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Priere a dieu

Publié le 16/04/2013

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dieu
Par suite, sera maintenant développée l'idée selon laquelle Voltaire prie plutôt les hommes que Dieu lui-même, afin de les inviter à être plus modestes et plus indulgents envers leurs frères humains. Le titre, ainsi que la forme que Voltaire a adoptée dans ce texte donne l'impression que l'auteur s'adresse à Dieu. Cependant, il est remarquable que peu à peu, les destinataires de cette prière semblent être réellement les hommes. En effet, le verbe à l'impératif « fais « (l.6) montrant au lecteur que Voltaire s'adresse à Dieu est progressivement oublié au profit des conjonctions de subordination qui le succèdent : « [...] que les petites différences [...]; que toutes les petites nuances [...]; que ceux qui [...]; que ceux dont [...] « (l.7-16). Dieu n'est donc plus concerné et alors, ces expressions peuvent être discernées comme s'il s'adresse entre autres directement aux hommes. De plus, Voltaire insiste davantage sur les comportements inacceptables et destructeurs des hommes dans cette lettre à Dieu. Donc, le philosophe français s'adresse bien aux individus à qui ces comportements sont spécifiques : « erreurs « (l.5), « calamités « (l.5), « haïr « (l.6), « égorger « (l.6), « haine et persécution « (l.12), « détestent « (l.14), « tyrannie « (l.21), « brigandage « (l.22), etc. Ce champ lexical du fanatisme et de la violence montre que Voltaire a mis peu à peu en cause dans ce texte le sens de la responsabilité et de la fraternité des hommes. Ainsi, avec la dernière partie du texte, le locuteur ne s'adresse finalement plus qu'aux hommes : « Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères ! « (l.21). Cette phrase exclamative exprimant un souhait demande aux hommes de dépasser les différences dues aux religions. Initialement s'adressant à Dieu, cette prière s'est progressivement changée en discours adressé aux hommes et à leurs sens de la responsabilité. Voltaire les a ainsi priés de surpasser leurs différences et leurs conflits nés de la religion.(252 mots, citations exclues) Prière à Dieu Ce n'est donc plus aux hommes que je m'adresse ; c'est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps : s'il est permis à de faibles créatures perdues dans l'immensité, et imperceptibles au reste de l'univers, d'oser te demander quelque chose, à toi qui a tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités. Tu ne nous as point donné un coeur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d'une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à tes yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution ; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supporte ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ; que ceux qui couvrent leur robe d'une toile blanche pour dire qu'il faut t'aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ; qu'il soit égal de t'adorer dans un jargon formé d'une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau ; que ceux dont l'habit est teint en rouge ou en violet , qui dominent sur une petite parcelle d'un petit tas de boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d'un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu'ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu'il n'y a dans ces vanités ni envier, ni de quoi s'enorgueillir. Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères ! Qu'ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l'industrie paisible ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l'instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu'à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.

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