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Phèdre, les fureurs de la passion tragique

Publié le 01/08/2010

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OBJET D’ÉTUDE : le théâtre : texte et représentation  Un mouvement littéraire et culturel français et européen : le classicisme    Perspectives : Étude des genres et des registres  Étude de l’histoire littéraire et culturelle.  Étude de l’intertextualité et de la singularité des textes.    Problématique : En quoi la mise en scène est-elle une interprétation ? Dans quelle mesure Phèdre est-elle une tragédie classique ?    OBJECTIFS :  LECTURE / HISTOIRE LITTÉRAIRE  - Connaître les caractéristiques de la tragédie classique  - S’interroger sur l’évolution des formes théâtrales et sur les lieux théâtraux.  - Analyser la structure et les personnages de la pièce.  - Comprendre la notion de démesure / comprendre les caractéristiques du conflit racinien    ÉCRITURE / MÉTHODE  - Savoir analyser un sujet de dissertation  - Maîtriser l’organisation de la dissertation    MAÎTRISE DE LA LANGUE  - Connaître le vocabulaire spécifique au théâtre et à la représentation.  - Maîtriser le vocabulaire de la langue classique utilisé dans la pièce.    ÉTUDE DE L’IMAGE  - Être capable d’analyser des choix de mise en scène.    ORAL  - Savoir mettre en voix un texte théâtral en tenant compte des exigences de l’examen.  - Être capable de lire de manière fluide la langue classique.    CORPUS :  La pièce Phèdre en œuvre intégrale. (1677)    Lectures analytiques    1. Acte I, 1 et acte I, 3  2. Acte IV, 2    3. Acte IV, 6 v. 1218-1294  4. Acte V, 7    Documents complémentaires :  - préface de Phèdre par Racine    Analyse d’image :  - comparaison de différentes images de mise en scène de Phèdre    Études d’ensemble :  - Phèdre : une tragédie classique.  - structure de la pièce.    Activités :  - Mise en forme de fiches sur les différents types de théâtre    Évaluations :    - dossier-lecture sur Phèdre.      Séance 1 : HISTOIRE LITTERAIRE / METHODE  → Savoir analyser un sujet de dissertation  Support : - sujet de dissertation sur le mot « théâtral «    - « brainstorming « à propos du terme THEATRE.    L’adjectif théâtral a deux significations :  - dramatique, tout ce qui est en lien avec le genre du théâtre et sa représentation sur scène ;  - outrancier, excessif à la façon d’un comédien sur scène qui en fait trop (depuis le XIXème siècle).  Quels aspects de l’art théâtral permettent ce glissement de sens ?    - Le sujet invite à une explication du glissement de sens en s’intéressant aux aspects du genre théâtral.    - problématique : Qu’est-ce qui dans la représentation théâtrale peut engendrer des effets de grossissement, voire d’outrance ?    I] Le théâtre est le lieu des thèmes extrêmes  II] Le théâtre est le lieu d’un langage mis en scène  III] Le « grossissement « opéré par la mise en scène.     Recherche des idées : quelles pièces connaissez-vous qui mettent en scène des comportements spectaculaires voire outranciers ? :  - langage tragique de Phèdre  - mise en scène de situations extraordinaire. (Phèdre)  - langage : lieu de conflit.  - représentation d’événements violents dans le romantisme ou le siècle d’or. (Roméo et Juliette, Ruy Blas…)  - fonction du théâtre chez Aristote : purger les passions par la mise en scène des passions.  - tenir compte également des pièces vues par la classe.      Séance 2 : HISTOIRE LITTERAIRE  → Connaître les caractéristiques de la tragédie classique    Dans quelle mesure Phèdre répond-elle aux exigences de la tragédie classique ?    Règles de la tragédie classique Phèdre  règle des 3 unités lieu unique : non précisé. Trézène .  action simple : aveu, retour de Thésée, rôle d’Œnone, jalousie de Phèdre pour Aricie. Toutes les actions secondaires sont soumise à l’action principale.  unité de temps : 12 heures.  un sujet mythologique légende de Phèdre et de Thésée.  rappel de la généalogie des personnages.  vraisemblance  « Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable  Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable «  bienséance  « Mais il est des objets que l’art judicieux  Doit offrir à l’oreille et reculer de yeux « Phèdre n’accuse pas elle-même Hippolyte, c’est Œnone qui le fait.  Hyppolite a simplement désiré sa belle-mère et il n’est pas accusé de l’avoir violée.  → recours au récit pour ne pas choquer  « Ce que l’on ne doit point voir, qu’un récit nous l’expose «  récit de Théramène.  personnages nobles  niveau de langue soutenu  5 actes :  exposition  action / nœud de l’intrigue  conséquence du nœud  dénouement exposition : aveu des amours  annonce de la mort de Thésée  annonce du retour de Thésée  jalousie de Phèdre  mort de Hyppolite et de Phèdre.  provoquer terreur et pitié : catharsis    raisons de la passion amoureuse de Phèdre :  - punie de l’amour de sa mère pour un taureau blanc, que son père Minos a refusé de sacrifier à Poséidon  - pour punir Hyppolite lequel a refusé les avances de Aphrodite.  innocence de Phèdre ? combat son destin mais ne peut y échapper : fatalité tragique.    Séance 3 : LECTURE  → Comprendre la technique du commentaire comparé  → Se rappeler les caractéristiques de l’exposition  Support : - Acte I, 1  - Acte I, 3    Les scènes 1 et 3 sont deux scènes d’exposition : elles renseignent les spectateurs sur l’identité des personnages et la situation dans laquelle ils se trouvent, et elles mettent en place les éléments à partir desquels va se construire l’intrigue. Comment se construit une situation tragique ?    Élément de comparaison Acte I, scène 1 Acte I, 3  Deux scènes d’exposition  A) Mise en place de l’intrigue  - cadre spatio-temporel    - relation entre les personnages    - sur l’action à venir    B) Mise en place des caractères des personnages   Thésée : le personnage central de l’intrigue     Phèdre     Hyppolite    « Et quitte le séjour de l’aimable Trézène « v. 2  → lieu    - Hippolyte (fils de Thésée, le roi d’Athènes, et d’une Amazone) et Phèdre (épouse actuelle du roi et « fille de Minos et de Pasiphaé «, donc d’origine crétoise). Les relations entre Hippolyte et sa belle-mère semblent être teintées d’hostilité (v. 34 à 47).    - On ignore où se trouve Thésée et Théramène, gouverneur d’Hippolyte, l’a cherché dans toute la Grèce. Hippolyte s’apprête à partir à son tour pour tenter de le retrouver. Une inquiétude plane : serait-il mort ? (v. 19)  Théramène annonce la maladie de Phèdre v. 44-46  → Le spectateur subît une attente : attente afin de savoir quel la atteint Phèdre, attente de la situation de Thésée.    – Thésée est absent, mais les propos des personnages permettent d’en dresser le portrait : un héros vainqueur de monstres (v. 75 à 82), mais aussi un séducteur de femmes (v. 23 à 25 et v. 83 à 90).    caractérisée par son mal ainsi que par sa relation avec Hyppolite.    présenté comme un héros en devenir. Il s’oppose lui-même à son père victorieux.    « à Trézène amenée « v. 302    – Phèdre a eu des enfants de Thésée (v. 199 et 211).  – Œnone laisse entendre qu’il pourrait exister un conflit politique entre Phèdre et Hippolyte (v. 200 à 212), lié à la succession de Thésée.  – La nourrice Œnone est très attachée à Phèdre, depuis toujours (v. 230 à 236).    – La famille de Phèdre est à la fois prestigieuse : elle est petite-fille du Soleil (v. 169 à 172), et maudite, car elle est fille de Pasiphaé, coupable d’amours monstrueuses, et sœur d’Ariane, abandonnée par Thésée.  Phèdre caractérisée par son mal mystérieux. Dès la 1ère réplique elle apparaît souffrante physiquement.  étymologie de son nom : Phèdre= la brillante     Entre ces deux scènes d’exposition, la scène 2 a d’abord une fonction de transition : la scène 1 évoque le personnage de Phèdre et la scène 2 annonce son arrivée. Le discours d’Œnone qui ouvre la scène 2 développe les propos de Théramène sur l’état de la reine à la scène 1 (v. 42 à 45). L’attention du spectateur, alertée sur la reine à la scène 1, se focalise sur le personnage lors de la scène 2, avant même son entrée en scène.  Enfin, cette scène organise la double énonciation : les protagonistes de la scène 3 ne sauront rien des aveux d’Hippolyte (scène 1) et ceux de la scène 1 ne sauront rien de ceux de Phèdre (scène 3). Seuls les spectateurs disposent de toutes les informations (ils sont donc bénéficiaires de la double énonciation).    Deux scènes d’aveu  A) Le rôle des confidents  - On observe un parallélisme entre les scènes 1 et 3. Dans chacune, un personnage principal s’entretient avec son confident, qui le connaît depuis l’enfance :    - À chaque fois, le confident interroge le protagoniste sur ce qui motive sa décision, il pousse à l’aveu    - la mise en place d’un quiproquo    - la réaction contrastée des confidents    B) Des amours interdits  ces deux scènes contiennent l’aveu d’un sentiment amoureux, aveu qui dans les deux cas n’est pas directement formulé par celui qui éprouve ce sentiment, mais par le confident.    - des aveux contrastés    - des amours interdits        - Théramène et Hyppolite    pourquoi Hippolyte veut-il partir ?  Théramène ne cesse d’interroger Hyppolite. successions de question rhétorique v. 57-65 qui fint par « Aimeriez-vous ? « v. 65    - Théramène croit qu’Hippolyte fuit l’hostilité de Phèdre (v. 37 à 47)    - Théramène incite Hyppolite à mettre en aveu son amour.  Il le déclare amoureux et met en valeur son changement d’habitudes depuis quelques semaines :  « vous aimez, vous brûlez « v. 135    - Hyppolite refuse de s’appesantir sur ces sentiments. Il n’avoue pas véritablement son amour.    – Hippolyte, jusqu’ici réfractaire à l’amour, avoue à Théramène ses sentiments pour Aricie, (v. 56). Cette jeune princesse, prisonnière à Trézène, est la sœur d’ennemis mortels de Thésée, que ce dernier a tués. Le roi lui a interdit de se marier, de crainte qu’elle n’engendre des fils qui voudraient venger leur famille (v. 105 à 110).  Hippolyte souhaite quitter Trézène (scène 1) pour : partir à la recherche de son père (v. 1 à 7) ; fuir Phèdre (v. 34 à 36) – mais cette raison, à peine évoquée, est réfutée au v. 48 – ; fuir Aricie (v. 50). La fuite devant un amour interdit par le père relèverait plutôt du comportement d’un bon fils que de celui d’un héros. Mais cette fuite devant l’amour n’est pas tant due à la crainte de transgresser l’interdit paternel qu’au sentiment de ne pas être encore en droit d’aimer (v. 95 à 100). La recherche de son père pourrait alors être l’occasion pour lui de devenir un héros, ce qui lui donnerait le droit d’aimer.      - Phèdre et Œnone.    - pourquoi Phèdre veut-elle mourir ?  Œnone fait appel aux différents amours de Phèdre afin de la faire réagir, de la pousser à avouer :  - amour / respect des dieux  - amour conjugal  - amour maternel. (v. 197-199)  - chantage par rapport à sa fidélité.  accélération du rythme de la scène montre l’interrogatoire que subit Phèdre.    - Œnone croit que Phèdre déteste Hippolyte en tant que rival de ses enfants.    - Œnone réagit par l’effroi à la découverte du secret de Phèdre.    - Phèdre se complait dans cet aveu qu’elle ne peut s’empêcher de faire.  Il apparaît dès avant la révélation finale  v. 176-178 : aspire à voir Hyppolite, ce qui motive son désir de sortir malgré sa grande faiblesse physique.  v. 205 : réaction par un cri au son de son nom.    – Phèdre avoue à Œnone son amour pour Hippolyte, un amour mêlé de culpabilité qui est à l’origine de son mal.  mal qui prend une dimension physique : elle ne dort plus, ne mange plus (v. 191-194).  dimension morale : perd la tête v. 180  destin fatal, fatalité de son amour → rappel de son ascendance comme une malédiction à travers l’échange rapide de vers avec Œnone v. 249-259     Les deux personnages voient leur amour soumis à la présence et à l’absence de Thésée, sans lui tout devient possible, avec lui tout « conspire « au malheur. L’action est donc bien lancée à travers cette question de savoir ce que devient Thésée.  L’amorce de deux intrigues amoureuses pourrait laisser entendre que l’unité d’action ne sera pas respectée. Du point de vue des personnages, on pourrait penser qu’il y a deux actions parallèles : Hippolyte avoue qu’il aime Aricie, mais ignore tout de la passion de Phèdre ; cette dernière avoue qu’elle aime Hippolyte, mais ignore tout de la passion d’Hippolyte pour Aricie. En revanche, pour le spectateur, les deux situations sont liées puisqu’il sait qu’Hippolyte aime Aricie (et donc qu’il n’aime pas Phèdre) et que Phèdre aime Hippolyte (qui ne l’aime pas). Dès la scène 3, le spectateur sait donc que se met en place, non pas la conduite de deux passions parallèles, mais un seul conflit de passions : les deux histoires d’amour ne peuvent se développer séparément. D’autre part, ces deux amours sont sous le coup d’un interdit incarné par un même personnage, absent : Thésée. Dès le départ, l’unité d’action a donc sa clé de voûte : le roi. Après ces deux scènes d’exposition, le spectateur dispose de presque tous les éléments en jeu, à l’exception de deux : le roi reviendra-t-il ? Aricie répondra-t-elle à l’amour d’Hippolyte ? 11    Séance 4 : ANALYSE D’IMAGE  → Être capable d’analyser des choix de mise en scène  Support : - diaporama mises en scène    Pour chaque mise en scène :  - déterminez si possible la scène jouée, les personnages en présence.  - décrivez le décor : antique ? contemporain ? Interprétation.  - décrivez les costumes.  - décrivez l’attitude des personnages.      Séance 5 : LECTURE  → Comprendre la notion de démesure  Support : Acte IV, 2     Éléments pour l’introduction :  - Présentation de la pièce : Phèdre, femme de Thésée est passionnément éprise de son beau-fils Hippolyte. Suite à l’annonce erronée de la mort de son mari, elle lui avoue cet amour. Cependant, la mort de Thésée n’était qu’une rumeur inexacte et il revient déjà à Trézène, inquiet du retour qui lui est fait.  - Situation de l’extrait :  Au début de l’acte IV, on comprend que Œnone a calomnié Hippolyte, renversant la réalité : il aurait fait des avances à Phèdre. Dès la scène 2 la confrontation entre le père et le fils a lieu.  - Présentation de l’extrait :  La confrontation entre les deux hommes est importante. On pourrait s’attendre à ce que Hippolyte cherche à accuse Phèdre, mais devant l’horreur de l’aveu qui lui a été fait, il ne peut se résoudre à avouer à son père le déshonneur qu’il subit. Face à lui Thésée, pris de fureur, maudit immédiatement son fils, sourd à toutes ces explications.  - Problématiques :  En quoi l’aveuglement de Thésée est-il tragique ?  Comment se développe l’affrontement entre les personnages ?  Comment s’affrontent deux démesures ?    ] L’aveuglement de Thésée dans sa fureur  A) L’aveuglement de Thésée    Thésée se présente en tant que :  père (c’est en tant qu’homme bafoué dans son amour paternel qu’il parle)  époux (il se sent atteint dans son honneur conjugal)  roi (il prononce un bannissement hors de ses « États «)  héros (il se réfère à son glorieux passé de pourfendeur de monstres).    -Thésée rencontre Hippolyte encore furieux de ce que lui a dit Œnone qu’il ne remet jamais en cause.  - Thésée est sourd à tous les arguments proposés par Hippolyte : il n’en entend aucun.  - Il remet en cause dès la première réplique (en aparté). Met en valeur le décalage entre l’aspect innocent de son fils « noble maintien « v. 1035, « de la vertu le sacré caractère « v. 1038 et l’horreur de ce dont il l’accuse.  - accuse son ascendance : « reste impur des brigands dont j’ai purgé la terre « v. 1046  - refuse de voir la vérité face à l’aveu d’Hippolyte, il prend cela pour une ruse.  même la tentative de serment d’Hippolyte est vu comme une ruse.  - répétition de termes liés au mensonge : « trompé « v. 1036, « tu te feins criminel « v. 1128, « fausse « v. 1136  → incapacité de Thésée de sortir de son aveuglement. Caractéristique de la tragédie dans laquelle chaque personnage s’enferme dans son caractère.    B) L’expression de la colère  a) la colère humaine : la fureur de Thésée    - caractérisée par des insultes : « Perfide « v. 1044, v. 1142 ; « Monstre « v. 1045 ; « Reste impur des brigands dont j’ai purgé la terre « v. 1046 ; « traître « v. 1053, v. 1081, v. 1155 ; « un fils si criminel « v. 1056 ; « lâche « v. 1114 ; « un méchant tel que toi « v. 1148.  → Thésée insulte son fils en privilégiant la remise en cause de son honneur. Il met en valeur le caractère monstrueux de l’acte commis.  - importance du rythme et de la ponctuation  - l’accuse de le salir par procuration→ son crime est si grand qu’il l’entraîne dans son déshonneur (v. 1050 - 1058)  - mépris : utilisation du tutoiement (acte III : vouvoiement)    - une fureur telle qu’il le menace de le tuer : v. 1058-1059  - appel à l’exil : répétition de « fuis « mis en valeur par sa position en début de vers. (v. 1053, 1059, 1063)  « sors « v. 1055  « ôte-toi de ma vue « v. 1054    b) les imprécations    définition : C’est un appel à la colère divine contre quelque chose ou quelqu’un. Le personnage souhaite la ruine, le malheur ou la malédiction.    - Appel de Thésée à la colère de Neptune.  permet un rappel de ses actions héroïques passées.  met en évidence également l’importance du préjudice subie par Thésée : rappel de l’absence d’appel à Neptune pendant son emprisonnement.  passage d’une haine humaine (« ma haine « v. 1053, « un courroux « v. 1054) à celle de Neptune : j’abandonne ce traître à toute ta colère « v. 1074, « tes fureurs « v. 1076  « je t’implore « v. 1073 = « venge « v. 1073    La fureur de Thésée devient un aveuglement qui le pousse à maudire son propre fils. Il reste enfermé dans sa psychologie sans être capable d’écouter la défense d’Hippolyte. Celui-ci présente une défense inadaptée et inefficace.    II] La démesure d’Hippolyte : la foi en sa vertu  A) La défense d’Hippolyte    - réaction face aux accusations proférées par Thésée : silence stupeur : « un tel excès d’horreur rend mon âme interdite « v. 1078 ; « qu’ils m’ôtent la parole et m’étouffent la voix « v. 1080 → réaction physique empêche dans un premier la défense.    arguments utilisés par Hippolyte :  - « mais je supprime un secret qui vous touche « v. 1089  - « Examinez ma vie et songez qui je suis « v. 1092  - « quelques crimes toujours précèdent les grands crimes « v. 1093  - « Aricie à ses lois tient mes vœux asservis « v. 1123  - « Cependant Phèdre sort d’une mère,/ Phèdre est d’un sang, Seigneur, vous le savez trop bien/ De toutes ces horreurs plus rempli que le mien. « v. 1150-1152  → Du refus d’avouer à un aveu déguisé. Cependant Thésée refuse d’entendre les sous-entendus d’Hippolyte.    B) La démesure de la vertu    - défense inapproprié car elle ne prend pas en compte le caractère de Thésée.  Hippolyte met en valeur sa vertu : contraire de Thésée. Rappel de ce qui les oppose.  même chose quand il rappelle son ascendance : s’éloigne de Thésée.  - tirade d’Hippolythe le présente comme un personnage caractérisé par sa vertu.  jeu sur les antithèses : « timide innocence « / « extrême licence «  « mortel vertueux « / « lâche incestueux « « perfide assassin «  Hippolyte reprend les accusations de Thésée pour les détruire, il met de côté le caractère licencieux de Thésée.  - valorisation de son caractère vertueux : « j’ai poussé la vertu jusqu’à la rudesse « v. 1110  « Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur « v. 1112  - Thésée entend dans cette vertu mise en avant par Hippolyte, dans ce refus apparent de l’amour que celui-ci ne pouvait se contenter d’un amour moral : « une flamme innocente « v. 1118  Il met en évidence la démesure d’Hippolyte : « ce même orgueil, lâche, qui te condamne « v. 1114     Éléments pour la conclusion :  - bilan / réponse à la problématique : Hyppolite ne réussit pas à convaincre son père de son innocence. La fatalité poursuit son œuvre puisqu’elle laisse chacun s’enfermer dans ses erreurs. Hippolyte ne peut se laisser aller à dénoncer Phèdre et Thésée ne peut ouvrir les yeux. On assiste à l’affrontement entre ces eux hommes que tout oppose et tout rapproche. Ils sont père et fils mais aussi rivaux (amoureux selon Thésée) dans leur recherche de la renommée. Hippolyte ne peut contredire le héros aux milles exploits.  - ouverture : // Œdipe-roi ou Antigone laquelle continue d’enterrer son frère alors même qu’elle sait que cela va la conduire à la mort. Elle obéit à des lois supérieures aux lois humaines.    Séance 6 : LECTURE / MAITRISE DE LA LANGUE  → comprendre les caractéristiques du conflit racinien  → Maîtriser le vocabulaire de la langue classique utilisé dans la pièce  Support : - Acte IV, scène 6, v. 1218-1294, « la jalousie de Phèdre «.    Les héros raciniens et la jalousie :  Dans les affres de la jalousie, ils deviennent les bourreaux d’eux-mêmes.  1. LUCIDITE : discernement des raisons de souffrir, des nuances de la douleur.  2. IMAGINATION : cette douleur devient presque physique lorsqu’ils évoquent le bonheur partagé et dont ils sont exclus.  3. ORGUEIL : humiliation de se voir préférer une rivale (souvent inférieure) et de s’être abaissé dans un aveu inutile   La jalousie rend le héros racinien impitoyable pour son rival ET pour l’être aimé. Il veut faire souffrir autant qu’il souffre.    Le conflit racinien :  jalousie → retournement de l’amour → haine  → désir de vengeance.  L’âme jalouse est déchirée entre amour et haine.  La jalousie est toujours fatale à l’être aimé et à l’amante.     Éléments pour l’introduction :  Amorce : le conflit entre son amour et sa jalousie est récurrent dans les pièces de Racine.  Présentation de l’œuvre : Dans Phèdre, la jeune femme découvre l’amour de son beau-fils, qu’elle aime d’une passion fatale et Aricie l’ennemie héréditaire du royaume.  Situation de l’extrait : La nouvelle du retour de Thésée accable Phèdre au moment où elle espérait encore conquérir l’amour d’Hippolyte : elle est résignée à mourir. Mais, pour prévenir la colère de Thésée, Œnone accuse Hippolyte d’avoir attenté à l’honneur de Phèdre. Plein de fureur, le héros chasse son fils et supplie Neptune de le châtier. Phèdre, en proie au remords, vient disculper le jeune homme, et peut-être s’accuser ; mais elle apprend de Thésée lui-même qu’Hippolyte se prétend amoureux d’Aricie.  Présentation de l’extrait : Devant cette découverte la fureur jalouse de Phèdre se développe. Elle laisse éclater celle-ci qui passe par plusieurs phases avant de se retourner contre elle-même dans un accès de lucidité. Elle passe à la fois par une fureur envers les autres avant que celle-ci ne se retourne contre elle.  problématiques envisageables :  Comment Racine se sert il de la fureur de la jalousie pour faire progresser l'action tragique ?  Comment s’exprime le conflit tragique auquel est confrontée Phèdre ?  Comment s’exprime la fureur jalouse de Phèdre ?    I] Extérioriser la fureur  A) Exprimer la colère    - par l’incrédulité face à cet amour révélé.  ironie par rapport à la découverte de cet amour : « qui l’eût cru ? « : rappel du fait qu’H se présentait comme rétif à l’amour, se présente comme image de la vertu.    utilisation d’antithèses pour présenter H.    « farouche ennemi « v. 1220  « qu’on ne pouvait dompter « v. 1220  « ce tigre « v. 1222  « soumis, apprivoisé « v. 1223  « vainqueur « v. 1223      → mise en valeur de la domestication du cœur d’H par Aricie (opposition animalité/ domestication)    - par le recours à l’enquête. Phèdre veut savoir les détails de ce qui lui avait jusque-là échappé :  phrases interrogatives qui s’enchaînent : v. 1231 - 1236  questionnement sur les circonstances (temps, lieux, manière)  agressivité à l’égard d’Œnone soupçonnée de lui avoir caché cet amour (signe d’un début de délire interprétatif, v. 1233).    B) Par le désir de vengeance  - amour des deux jeunes gens considérés comme une provocation à son égard : « ils bravent « v. 1254, « un bonheur qui m’outrage « v. 1257    - saisie d’un désir de vengeance qui lui fait envisager d’y associer Thésée (délire de justice contre sa « rivale «, v. 1260-1261).  mise en valeur du « crime « d’Aricie  hyperboles pour le qualifier : « le crime de la sœur dépasse celui des frères « v. 1262    - appel à Thésée mais aussi à Oenone :  répétition de « il faut « v. 1259 =) utilisation du subjonctif présent.    La fureur de Phèdre s’extériorise de façon brutale jusqu’à imaginer demander la punition d’Aricie par Thésée. Elle prend aussi un aspect plus intérieur qui amène Phèdre à examiner sa douleur.    II] Se complaire dans sa souffrance  A) Expression de la douleur  = lucidité  vocabulaire désignant toutes les modalités de la souffrance : « douleur « v. 1225, « tourment « v. 1226, 1230, « souffert « v. 1227…;  insistance sur la nouveauté de cette douleur : « non encore éprouvée « l. 1225, « nouveau « v. 1226  intensité de cette douleur qui est supérieure : « n’était qu’un faible essai du tourment que j’endure « v. 1230  rappel des souffrances passées au travers d’une accumulation : (v. 1227-1228).  → Phèdre, malgré le rejet d’Hippolyte à la fin de l’acte II conservait un espoir. L’annonce de l’amour d’H pour Aricie a tué cet espoir et déclenché sa fureur.    - Phèdre se complaît presque à dépeindre son triste sort :  vocabulaire de la mort, de l’amertume, de la tristesse  précision dans la description de ses états d’âme : tristesse, certes, mais qui doit rester cachée  volupté de ces souffrances secrètes (oxymore : « funeste plaisir «)…  → Phèdre s’examine lucidement et, en même temps, s’attendrit sur elle-même.    B) Imaginer le bonheur des amants  = imagination  - répétition presque obsessionnelle de leur amour : « H. aime « v. 1219, « Ils s’aiment « v. 1231, « Ils s’aimeront toujours « v. 1252  → répétition et gradation de ce cri de leur amour, toujours positionné en début de vers montre la complaisance dans la souffrance dans laquelle s’enferme Phèdre.    - vers 1240-1250 et vers v. 1254 - 1256  opposition entre le malheur de Phèdre et le bonheur supposé des amants.  complicité du spectateur qui sait que Phèdre délire puisque l’amour d’H et d’Aricie vient à peine d’être révélé.    - (v. 1237-1238) : un parallèle entre l’innocence et la culpabilité.  Après une vision quasi hallucinée du bonheur supposé des deux amants – thème de la lumière, de l’innocence et de la liberté (« licence «) –, le texte marque l’opposition avec le statut de réprouvée de Phèdre (thèmes de la tristesse, de l’ombre, de la fuite, expression de la dévalorisation de soi).    Phèdre fait preuve de lucidité quant à son malheur mais devient de plus en plus insensé{e] « v. 1254 dans son expression. Elle se complait dans cette souffrance qui est la seule chose qui lui reste. Elle se complait dans son malheur jusqu’à avoisiner la folie.    III] Une fureur jusqu’à la folie  A) Culpabilité : entre folie et lucidité    - prise de conscience de la folie de ce désir (v. 1264)  redouble son sentiment de culpabilité (comment peut-elle implorer Thésée, envers qui elle est coupable, de « perdre « Aricie, ce qui la rend encore plus coupable à l’égard d’Hippolyte ?).  Sa culpabilité n’est pas forcément délirante : elle peut aussi la rendre violemment lucide sur ses propres contradictions (v. 1267 à 1272).    - Les derniers vers de la tirade (v. 1291 à 1294) sont comme un retour à la situation réelle, désespérée où se trouve Phèdre : constat d’une souffrance infinie et d’une culpabilité qui ne lui a jamais apporté de soulagement (comme si tout pardon était impossible).  → écho de la morale janséniste  fatalité/ malédiction attribué à une famille correspond pour un Racine janséniste à la figure de la transmission du péché originel.  Le héros racinien n’est pas libre mais se juge responsable de ses actes. (=fatalité interne de la passion)  Phèdre aspire au Bien et succombe au Mal. C’est une juste à qui a manqué la Grâce.    B) les hallucinations  - évocation du Soleil→ délire hallucinatoire, où l’univers entier la juge et où, imaginant de fuir aux enfers, elle y retrouve la figure de son père, juge s’il en est.  phrases courtes, les interrogations, les exclamations, et la précision terrible de sa vision des enfers (« urne terrible «, « supplice nouveau «, « sang «, « bourreau «) qui expriment le trouble profond de la raison de Phèdre (v. 1277 à 1290).  hypotypose.    - La tirade s’achève sur une note désespérée : désir de mourir (qui n’a pratiquement jamais cessé depuis le début de la pièce), après le constat d’une vie gâchée (v. 1294).     Éléments pour la conclusion :  - bilan / réponse à la problématique : Dans cette scène, Phèdre apparaît dans une solitude extrême. Seule, se sentant abandonnée et persécutée par tous, humain et dieux, menacée de folie, elle atteint le paroxysme du héros tragique. Sa fureur dû à sa jalousie laisse peu de place à la raison et va l’amener à se taire, laissant Hippolyte affronter une mort certaine. La jalousie est fatale à la fois à l’être aimé et à l’amante, plus rien ne peut désormais les sauver de cet enchaînement tragique.  - ouverture : Cette fureur de Phèdre n’est pas sans rappeler l’aveuglement dans lequel s’enferme Thésée, refusant même seulement d’écouter son fils, blessé qu’il croit être dans son honneur de père, de mari, de roi.      Séance 6 : LECTURE  → Analyser le dénouement de la pièce.  → Analyser les personnages de la pièce.  Support : - Racine, préface de Phèdre  - Racine, Phèdre, V, 7  - Racine, Phèdre, mise en scène de Patrice Chéreau au théâtre de l’Odéon, 2003    Caractéristiques du dénouement dans la tragédie :  - il doit être nécessaire (ni hasard, ni événement inutile)  - il doit être complet (toutes les intrigues doivent être résolues)  - il doit être rapide (accélération de l’action)    Le dénouement conduit à la catastrophe, dernière des quatre parties de l'œuvre, où le héros reçoit sa punition, généralement funeste.    - Lecture de la préface afin d’enrichir la compréhension de la pièce et des intentions de Racine.  caractère de Phèdre → « toutes les qualités qu’Aristote demande dans le héros de la tragédie, et qui sont propres à exciter la compassion et la terreur. «  Phèdre « ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente «  → subit la malédiction des Dieux  → laisse accuser Hippolyte  → avoue son amour à Hippolyte  inscription dans la suite des anciens : sujet repris d’Euripide. Respect de la Poétique d’Aristote. Personnage d’Aricie présent chez Virgile. Respect de la vie de Thésée selon Plutarque.  respect de la bienséance : pas d’accusation claire de viol, pas de calomnie de la part d’une Princesse.  théâtre doit être une école de la vertu.    - visionnage de la scène dans la version de Chéreau.  Remarque : une partie du texte n’est pas joué→ éléments trop XVIIème ?     Éléments pour l’introduction :  Amorce : La tragédie classique a un but moral. Ainsi dans sa préface à Phèdre en 1677, Racine écrit-il que les auteurs de tragédie doivent avoir pour but « de song[er] autant à instruire [les] spectateurs qu’à les divertir «  Présentation de l’œuvre : C’est ce qu’il revendique d’avoir fait dans Phèdre. Il met ainsi en place un personnage qui « regard[e] avec autant d’horreur que le crime même « que « la pensée du crime «. En effet, Phèdre, femme de Thésée est passionnément éprise de son beau-fils Hippolyte. Suite à l’annonce erronée de la mort de son mari, elle avoue son amour à H. Cet aveu, au retour de Thésée la pousse, par peur, à laisser sa confidente accuser H. Celui-ci meurt de la colère de Thésée.  Situation de l’extrait : À la scène 7 de l’acte 5, Thésée vient d’apprendre par le récit de Théramène la mort de son fils. Phèdre arrive à son tour. À la scène 5, Panope avait annoncé la mort d’Oenone et la folie de Phèdre. Celle-ci réapparaît après son absence du Vème acte. Elle n’est plus montée sur scène depuis sa folie jalouse. Il y a donc un effet d’attente pour le spectateur qui se demande ce qu’elle va dire.  Présentation de l’extrait : Thésée est empli de doutes quant à la culpabilité de Phèdre. Il préférerait ne pas savoir. Phèdre lui avoue cependant ses fautes. C’est son troisième et dernier aveu, le plus grave puisqu’il la rend coupable d’adultère aussi bien que d’inceste. Le dénouement s’achève donc sur Phèdre qui prononce elle-même son oraison funèbre.  problématiques envisageables : Ce dénouement est il complet ?  Ce dénouement correspond-il aux règles de la tragédie ?  Que nous apprend ce dénouement sur les caractères des personnages ?  En quoi ce dénouement répond il aux caractéristiques attendues ?  Dans quelle mesure, dans ce dénouement les personnages s’enferment-ils dans leur caractère ?    I] Thésée : entre aveuglement et héroïsme  A) S’aveugler  - refus de la part de Thésée d’accepter la culpabilité de Phèdre car elle signifie sa propre culpabilité.  Elle augmenterait sa souffrance.  champ lexical de la mort : « sans vie « v. 1594 (euphémisme), « il est mort « v. 1597, « sa perte « v. 1598, « son trépas « v. 1601  → Répétition a pour but de montrer la douleur de Thésée, est aussi une expression de sa culpabilité, de son incapacité à croire à cette mort qu’il commence à deviner injuste.  registre pathétique : « à mes pleurs « v. 1601, « ma juste douleur « v. 1603, « mon malheur « v. 1604, « mon supplice « v. 1610, « pleurer « v. 1613  → Mise en valeur de la souffrance une fois que la mort a été répétée.    - moyens d’échapper à cette souffrance  v. 1602  - désir de fuite pour échapper à Phèdre  « Laissez-moi, loin de vous et ce rivage, / De mon fils déchiré fuir la sanglante image « v. 1605-1606  « De l’univers entier je voudrais me bannir « v. 1608    - rejet de sa gloire. v. 1610-1613  → La souffrance de Thésée est augmentée par sa gloire.    B) Le jouet des Dieux et du destin  - champ lexical de la justice : « injuste ou légitime « v. 1598, « criminel « v. 1600, « accusez « v. 1600, « mon injustice « v. 1609, « injuste silence « v. 1617, « innocence « v. 1618,  → champ lexical dominant dans le discours des deux personnages. Il désigne H. lequel a subis l’injustice du fait du silence de Phèdre et de la colère de son père : double culpabilité.    - Ironie tragique : le père a tué son fils innocent sur les dires d’une coupable.  notée par une oxymore « faveurs meurtrières « v. 1613, « funeste bonté « v. 1615 → La faveur demandée à Neptune et accordée par celui-ci s’est retournée contre le père.  → Les personnages semblent forcément le jouet des Dieux.    C) Un personnage qui retrouve sa grandeur dans le dénouement  la dernière réplique de Thésée lui permet de reprendre le statut de Roi et de héros.  Il réhabilité Hyppolite  Il met en avant la place des ancêtres  Il prône la réconciliation avec Aricie ce qui rend complète la réhabilitation du fils puisqu’il pardonne sa faute.  Retour du personnage à l’action : répétition de « Allons « v. 1647, 1649. Le personnage n’est plus simplement le jouet des Dieux, il reprend sa place dans l’action.  Reconnaît ses torts : grandeur du personnage tragique.    Le personnage de Thésée intervient peu en tant qu’actant dans la pièce. Il est, certes, le nœud autour duquel l’action s’est cristallisée mais il apparaissait surtout comme un héros sur le retour dont la gloire était fanée. Dans ce dénouement, Racine lui donne l’opportunité de retrouver sa place de héros en pardonnant à Aricie et en réhabilitant la mémoire ternie de son fils. Il sort grandi de cette épreuve car il a su accepter ses erreurs.    II] Le dernier aveu de Phèdre  A) Un aveu nécessaire    Dès le début Phèdre se sait coupable, et ce n'est pas sa culpabilité qui fait problème, c'est son silence : c'est là qu'est sa liberté. Phèdre dénoue ce silence trois fois : devant Oenone (I, 3), devant Hippolyte (II, 5), devant Thésée (V, 7). Ces trois ruptures ont une gravité croissante ; de l'une à l'autre, Phèdre approche d'un état toujours plus pur de la parole. La première confession est encore narcissique. Oenone n'est qu'un double maternel de Phèdre, Phèdre se dénoue à elle-même, elle cherche son identité, elle fait sa propre histoire, sa confidence est épique. La seconde fois, Phèdre se lie magiquement à Hippolyte par un jeu, elle représente son amour, son aveu est dramatique. La troisième fois, elle se confesse publiquement devant celui qui, par son seul Être, a fondé la faute ; sa confession est littérale, purifiée de tout théâtre, sa parole est coïncidence totale avec le fait, elle est correction : Phèdre peut mourir, la tragédie est épuisée. Il s'agit donc d'un silence torturé par l'idée de sa propre destruction. Phèdre est son silence même : dénouer ce silence, c'est mourir, mais aussi mourir ne peut être qu'avoir parlé. Avant que la tragédie ne commence, Phèdre veut déjà mourir, mais cette mort est suspendue : silencieuse, Phèdre n'arrive ni à vivre ni à mourir : seule, la parole va dénouer cette mort immobile, rendre au monde son mouvement.    Roland Barthes, Sur Racine  L’aveu de Phèdre à Thésée avait déjà été annoncé pour l’acte IV, mais Thésée lui apprend l’amour d’H. pour Aricie, ce qui pousse Phèdre à se taire encore.  Après la mort d’H., celle de Phèdre est désormais nécessaire afin que l’action puisse se clore.    - Cet aveu permet à Phèdre de réhabiliter H. « chaste et respectueux « v. 1623, « la vertu « v. 1634  - Elle permet la mort de Phèdre.    A) Un aveu mensonger  Phèdre ment en partie à Thésée et se dédouane de sa responsabilité.    évolution dans son aveu :  « C’est moi qui… « v. 1623  « Le ciel mit dans mon sein « v. 1625  « Œnone a conduit tout le reste « v. 1626    termes péjoratifs pour désigner Œnone : « la détestable « v. 1626, « la perfide « v. 1628  champ lexical de la passion : « flamme « v. 1625, « fureur « v. 1627, « un feu « v. 1628, « mes brûlantes veines « v. 1637, « vœu « v. 1650.  → L’aveu initial conduit ensuite à un rejet de sa faute sur les Dieux et sur Œnone. Cela témoigne du paradoxe de Phèdre « ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente « (préface de Phèdre)  Elle avoue sa faute mais ne peut s’empêcher de trouver d’autres coupables.    - Un aveu partiel  Elle oublie de dire à Thésée qu’elle a avoué à H. son amour pendant son absence, cela lui ôte une faute : il ne la sait pas adultère.  → C’est parce qu’elle a avoué don amour à H. qu’elle s’est rendue coupable… c’est probablement pour cela qu’elle néglige cet aspect lors de ce dernier aveu.    A) … une mort tragique  La mort de Phèdre est en direct, ce qui a pu choquer dans la mesure où la bienséance ne l’autorisait pas vraiment.  Cependant, la mort de Phèdre n’est pas violente et elle survient sans aucune effusion de sang.    - on suit la progression de sa mort  description des progrès du poison.  Passage au présent plus participe présent « expirant « v. 1640 + « déjà « v. 1639, v. 1641 : rapidité/ accélération de la mort.    - La mort de Phèdre correspond à la fois à son châtiment et à sa rédemption.  Opposition obscurité / Lumière  retour de la pureté : dernier mot de Phèdre.     Éléments pour la conclusion :  - bilan / réponse à la problématique : Les deux personnages semblent tout à fait correspondre dans cette dernière scène au caractère qu’ils ont développé tout au long de la pièce. Thésée reste d’abord définit par son aveuglement mais la mort de Phèdre et son aveu le pousse à reprendre sa place de roi. Phèdre quant à elle reste jusqu’au bout « ni tout à fait innocent, ni tout à fait coupable «. Elle avoue sa faute mais la déguise. Elle meurt purifiée, enfin, après avoir recherché pendant toute la pièce le Bien mais avoir fait le mal.  - ouverture : On peut comparer ce dénouement à celui d’Œdipe-roi dans lequel le personnage finit par oublier sa fureur lorsqu’il comprend son crime. Il décide alors de se bannir de la cité, de s’appliquer le châtiment qu’il avait promis au responsable de la peste qui s’est abattue sur Thèbes. Le héros tragique grandit dans le dénouement en devenant responsable de ses actes.     Oral : Réorganiser les éléments du commentaire pour répondre à la problématique suivante  Quelles sont les caractéristiques de ce dénouement ?

« Ce 1er argument qui critique la notion de fidélité, une notion respectée par ses contemporains qui montre bien laposition de libertinage. Etude détaillée du 2ème axe : 2ème argument qui montre que Don Juan est sensible surtout à la beauté physique des femmes.

Champ lexical de labeauté prépondérant : « une belle », « beau visage », « beauté ».

Beauté = principale responsable de sa positiond'infidèle « pour moi la beauté me ravit partout où je la trouve ».Il assume sa position même s'il continue quand même à généraliser les effets de la beauté sur les hommes « ravit »,« douces violences » beauté = magie (« entraîne ») irrésistible dont il est la victime mais une victime consentanteà cette magie magnifique.

Chez lui, c'est une véritable obsession puisque peu importe la condition sociale de lafemme.

Elle est multiple puisque pour Don Juan chaque femme a une certaine beauté.

Don Juan se révèle êtreesthète (qqn qui aime la beauté).

« aimable » digne d'être aimé, « généreux » générosité dans l'amour qui semanifeste par l'hyperbole « dix mille » = rêve de puissance qui rejoint le rêve ubiquité (être à plusieurs endroits à lafois, un vieu rêve de l'humanité).

Mégalomane (surestimation de soi) = Don Juan.

Don Juan en manifestant ainsi tousces aspects, donne l'impression qu'il veut le bonheur des autres, des femmes en particulier.

Il veut faire croire qu'ilest attentif aux autres.Autres maxime : « tout le plaisir est dans le changement ».

Don Juan dit que la notion de plaisir est la plusimportante.

Pour que le désir subsiste, il faut changer de femme.

Il ne lutte pas contre ces « charmesinexplicables ».

2 x « charme » magie, envoûtement qui l'intéresse.

Don Juan fait donc l'éloge de la beauté de lafemme en véritable esthète ce qui montre qu'il a une sensibilité presque artistique, ce qui fait qu'il aime sanssélection. Etude détaillée du 3ème axe : « à combattre », « à voir »Il utilise des phrases complexes = montre que sa stratégie est complexe (L 65-73).

Don Juan utilise une phrasecomplexe pour décrire notamment le processus de séduction qu'il met en place : beaucoup d'infinitifs, dans unestructure presque anaphorique (« à »).

Cette complexité traduit l'ampleur de la tâche, qui est menée comme unvéritable combat, il généralise cette stratégie par des pronoms « on », « nous », « nos ».

Ce qui montre qu'il faitcomme si découvrait un comportement commun à tous les hommes.

On note aussi qu'il va insister sur le champlexical du combat : « combattre », « rendre les armes », « résistances », « conquêtes », « vaincre »…Ce vocabulaire militaire montre que Don Juan se positionne en guerrier, en soldat.

Femme = objet, territoire qu'ilveut conquérir.

Traduit le désir de domination qui taraude Don Juan.« cent hommages » = hyperbole.

Il explicite toutes les armes qu'il utilise dans son combat : « hommage », « lestransports » = exaltation amoureuse, « les larmes et les soupirs » = n'hésite pas à pleurer = comportementhypocrite.

Pour qu'il trouve de la douceur dans ce combat il faut que se soit lent, difficile, ce qui stimule Don Juanc'est la résistance ( x2)L 71 : « petite résistance » = qui cèdeL 80 : « résistance »mais pas une résistance superficielle.

Résistance d'une âme pure.

Plaisir de se heurterà une personne qui va contreelle-même, qui a de la pudeur « l'innocente pudeur d'une âme qui a peine à rendre les armes ».

Plaisir = conquérir.

Laconquête doit être difficile, un obstacle pour attiser son désir.

« la mener prudemment là où nous avons envie de lamener » = périphrase, euphémisme.

Son but = avoir une relation physique avec la femme.

Comportement deprédateur qui va jusqu'au bout.

« mais » = montre une rupture = indique la fin d'un combat exaltant + fin du désirpour Don Juan.

On note que de nouveau on a à faire à une phrase complexe.

La consommation amène le videintérieur « plus rien » répétition.

Dimension presque métaphysique (positionnement par rapport au bien et au mal)une position qui rejoint celle de Blaise Pascal.

Pascal qui dit qu'on a besoin de stimulants pour vivre.

Antithèse =endormons ≠ réveiller.

2 étapes ≠, deux états extrêmes.L'intérêt de sa vie réside dans l'émotion, l'exaltation devant une nouvelle conquête , 3ème fois le mot «charme ».« charme » = magie.

Confirme son désir de puissance en se comparant avec beaucoup d'orgueil de vanité à desconquérants = comparaison valorisante.

« victoire en victoire » = admiration devant ces personnages.

Le ton esttrès superlatif, (=qui exprime une qualité portée au plus haut degré) hyperbolique ce qui donne même un aspectcomique à sa position, il montre qu'il est mégalomane (=Affecté de mégalomanie, folie des grandeurs) et fanfaron(=Qui fait le brave, qui exagère sa bravoure).Alexandre + grand conquérants de l'histoire, sourire devant l'audace = ose comparer ses conquêtes amoureuses auxconquêtes d'Alexandre = pathétique.Son souhait final = excessif.

Poète = doux rêveur.Lyrisme dans cette fin de discours = hyperbole = « pour aimer toute la terre », « d'autre monde ».

Désir démesuré il donne une image, sans le vouloir, de n'être jamais satisfait, toujours inconstant, jamais heureux.

Fuite perpétuelle.Don Juan rêve, il est poète…Fuite perpétuelle, il est instable… Conclusion : Nous avons vu à travers cette étude que Don Juan maîtrise parfaitement l'art du discours oratoire, ces argumentssont donnés sur un ton sûr et convainquant.

Il critique tout d'abord la notion de fidélité en montrant les aspectsnégatifs et compare la fidélité à la mort.

Il fait l'éloge de la beauté féminine et assume sa position de libertin.

Enfin il. »

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