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Pour être heureux, faut-il chercher à assouvir tous ses désirs ?

Publié le 17/11/2013

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Pour être heureux, faut-il chercher à assouvir tous ses désirs ? Désir : prise de conscience d'un manque, dont la satisfaction procure du plaisir. Heureux ; le bonheur : état de plénitude et de satisfaction durable, opposé au plaisir éphémère. La philo. Antique le nomme le « Souverain Bien », càd. la fin suprême de la vie humaine. Être heureux signifie que l'on connait le bonheur. Mais qu'est-ce que le bonheur ? Le bonheur, autrefois appelé « Souverain Bien » par les philosophes antiques, désigne un état de plénitude et de satisfaction durable. Cette dernière provient d'un jugement qui porte sur notre vie entière et non pas d'un événement en particulier. Elle est en outre globale, et ne se limite pas à un seul aspect de notre existence. Le bonheur s'oppose alors, par définition, au plaisir éphémère et se présente ainsi comme le plaisir suprême. Cependant, pour être heureux, faut-il assouvir tous ses désirs ? D'après cette question, il semble évident que l'assouvissement de tous nos désirs semble être la condition pour atteindre le bonheur. Puisqu'un désir comblé procure à l'Homme du plaisir. Pourtant, un désir est la prise de conscience même d'un manque, et donc d'une souffrance. Dès lors, on pourrait dire que désirer devient source de malheur pour l'Homme et donc, le fait de désirer le freine dans sa quête du bonheur. Dans la mesure où l'Homme ne peut satisfaire ses désirs simultanément, peut-on dire que le bonheur ne se réduit qu'à une succession de plaisirs ? Ou au contraire, l'Homme tend-il à se rendre malheureux en essayant de satisfaire tous ses désirs ? Ici, l'assouvissement des désirs se présente comme l'unique condition pour l'Homme d'accéder au bonheur. Mais, en prenant compte du fait que celui-ci ne peut cesser de désirer par sa nature, la poursuite du bonheur n'est-elle qu'une quête sans fin ? L'Homme est un être incapable d'assouvir ses désirs simultanément. Il se voit donc dans l'obligation de les satisfaire l'un après l'autre pour se procurer du plaisir. Ainsi, la poursuite du bonheur s'apparente à une succession de désirs et ainsi donc, de plaisirs. Cette conception du bonheur est prônée par la doctrine de l'hédonisme qui fait du plaisir le critère et la norme d'une vie bonne et heureuse. Si bien que, pour les hédonistes, un Homme comblé est un Homme qui, successivement, assouvi ses désirs. Comme le reprend Calliclès, personnage probablement fictif, jouant l'interlocuteur de Socrate dans les dialogues le Gorgias, écrits par Platon. Effectivement, dans un de ses dialogues, plus précisément dans l'extrait des tonneaux pleins et des tonneaux percés, Calliclès expose sa conception d'une vie heureuse qui a pour critère le plaisir. Il pense donc que plus nos désirs sont nombreux et intenses, plus les plaisirs ressentis le seront. Et de ce fait, le bonheur est maximisé. Il prend donc le « parti » de l'exemple du tonneau percé, utilisé par Socrate, qui se remplit et se vide incessamment de plaisir. De plus, il associe l'image du tonneau rempli et donc celle de la vie de l'Homme aux désirs modérés, à la vie « d'une pierre », c'est-à-dire morne et ennuyeuse. Cette vision du bonheur est aussi partagée, en quelque sorte, par le personnage de Dom Juan de la pièce de théâtre éponyme écrite par Molière. Celui-ci, voit dans son désir insatiable de charmer la plus belle femme, son bonheur. Il incarne donc le symbole du libertin, ne cherchant que le plaisir. De ce fait, se procurer du plaisir semble être le moyen pour atteindre le bonheur. Pour autant, on ne peut assimiler le plaisir au bonheur. Puisque le désir, dont le plaisir est la satisfaction, reste, par définition, la prise de conscience d'un manque et prend donc en compte une souffrance. Désir et bonheur sont incompatibles puisque l'un sous-entend un malheur et l'autre une satisfaction durable et globale. Le plaisir est un bonheur éphémère qui ne porte pas sur la globalité de l'être. Il ne concerne qu'un événement ou qu'un objet seulement. Il n'est donc qu'une satisfaction partielle qui, une fois que l'Homme en a joui, fuit avec le temps. Le plaisir apparaît donc comme une illusion. C'est ce que reprend Blaise Pascal dans ses idées, écrites dans les Pensées. Pessimiste, celui-ci pense que l'Homme est un être misérable qui a peur et fuit l'ennui. Il pense que l'Homme cherche son bonheur en se procurant du plaisir, pour la simple et bonne raison qu'il cherche à se détourner de la réalité sur sa vie futile et misérable. Ainsi, il dit que l'Homme est un être vain car il n'est pas capable d'assumer le caractère tragique de son existence. Selon lui, il est destiné à vivre emprisonné dans sa vanité et le malheur. Étant un chrétien, il ne pense pas que le bonheur existe dans cette vie, mais qu'il se trouve au-delà. D'autre part, contrairement à Blaise Pascal, Socrate, un philosophe grec, porte un jugement plus optimiste sur le bonheur et l'assouvissement des désirs. En effet, il conçoit que le bonheur puisse exister. Seulement, il n'est pas lié aux plaisirs que l'Homme peut ressentir. Justement, Socrate pense qu'il faut pouvoir maîtriser ses désirs et les limiter. Car selon lui, désirer est une sorte de soumission pour l'Homme à une souffrance infinie. Sa pensée est illustrée par les dialogues le Gorgias. Socrate, en discussion avec Calliclès l'hédoniste, fait une référence au mythe des Danaïdes avec l'histoire des tonneaux pleins et des tonneaux percés. Il compare effectivement l'homme au tonneaux pleins, à un homme sachant maîtriser ses désirs ; et l'homme aux tonneaux percés, à un homme voués aux plaisirs. L'image de l'Homme qui ne cesse de remplir son tonneau reflète bien la soumission de celui-ci à son désir qui ne pourra jamais être satisfait. En d'autres termes, l'Homme aux tonneaux percés est soumis à sa propre souffrance s'il ne cesse de désirer. Ensuite, répondant au raisonnement de Calliclès qui repose sur la maximisation des désirs engendrant la maximisation du plaisir, Socrate finit par conclure que plus l'on maximise nos désirs et plus, justement, on maximise notre malheur. Ainsi, assouvir ses désirs offre l'Homme une simple illusion de plaisir qui s'apparente au bonheur. Mais son malheur reste présent et il lui est voué. Cependant, diverti, il n'est pas capable de le reconnaître. Si l'on suit la pensée de Socrate, l'Homme doit limiter ses désirs. Pour autant, celui-ci, n'est pas capable de cesser de désirer car cela sous-entendrait donc qu'il connaît le bonheur. Ce-dernier semble ainsi impossible à atteindre. Le bonheur suppose que l'Homme ne ressente plus aucun désir. Toutefois, celui-ci ne peut y renoncer tant qu'il n'a pas obtenu ce « Souverain Bien ». Dès lors, la quête du bonheur semble être un cercle vicieux. Aussi, Epicure pense que l'Homme doit assouvir ses désirs pour atteindre le bonheur. Ce n'est pas la quantité qui doit être limitée, mais plutôt l'importance de l'objet du désir. Ainsi, ce philosophe grec nous fait part d'une classification des désirs que l'on retrouve dans sa Lettre à Ménécée. Il condamne les désirs trop grands pour être satisfaits tels que le désir de gloire, de richesse ou de domination. Mais, cependant, il nous conseille des plaisirs simples et nécessaires qui sont d'autant plus faciles à assouvir et qui promettent aucune souffrance. Il faut donc faire un « tri » avant d'assouvir ses désirs. Ainsi, on peut atteindre ce qu'Epicure appelle l'ataraxie, c'est-à-dire, ce qui désigne la tranquillité de l'âme et que l'on pourrait associer au bonheur. Epicure conseille ainsi à l'Homme d'être maître de ses désirs. Tout comme les stoïciens le laissent penser. Ceux-ci, partant du point de vue de Socrate qui repose sur la soumission de l'Homme à ses désirs, pensent que l'Homme ne devrait pas dépendre de l'extérieur mais uniquement de lui-même. Ainsi, un stoïcien n'agit que par sa propre volonté et cherche à définir les limites de sa capacité à satisfaire ses désirs. En clair, pour un stoïcien, son désir ne doit pas excéder sa capacité, sa volonté. Ainsi, un stoïcien peut prétendre au bonheur s'il arrive à limiter son désir à ce qu'il est certain de posséder et de conserver. Alors, l'épicurisme et le stoïcisme ne font pas là, la condamnation du bonheur ainsi que des désirs mais prône la nécessité de contrôler ses derniers afin de pouvoir atteindre cette plénitude. Epicure, conseille l'établissement d'une hiérarchie des désirs qui exige une grande sagesse. Tout comme l'exige le stoïcisme. Cependant, celui-ci encourage l'Homme à savoir limiter son désir à sa volonté et capacité de le satisfaire. En somme, assouvir tous ses désirs semblent être la condition pour atteindre le bonheur. Car si l'on prend du plaisir, et de façon successive, cela peut être assimilé au bonheur. Cependant, cette thèse est réfutée car un désir se définit par une prise de conscience d'un manque. Alors, le plaisir n'est qu'illusoire et ne fait qu'agrandir la souffrance de l'Homme qui, en comblant ses désirs successivement, cherche à se détourner de la réalité. Réalité qui est en fait triste et misérable. Mais alors, le bonheur semble être inatteignable voire inexistant. C'est pourquoi, l'épicurisme et le stoïcisme ne condamnent pas les désirs. Mais ils avancent l'idée qu'il faut savoir être maître de ceux-ci, en les réduisant aux plus simples ou bien aux limites de notre volonté.

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