ça ne changerait rien ; « Non, je ne puis souffrir un bohneur qui m’outrage » (vers 1257). Phèdre voudrait s’échapper, pour elle il est impossible de survivre en étant témoin d’un tel bohneur. Elle cherche donc une issue. Elle s’interroge, réfléchit et répond  à nouveau à ses questions. « Où me cacher ? » (vers 1277). Phèdre arrive alors à une conclusion  peu réjouissante. En effet, il n’y a aucune possibilité de sortie car elle n’est ni la bien venue sur terre ni au ciel ni en enfer. « Le ciel, tout l’univers est plein de mes aïeux » dit Phèdre au vers 1276 puis « Fuyons dans la nuit infernale, Mais que dis-je ? mon père y tient l’urne fatale ».

   Phèdre est donc éffondrée, même la mort ne la sauverait pas.

 

Phèdre se sent seule face au couple, elle s’exclu elle même comme pour à nouveau attiré la pitié du spectateur par la phrase « Et moi, triste rebut de la nature entière ! » au vers 1241. De plus Phèdre utilise très souvent « je » pour parler d’elle et « ils » ou encore « eux » au vers 1240 pour parler d’Hippolyte et Aricie, ce qui démontre une fois de plus qu’elle parle d’eux comme un « groupe » et d’elle comme une personne à part entière. Elle marque un pluriel face à son « je » solitaire.

 

Il y a une claire opposition entre l’amour passionel, meurtrier de Phèdre et l’amour heureux, « léger » du couple. Cette opposition est marquée notamment par les termes « Tout ce que j’ai souffert » (vers 1228), « tourment que j’endure »(vers 1230 ) ou encore « Me nourrisant de fiel, de larmes abreuvées » au vers 1245. Il  est également important de noter l’oxymore au vers 1248 « funeste plaisir » qui s’oppose justement à cet amour heureux qui est mis en valeur par les termes « Ils s’aimeront toujours ! » (vers 1253) ou encore « Ils font mille serments de ne point se quitter » (vers 1256).

   Enfin Phèdre est dans l’ombre, elle sombre dans son chagrin comme le démontre le vers 1242 « Je me cachais au jour, je fuyais la lumière » alors que le couple est dans la lumière, lumière qui désigne cet amour florissant, cet amour libre comme au vers 1240 « Tous les jours se levaient clairs et sereins pour eux ! »

 

Il faut remarquer qu’au début de sa tirade Phèdre parle de sa douleur, la souffrance qu’Hippolyte lui inflige. Puis cette haine se transforme ; elle comprend qu’Hippolyte n’est pas la seule cause de sa souffrance. Alors sa haine se dirige vers sa rivale. Phèdre subit donc plusieur sorte de martyre ; d’abbord elle passe par une torture morale puis  par un sentiment d’effroi qui la pousse vers une envie de vengeance. Elle s’en prend donc à Aricie pour détruire le couple car elle n’a aucun moyen de s’en prendre à Hippolyte. « Il faut perdre Aricie » dit Phèdre au vers 1259. Ensuite Phèdre trouve une solution plutot ironique car elle décide de faire appel à son mari : « il faut de mon époux » (vers 1259) ou alors « Et Thésée est celui que j’implore » au vers 1265.

  Par la suite il y a un renversement totale de situation. Phèdre prend conscience de sa cruauté, elle culpabilise et est dégoutée d’elle même. Elle fait plusieurs métaphores physique pour représenter l’horreur de sa personne ; « dresser mes cheveux » (vers 1268), « mes homicides mains » (vers 1271). Elle fait un « auto-constat » ; « Misérable ! Et je vis ! » (vers 1273) ainsi qu’une auto-condamnation puisqu’elle décide que le seul échapatoire est la mort. Elle déduit donc que lorsqu’elle sera morte elle ira aux efers là où son père a pour rôle de décider du sort des morts. Elle commence alors à halluciner, à délirer car elle s’adresse à lui qui n’est manifestement pas là : « Que diras-tu, mon père, à ce spectacle horrible ? » (vers 1285) et pour renforcer l’idée d’hallucination il y a une répétition du verbe croire au vers 1286-87 ; « Je crois voir de ta main », « Je crois te voir ».

 

En conclusion la passion dans cette oevre de Racine est à la base d’un conflit ; en premier temps la potentielle liaison entre Phèdre et Hippolite est interdite car cela serai immoral puisqu’Hippolyte est le fils de Thésée qui est lui-même l’époux de Phèdre. Par la suite la morale n’a plus aucun rôle puisque l’amour interdit se transforme en amour impossible étant donné qu’Hippolyte en aime une autre ce qui déclenche la douleur et la violence. Ceci est un « conflit racinien » qui est spécifique à celui-ci et qui consiste à mettre en scène un personnage A aimant un personnage B qui  aime un personnage C.

   Cette passion est  une passion meurtrière et fait passer Phèdre par plusieurs étapes de souffrance. La jalousie étant la plus importante car c’est elle qui engendre la douleur, la vengeance et le suicide.

    Pour finir Racine utilise plusieurs comparaisons qui invitent le spectateur à la pitié, la compassion car il  dresse le désarroi de Phèdre contre le bohneur d’Hippolyte et Aricie. Ces comparaisons démontrent également les changements brutaux dans l’esprit de Phèdre.

   Ainsi Racine offre au spectateur une pièce et une scène dramatique en métant en scène l’adversité de Phèdre, une reine de la mythologie grecque.

 

 

 

 

 

 

 

Liens utiles