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Politiques culturelles de l'Öresundsregion

Publié le 19/01/2015

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Constitués en 1993, l'Öresundskomitee et l'Eurorégion de l'Öresund sont les fruits d'un véritabledésir politique et économique de relier physiquement et symboliquement les régions danoises etsuédoises présentes des deux côtés du détroit de l'Öresund (Hornskov 2007:321). Depuis leur création, lamission de ces organismes est de générer des bases propices au développement culturel, économique etsocial de la région (Drewsen 1999:150). Faisant partie aujourd'hui du programme INTERREG IV A del'Union Européenne, l'Öresundsregion fait de la culture depuis vingt ans un atout essentiel à sa croissanceet y consacre chaque année près de 27 milliards de couronnes danoises (soit environ 3,6 milliardsd'euros)i. En revendiquant s'être construite sur un héritage historique et culturel commun vieux de troiscent cinquante ans entre Suédois et Danois (Stöber 2011:233) et en se fixant comme objectif d'être « d'ici2020 [le territoire] le plus attractif et responsable sur les questions environnementales » (Lorenzen etBender 2012:3), l'Eurorégion de l'Öresund est un cas intéressant à analyser d'un point de vue culturel pourla double approche qui est attribuée à la culture dans la région. En choisissant notamment dès sa créationde faire de la culture un outil d'autopromotion à l'international et de « place branding » (Hornskov2007:317) au niveau local, l'Öresundskomitee semble avoir de facto attribué à la culture une placeessentielle dans sa hiérarchie des priorités. La question n'est maintenant pas tant de savoir si cetteapproche fut pertinente ou non, mais plutôt de savoir si celle-ci a été fructueuse concernant les objectifsque l'Öresundsregion s'était fixée en matière de culture. Pour aborder cette problématique, nousétudierons dans un premier temps comment l'Öresundskomitee a tenté de mettre en place une véritablecoopération culturelle dano-suédoise pour attribuer à la région sa propre identité, ce que Hornskovappelle le « place branding ». Puis nous verrons dans un second temps comment l'Eurorégion cherche àvaloriser son territoire à l'échelle internationale en supportant des manifestations culturelles locales et ententant d'attirer des évènements indépendants majeurs.Pour introduire le sujet, il est d'abord intéressant de contraster les différentes approches quel'Öresundsregion a pu adopter au fil des années quant à la manière de mettre en place ses politiques decoopération culturelle. Lorsqu'en 1997, les premières formes de coopération culturelle entre Danois etSuédois ont été décidées, le but de l'Öresundskomitee avec la création de la fondation Kultur Bridge 2000,était de « promouvoir et développer la fondation d'une coopération culturelle entre les institutionsprésentes dans la région de l'Öresund » (Hornskov 2007:324) mais aussi de mettre en place « uneplateforme pour [la création] d'une identité régionale »ii. Malgré les nombreux soutiens dont ellebénéficiait, entre autres celui du département suédois et du ministère danois de la culture (Drewsen1999:168), la fondation Kulturbron n'a pour autant pas vécu plus de cinq ans. Tous simplement parce qu'« elle manquait d'un réel soutien politique » (Hornskov 2007:319), de financementiii et parce quel'approche identitaire que l'Eurorégion voulait donner à ses politiques de coopération culturelle n'a jamaisni suscité d'intérêt auprès des institutions culturelles (voir Hornskov 2007) ni trouvé son public (voirnotamment Gregg Bucken-Knapp 2002). Depuis, l'approche de l'Öresundskomitee n'est plus aussiagressive et il semblerait que l'Eurorégion joue enfin le rôle que l'on attendait d'elle: faire la promotion dela coopération culturelle et non se promouvoir elle-même (Hornskov 2007:328). On peut regrettercependant qu'un organisme central de coopération culturelle tel que Kulturbron n'ait pas été recréedepuis son échec, mais il est nécessaire de mentionner la manière avec laquelle le besoin d'unecoopération a évolué et comment celui-ci est devenu central dans l'actuelle stratégie de développementrégional de l'Öresund (Öresund Regional Development Strategy, ØRUS). Ainsi, le but de l'Eurorégion n'estmaintenant plus d'imposer son identité, mais « d'étendre les opportunités pour l'expression artistique, ledéveloppement et la diversité culturelle » (ÖK 2010:16). À cette fin, l'Öresundskomitee encourage « à unecoopération plus étroite des deux côtés du détroit - notamment dans les médias, le cinéma, la musique etle design » (ÖK 2010:16). Et les réussites récentes dans ces domaines sont nombreuses: l'aide que « Film iSkåne » (entité financée par l'Öresundskomitee et membre de l'Öresund Film Commission) a pu apporterà la série télévisée dano-suédoise Bron-Broen, le lancement sur internet en 2010 de la nouvelleplateforme « Öresund Culture » (ÖK 2011:9), la création d'un festival musical annuel tel quel'Öresundfestival, la « Ø10 Furniture Exhibition » de 2010 (ÖK 2011:10) ou les échanges linguistiques entreétablissements scolaires en sont notamment de parfaites illustrations. Si on pourrait évidemment citerbeaucoup d'autres entités exprimant la réussite plus ou moins récente des politiques de coopérationAlexis Pelleray N° 110002134culturelle dans l'Öresund (MUSUND rassemblant les musées danois et suédois, des manifestations telles que Broløbet Øresundsbroen ou l'Ørestad Kultur Dage), Isabelle Duvail remarquait néanmoins en 2008 que certains domaines d'action n'étaient pas encore exploités par les institutions culturelles de l'Eurorégion. Elle mentionne notamment le phénomène grandissant de « spontantkultur » dans les quartiers défavorisés de Möllan et Rosengård à Malmö et à Nørrebro à Copenhague (voir Duvail 2008).L'Eurorégion ne s'intéresse en réalité que très peu à la « spontantkultur » car la réalité est aujourd'hui ailleurs pour elle. Ayant récemment adopté ce qui est appelé « la stratégie événementielle pour l'Öresundsregion » (Eventstrategi för Öresundsregionen), l'Öresundskomitee souhaite maintenant stimuler le progrès, la croissance, l'intégration, l'image de la région, la fierté de ses habitants et leur identité en tant que citoyens de l'Öresund par l'accueil et la création d'évènements à portée internationale (Lorenzen et Bender 2012:4). Les valeurs centrales autour desquelles seront axés ces évènements seront des caractéristiques propres à la région telles que l'environnement, l'eau, l'héritage culturel, le style de vie et la diversité (Lorenzen et Bender 2012:4). Comme le précise l'Öresundskomitee dans ses documents officiels, les acteurs et organisateurs de la région seront également des parties prenantes de cette nouvelle stratégie, mais la création en février 2012 de l'Öresund Event Center (financé par des fonds INTERREG de l'Union Européenne, Lorenzen et Bender 2012:18) ayant pour objectif d'attirer de nouveaux évènements à caractère international sur le sol de l'Öresund, laisse entendre que les priorités de l'Eurorégion changent. Alors qu'auparavant l'Öresundskomitee faisait prévaloir la coopération des structures locales autour de projets locaux qui devaient être portés ensuite à l'international, la région encourage aujourd'hui de plus en plus les institutions à coopérer pour attirer des évènements majeurs. En d'autres termes, si les acteurs restent sensiblement les mêmes, l'Öresundskomitee leur attribue un nouvel objectif. Si cette approche s'est officialisée en 2012, la tendance est néanmoins apparue quelques années auparavant, comme peuvent l'attester les organisations d'évènements tels que le championnat du monde de handball (2011), MTV Europe Music Awards (2006), etc (voir liste, Lorenzen et Bender 2012:41). Si les évènements « locaux » représentent toujours la grande majorité des manifestations culturelles dans l'Öresund (comme Copenhagen Cooking, Copenhagen Distortion, Helsingborgsfestivalen, Malmöfestivalen, Roskildefestivalen), les phases successives de progression de l'Eventstrategi, et notamment la seconde et la troisième reposant sur l'organisation d'évènements de taille moyenne entre 2015 et 2020 puis de grands évènements entre 2020 et 2027 (Lorenzen et Bender 2012:16), laissent néanmoins entendre que la proportion d'évènements « indépendants » puisse augmenter dans un avenir proche. Cela sans doute au détriment des manifestations annuelles locales qui s'offrent aux habitants de l'Öresund aujourd'hui. Face à ce constat, il est difficile de prévoir si le virage que l'Öresundskomitee souhaite prendre sera pertinent dans son objectif d'intégration de la région. Le fait d'encourager les citoyens de l'Öresund à eux-mêmes participer à ce projet par la voie du bénévolat encadré (Lorenzen et Bender 2012:27) ou à assister à ces représentations en les faisant profiter de prix avantageux (voir Öresund Card, Lorenzen et Bender 2012:28), pourrait avoir une importance. Quoi qu'il en soit, les chiffres démontrent néanmoins que la nouvelle politique d'attraction d'évènements indépendants majeurs ne peut être que profitable d'un point de vue purement économique (Lorenzen et Bender 2012:9).Ainsi, il a pu être démontré au cours de cet essai que les politiques de coopération culturelle dans l'Öresund, bien que parties essentiellement sur un échec, ont subsisté jusqu'à aujourd'hui pour proposer aux citoyens danois et suédois de la région des manifestations locales annuelles très fréquentées. Néanmoins, il est mentionné le fait que celles-ci ne sont jamais parvenues à créer l'identité régionale que l'Öresundskomitee a toujours souhaité insuffler à son territoire. Face à cette impasse et au fil des années, l'Eurorégion a décidé de donner un accent plus international à sa politique culturelle et événementielle. Officialisée en 2012, l'Eventstrategi för Öresundsregionen est le symbole même de cette nouvelle volonté. Il est alors possible de penser que la pleine application de cette stratégie et la poursuite, voire l'approfondissement, du soutien apporté aux manifestations locales annuelles pourraient à long terme permettre à l'Öresundskomitee d'atteindre ses deux objectifs principaux: à savoir la promotion de sa culture et de ses valeurs à l'international, et la création d'une identité régionale propre à son territoire.

« de mettre en place ses politiques decoopération culturelle.

Lorsqu'en 1997, les premières formes de coopération culturelle entre Danois etSuédois ont été décidées, le but de l'Öresundskomitee avec la création de la fondation Kultur Bridge 2000,était de « promouvoir et développer la fondation d'une coopération culturelle entre les institutionsprésentes dans la région de l'Öresund » (Hornskov 2007:324) mais aussi de mettre en place « uneplateforme pour [la création] d'une identité régionale »ii.

Malgré les nombreux soutiens dont ellebénéficiait, entre autres celui du département suédois et du ministère danois de la culture (Drewsen1999:168), la fondation Kulturbron n'a pour autant pas vécu plus de cinq ans.

Tous simplement parce qu'« elle manquait d'un réel soutien politique » (Hornskov 2007:319), de financementiii et parce quel'approche identitaire que l'Eurorégion voulait donner à ses politiques de coopération culturelle n'a jamaisni suscité d'intérêt auprès des institutions culturelles (voir Hornskov 2007) ni trouvé son public (voirnotamment Gregg Bucken-Knapp 2002).

Depuis, l'approche de l'Öresundskomitee n'est plus aussiagressive et il semblerait que l'Eurorégion joue enfin le rôle que l'on attendait d'elle: faire la promotion dela coopération culturelle et non se promouvoir elle-même (Hornskov 2007:328).

On peut regrettercependant qu'un organisme central de coopération culturelle tel que Kulturbron n'ait pas été recréedepuis son échec, mais il est nécessaire de mentionner la manière avec laquelle le besoin d'unecoopération a évolué et comment celui-ci est devenu central dans l'actuelle stratégie de développementrégional de l'Öresund (Öresund Regional Development Strategy, ØRUS).

Ainsi, le but de l'Eurorégion n'estmaintenant plus d'imposer son identité, mais « d'étendre les opportunités pour l'expression artistique, ledéveloppement et la diversité culturelle » (ÖK 2010:16).

À cette fin, l'Öresundskomitee encourage « à unecoopération plus étroite des deux côtés du détroit - notamment dans les médias, le cinéma, la musique etle design » (ÖK 2010:16).

Et les réussites récentes dans ces domaines sont nombreuses: l'aide que « Film iSkåne » (entité financée par l'Öresundskomitee et membre de l'Öresund Film Commission) a pu apporterà la série télévisée dano-suédoise Bron-Broen, le lancement sur internet en 2010 de la nouvelleplateforme « Öresund Culture » (ÖK 2011:9), la création d'un festival musical annuel tel quel'Öresundfestival, la « Ø10 Furniture Exhibition » de 2010 (ÖK 2011:10) ou les échanges linguistiques entreétablissements scolaires en sont notamment de parfaites illustrations.

Si on pourrait évidemment citerbeaucoup d'autres entités exprimant la réussite plus ou moins récente des politiques de coopérationAlexis. »

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