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René BOYLESVE (1867-1926) La part du génie littéraire

Publié le 15/01/2018

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René BOYLESVE (1867-1926)

La part du génie littéraire

L'aphorisme des Goncourt : << En littérature on ne fait rien que ce qu'on a vu ou souffert 1> est une des opinions les plus erronées qui soient. Les Gon¬court, comme les hommes de leur temps, croient que l'homme de lettres n'est qu'un témoin vigilant, zélé, doué de mémoire et d'expression. Ils mécon¬naissent totalement le rôle de l'imagination en art. Et ce rôle est si consi¬dérable qu'on n'est pas loin de la vérité en affirmant qu'il est tout. Il y a l'information de l'imagination, comme il y a l'émotion de l'imagination. La première n'est que la servante qui va aux provisions. La grande dame, c'est l'autre. Quand l'imagination est nourrie et commence à s'animer, l'art commence.

Je souris quand on m'appelle << romancier d'observation 1>. Je ne suis pas observateur. Je n'observe jamais rien. Je suis ému. Et de cette émotion, joyeuse ou douloureuse, naît en moi l'incoercible besoin de m'exprimer, la plupart du temps sous forme de fiction. La fiction, quoi qu'on en pense, parle plus franchement que le rapport historique des faits : elle ramasse la multitude des faits et vous les verse de haut en pluie bienfaisante.

Mon émotion, c'est la réalité convertie en poésie : petit miracle ni très commun, ni tout à fait rare. Mais les causes de mon émotion, si l'on y prend garde, quelles chétives choses! quelles misères! quels infiniment petits!

« Artist es, nou s so mmes peut-être toujours un peu méprisants, parce que nous sentons la sécheresse de ce que l'émotion ne féconde point.

Il s'agit d'u ne émo tion de beauté ! Je prendra is volon tiers le con tre-pied de ce que X...

disait tantôt à propos de certains auteurs contemp orains : il les loua it d'avoir renoncé à ce qu'i l appelle. »

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