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Quelles relations le titre "fin de partie" entretient-il avec la pièce de Beckett?

Publié le 20/02/2011

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Fin de partie est une pièce de Samuel Beckett. Elle fut créée en 1957, elle fait partie du théâtre de l'absurde qui se caractérise par un refu des codes dramaturgiques traditionnels. On la qualifie également de farce métaphysique. Beckett est l'un des rares écrivains à avoir été l'auteur d'une oeuvre bilingue, il traduisit même une grande partie de ses oeuvres lui même. Malgré ses origines irlandaises il écrivit ses oeuvres les plus connues en français: En attendant Godo, Fin de partie, Oh les beaux jours. FDP est une pièce au sein de laquelle les personnages ne vont plus réellement jouer un rôle central puisqu'il n'y a ni véritable action, ni véritable péripétie. Ils sont enchainés dans une sorte de présent, de quotidien marqué par une routine guère attrayante. Nous nous demandons ici quelles relations le titre FDP entretient avec la pièce de Beckett. Pour répondre à cette question nous allons voir dans un premier temps que les personnages sont acteurs de leur propre jeu, puis dans un deuxième temps que ce jeu reprsente en réalité le cours d'une vie.

Nous pouvons penser que les personnages de FDP sont eux même acteurs de leur propre jeu. Cette thématique du jeu apparaît d'une manière claire à travers le titre \"partie\", cela peut faire penser à un jeu, à un sport. Le mot \"fin\" peut désigner l'arrêt de quelque chose, voire la mort qui peut-être le but, l'objectif de cette partie. Ce jeu se déroulerait donc dans un espace géométrique, un lieu arpenté dans tous les sens par Clov. Grâce à ses déplacements et aux didascalies on constate que c'est un lieu structuré horizontalement: de droite à gauche entre les deux fenêtres. Si on comptabilise les déplacement \"obliques et parallèles\" de Clov, on peut compter qu'il y a 25 droites tracées ce qui est une référence au jeu d'échec, jeu pour lequekl Beckett avait une grande passion. Hamm pourrait donc être consiéré comme le roi de l'échiquier \"Je suis bien au centre? -Il me semble. - Il te semble? -Mets moi bien au centre\". Il est le personnage, la pièce centrale de cet échiquier, c'est lui qui donne les ordres aux autres personnages, aux autres pions. Clov peut alors être perçu comme une dame qui se déplace sur l'ensemble de l'échiquier dans le but d'obéir aux ordres de son maître \"fais moi faire un petit tour\"-\"stop\"-\"assez! on rentre\". Les mouvements de Hamm sont très limités, et ils dépendant entièrement de Clov, qui tiendrait également le rôle d'esclave. Dans cette pièce les personnages sont des acteurs qui montrent ouvertement à leur public qu'ils ne font que jouer un rôle. C'est ce que l'on appelle au théâtre la mise en abyme. Une fois de plus il y a là une relation directe avec le titre et la pièce, une \"partie\", parallèle avec le jeu des acteurs qui met fin à l'illusion théâtrale, celle-ci apparaît dès le début de la pièce, au sein des didascalies initiales \"il va à la porte, s'arrête, contemple la scène, se tourne vers la salle\". En s'adressant directement au public, Clov n'apparaît plus comme un personnage, mais comme un acteur qui joue son rôle. De plus, chaque personnage est placé en fonction de Hamm, un peu comme si le déplacement impliquait une déstabilisation des autres personnages- image de théâtre dans les théâtre. Ce jeu de rôle est également présent au coeur des dialogues \"Pourquoi cette comédie tous les jours?\". Dans ce même passage Hamm va même jusqu'à endosser le rôle d'un autre personnage, il va prendre la voie de l'intelligence. Mais il surjoue, c'est une comédie qu'il donne à voir aux spectateurs, à son fils. Mais le personnage joue au personnage, on assiste donc une fois de plus à la rupture de l'illusion théâtrale.

La thématique du jeu représente également le cours de la vie des personnages. Les quatre personnages de la pièce attendent la fin de leur vie, cette fin de partie en craignant et banissant toute forme de vie nouvelle. Beckett nous invite à un jeu absurde où la partie est perdue d'avance mais sans  que l'on sache quand elle se terminera- le jeu de la vie. Dè la première réplique, la fin est annoncée par Clov \"Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut être finir\", il s'agit ici d'un paradoxe, d'une répétition à tous les temps avec une hypothèse à la fin, celle ci va marquer la possibilité pour le jeu de devenir réel. La fin de cette partie, symbolisée par le départ probable de Clov est sans arrêt remise en question, le lecteur va se demander s'il va vraiment partir ce qui mettrait fin à la seule intrigue possible de la pièce. Les personnages sont tous touchés par une infirmité plus ou moins importante, ils attendent donc la mort, car pour eux rien ne peut être pire que leur situation actuelle. Mais au delà de cette dimension d'attente de la mort, il y a d'autres attentes. La fin de partie pourrait marquer la fin de la relation maître et eclave qu'entretiennent Hamm et Clov. C'est une relation qui n'a pas réellement de fin puisque l'un ne pourraît survivre sans l'autre: Hamm a besoin de Clov pour la combinaise du buffet qui renferme la nourriture. La fin de tout espoir, puisque pour eux, le dehors représente le néant, il n'y a plus rien dehors. Ils préfèrent donc rester dans leur enfer, dans leur décor apocalyptique. L'espoir disparaît peu à peu et cela transparaît avec la déshumanisation des personnages: Nagg et Nell retenus prisonniers dans de vulgaires poubelles, ils n'ont quasiment acune hygiène. Hamm ne prend même plus la peine de s'occuper de ses parents, il ira même jusqu'à tuer sa mère. Ils prennent aussi conscience qu'ils sont dépassés par quelque chose qu'ils ne peuvent contrôler, un quelque chose qui \"avance\" qui \"suit son cours\". La chose qui va réellement se terminer c'est leur partie, leur jeu, qui est en fait la fin de la pièce elle même.

Le titre Fin de partie et la pièce en elle même entretiennent donc des liens très forts. Il y a plusieurs thématiques qui sont omniprésentes tout au long de la pièce comme le jeu de l'échiquier qui est délimité par les déplacements de Clov et les caractères des personnages, la mise en abyme de la pièce qui implique parfois un double jeu des acteurs. Puis le thème de la mort qui symboliserait la fin du jeu.

 

 

 

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