Devoir de Philosophie

« Philosopher c'est secouer le joug de l'autorité »

Publié le 23/11/2010

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La métaphore évoque le passage de l’obscurité de la nuit à la lumière d’un jour nouveau, c’est-à-dire d’une société qui repose sur la tradition et la référence aux textes sacrés à une société qui privilégie la connaissance rationnelle et l’esprit critique.

César Dumarsais pédagogue, grammairien (1676-56) définit le philosophe dans un article de l’Encyclopédie. Intellectuellement, c’est un homme qui ne se fit qu’à sa raison « la raison est à l’égard du philosophe ce que la grâce est à l’égard du chrétien « L’esprit philosophique est donc un esprit d’observation et de justesse qui rapporte tout à ses véritables principes. C’est un homme qui aime vivre en société, « un honnête homme qui veut plaire et se rendre utile «. C’est un homme honnête et responsable, conscient de ses devoirs envers la société  « Le philosophe est jaloux de tout ce qui s’appelle honneur et probité « . La société civile est, pour ainsi dire, une divinité pour lui sur terre.

 

Nous allons chercher à savoir si cette définition met en relief la littérature des Lumières; si elle approfondit  la réflexion et si elle repose sur la raison en repoussant les contraintes ainsi que l’autorité politique et religieuse. Dans un premier temps nous chercherons à déterminer dans quelle mesure les politiques ont remit en cause l’autorité puis en seconde partie comment les politiques restent traditionnelles.

Tout d’abord il y a une remise en cause de l’absolutisme, critique de Louis XIV, rejet de la monarchie absolue. Dans  de Denis Diderot  il lutte contre la monarchie absolue en effet le champs lexical de la violence est présent: les termes « la force « , «le joug « , « le tyran «  révèle une forme de gouvernement rejeté par Diderot. Pour lui « la loi du plus fort « s’apparente d’avantage à une loi animale ou une succession de tyran écrase le peuple sans une once d’humanité. De plus il qualifie le roi de « pauvre créature « , ce qui signifie que le roi est un homme sans essence divine comme le souligne le groupe nominal « le vrai Dieu « qui s’oppose logiquement à un faux Dieu. Le pouvoir du roi est donc pour lui un mensonge. D’autre part son pouvoir est illégal, le champs lexical de la justice est présent dans ce texte; le pouvoir royal est qualifié  «d’usurpation«. Le pouvoir est illégal comme l’indique la répétition du mot « crime «. L’hyperbole, « un crime de lèse majesté divine au premier chef « conclut le texte et renforce la conviction de Diderot sur l’illégitimité de ce pouvoir. Pour Diderot l’autorité est fondée sur le consentement , fixée par un cadre juridique: la succession des propositions subordonnés relatives « qui en rendent un usage légitime, qui la fixent et la restreignent entre des limites «, permettent d’annoncer la création de loi ou d’une constitution qui viendrai limiter le pouvoir royal. En outre le peuple doit être conscient et actif: par les antithèses « raison « qui s’oppose à « aveuglément « et « mesure «  à «sans réserve« Diderot oppose 2 attitudes du peuple, l’une servile et l’autre critique, cette proposition rappelle la définition du philosophe Kant. Aussi par la répétition du mot « cérémonial « l’homme doit séparer les actes collectifs de la pensée individuelle, les cérémonies permettent à l’homme de faire partie d’un groupe d’une communauté mais celui-ci doit toujours être maître de lui et prendre ses propres décisions.

D’une part il y a une remise en cause d’un ordre social fondé sur l’absence de liberté, Beaumarchais, dans « le monologue de Figaro « de Le mariage de Figaro revendique la liberté d’expression (son œuvre en 1783 a été interdit par le roi). Figaro revendique la liberté d'expression par les écrits, par le champs lexical de l’expression écrite de l’opinion : « sottises imprimées «, « journal inutile « Il dénonce des injustices sociales: l’indignation et la colère de Figaro prédominent, les phrases exclamatives marquent une forte émotion et relève une forte colère du locuteur. Les nombreuse énumérations renforcent cette colère « la Sublime-Porte, la Perse, une partie de la presqu'île de l'Inde, toute l'Égypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d'Alger et de Maroc«. De même l’émotion de Figaro est rendu visible dans les interruptions marquées par des points de suspensions, l’utilisation d’expressions familières comme « chien de chrétien « ont aussi vocation d’exprimer la colère de Figaro. De plus Beaumarchais n’hésite pas à montrer la misère des classes inférieurs de manière réaliste. En 1er lieu elle est visible physiquement « mes joues creusées « et à des conséquences concrètes « mon terme était échu «. . Le dénuement du peuple est amplifié par le lexique de la richesse « argent « qui provoque un sentiment d’injustice et de disproportion. Pour finir le monologue de Figaro ne se contente pas de peindre les souffrances du peuple. Il cherche également à mettre en cause une société qui ne l’aide pas et qui le pousse dans la misère. Malgré les efforts honnêtes de Figaro pour s’en sortir, son rêve et ses activités sont rapidement balayés. Ainsi les expressions « derechef «, on le supprime « matérialise une rupture qui suit des efforts évoqués dans de longues phrases. Ceci illustre l’inégalité sociale. Figaro critique une société qui ne reconnaît pas l’importance du savoir ou la compétence professionnelle est complètement inutile. En effet Figaro a constamment changé de métier. Cette critique vise particulièrement la condition de l’écrivain, comme le suggère le champs lexical de la littérature. L’arme qui fait de ce texte une véritable dénonciation reste l’ironie dans l’antiphrase « douce liberté « qui joint la liberté et l’interdiction. L’aspect totalitaire de la censure est dénoncé de façon comique car on peut écrire sur les domaines généraux: autorité, culte, politique, moral ainsi que sur leur représentant. La censure est extrêmement rigoureuse comme le souligne l’expression imprécise « personne qui tienne à quelque chose « soit personne tout court. 

D’autre part les politiques dénoncent l’esclavage. Voltaire dénonce le principe de l’esclave dans Candide, plus particulièrement le passage avec le nègre de Surinam, qui insiste sur la condition misérable des esclaves. Candide découvre progressivement une réalité « horrible «, cet adjectif est en début et en fin d’extrait, ce qui explique le jugement de valeur du personnage principale. L’émotion du lecteur résulte de la description des mutilations « il manquait à ce pauvre homme, la jambe gauche et la main droite «. Le registre pathétique s’explique par l’adjectif « pauvre «. C’est donc un rapport symbolique qui s’établit entre un homme libre, debout et un esclave, immobile. Voltaire dénonce une misère intellectuelle, l’inconscience coupable des parents et la perte de la culture africaine (langue et religion). L’esclave adopte une attitude passive, une résignation, « j’attends mon « maître «. Par le pronom personnel « nous « il devient porte parole des esclaves. Voltaire présente aussi une misère morale, l’esclave a été trahi par ses parents et la comparaison  « les chiens, les singes et les perroquets sont milles fois moins malheureux que nous « montre son désarroi, il prend du recul par rapport a sa situation, la distance entre l’esclave et le maître est accentué car l’esclave n’est même pas considéré comme un animal. Ce passage dénonce aussi les organisations du trafic, tous les hommes doivent se sentir concernés par cette horreur. L’esclave fait un raccourci ironique, « c’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe « qui résume l’horreur de la situation.

  Pour finir il y a une remise en cause de l’obscurantisme religieux, la religion étant une source de violence. Le traité sur la tolérance à l’occasion de la mort de Jean Callas « prière à Dieu «  est un manifeste déiste de la tolérance . Le 12 octobre 1761, Marc Antoine Callas, fils aîné d’un commerçant est trouvé pendu dans le magasin de son père, l’enquête est faussée des le dès le début par un préjugé anti-protestant: la rumeur publique veut que Marc Antoine ait décidé de se faire catholisé et que ses parents l’aient tué pour cette raison. Jean callas est condamné a mort sur la roue. Voltaire nous donne une représentation très pessimiste de l’homme, une sorte de réquisitoire, un discours qui accuse quelqu’un, en énumérant ses fautes, ses imperfections.

Il dresse un tableau de la misère de la condition humaine : on observe une disproportion entre la grandeur divine et la faiblesse « des créatures perdues dans l’immensité «. Cette disproportion reprend le thème des 2 infinis de Balise Pascal. Voltaire passe en revu toutes nos infirmités, surlignées par les adjectifs dépréciatifs « nos débiles corps «, « nos langages insuffisants «. La préposition « entre « répétée 6 fois et la répétition de « petit « accentue une infirmité. De plus l’homme est victime de divers oppressions : l’homme subit une oppression morale et religieuse « la tyrannie exercée sur les âmes « est une oppression économique et politique, prouvé par l’outil de comparaison « comme « qui met sur le même plan l’horreur et l’exécration puis la tyrannie et le brigandage. Enfin Dieu est lui même « égratigné « par Voltaire: Dieu a tout « donné «; sa « bonté « nous a donné cet instant or cet instant est un fardeau car la vie est pénible et passagère. Ce n’est donc pas un Dieu provisoire qui ferait aux hommes le don de la vie. Il vise aussi l’intolérance catholique, Voltaire évoque le latin d’Église que la masse des fidèles ne comprend pas « un jargon formé d’une ancienne langue «. Il fait la satire des hauts dignitaires de la hiérarchie catholique, mais surtout de leur bien temporel, de leur terre et de leur or. Les périphrases dépréciatives « petite parcelle d’un petit tas de la boue « pour designer la propriété. De même les hommes sont assimilés a leur vêtement « l’habille est teint en rouge ou en violet «. Ce qui signifie qu’ils sont superficiels, satires: provoque l’indignation qui fait rire au dépend de ce qu’on dénonce. L’auteur lance un appel pressant et solennel à la tolérance religieux et par delà à la tolérance universelle: les hommes sont frères, ce qui est souligné par le ton emphatique avec le subjonctif de souhait « puisse «. La demande de Voltaire n’est pas exigeante comme l’indique l’infinitif « supporter « et la litote « ne déteste pas «. Il appelle à la réciprocité comme le montre l’adverbe « mutuellement «.  Il demande l’égalité religieuse comme l’indique les mots de la même famille d’égalité « qu’il soit égal « donc c’est la liberté des consciences qui est prônée et le rejet de toutes formes de persécutions.

 

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