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Ruy Blas

Publié le 09/11/2011

Extrait du document

Ruy Blas Victor Hugo

Introduction/ présentation de l’œuvre :

 

Ruy Blas (Victor Hugo), drame en cinq actes et en vers de Victor Hugo, joué pour la première fois en 1838, au Théâtre de La Renaissance à Paris, et paru la même année. Bien qu’épinglé par la critique et parodié dès l’année 1838, il remporte un vif succès auprès du public, il est joué quarante-neuf fois, avec des salles toujours pleines. Aujourd’hui encore, Ruy Blas est une des œuvres les plus jouées du dramaturge.

 

Auteur : Victor Hugo

 

         C’est un homme prolifique, il a du talent pour tout. Quand il était adolescent, il disait « Je veux être Chateaubriand ou rien », ce qui montre son ambition. Très tôt, il commence à écrire.

         Il est d’abord poète avec Les Odes, Les Contemplations (recueil lyrique qui parle de sentiments d’amour …) ou Les Châtiments (qui est quant à lui un recueil de poèmes contre Napoléon III). Ce sont donc des recueils aux thèmes très variés.

         C’est aussi un romancier avec Notre Dame de Paris et Les Misérables. Jean Valjean dans Les Misérables est un ancien bagnard qui s’évade, change d’identité pour devenir M. Madeleine et décide de faire le bien. Il va ainsi recueillir Cosette, la fille de Fantine, qui habite chez les Ténardier.

         Et pour finir, il est aussi un grand dramaturge avec Hernani et Ruy Blas. Il va d’ailleurs révolutionner le genre théâtral et écrire un manifeste important : la préface de Cromwell où il y refuse les règles trop strictes du classicisme. La structure qu’il applique à ses pièces est :

Nœud  (Intrigue  (Péripéties  (Dénouement

         De plus, il est aussi un homme politique engagé : il a d’abord été Bonapartiste avec Napoléon Ier puis Royaliste et enfin Républicain. Il s’engage contre des causes comme la peine de mort avec Claude Gueux ou Le Dernier Jour d’un condamné (l’abolition de la peine ne viendra que bien plus tard en 1980). Il va se battre aussi contre le travail des enfants avec notamment Mélancholia et pour les miséreux, les causes sociales.

 

L’arrivée au pouvoir de Louis Napoléon Bonaparte :

      Louis Napoléon Bonaparte accède tout d’abord au pouvoir en se faisant élire président. Il fait ainsi deux mandats au bout desquels il se fait sacrer Empereur à vie. Hugo qui a écrit plusieurs pamphlets contre cet homme aux allures de dictateur se voit dans l’obligation de s’exiler sur les îles britanniques de Jersey puis Guernesey jusqu’à la bataille de Sedan, la chute de Napoléon III. Malgré son exile, il écrivait quand même et faisait passer ses idées en France par la Belgique.

 

Caractéristiques formelles :

 

- La pièce est entièrement en vers, qui sont des alexandrins.

- Parmi les trois règles du théâtre classique :

         - l’unité de temps n’est pas respectée : Ruy Blas dure environ sept mois, au lieu d’une journée pour le théâtre classique. En outre, Hugo se défait du théâtre classique en plaçant l’action non dans les temps antiques mais dans les temps modernes.

         - l’unité de lieu n’est pas non plus respectée : contrairement au lieu neutre du théâtre classique, le lieu de l’action varie lors des quatre premiers actes, l’espace est organisé par la très riche et précise didascalie au début de chaque acte : tantôt le premier acte se déroule dans le salon de Danaé dans le palais du roi, tantôt le quatrième et le cinquième dans une petite salle de la maison de Salluste

         - bien que certains critiques le contredisent, l’unité d’action est la seule respectée, en effet la pièce est nouée autour d’une seule et même intrigue, la vengeance et le piège de Don Salluste formulé dès l’Acte I. En témoigne les deux champs lexicaux du piège et du diable – appliqués à Salluste – qui parcourent toute la pièce. Le stratagème de Salluste donne lieu à l’action amoureuse, Ruy Blas tentant de séduire la reine, et à l’action politique, le machiavélique Salluste tentant de faire tomber la souveraine. On a donc bien une seule intrigue, Ruy Blas et Salluste ont un même objet de quête.

 

Résumé :

 

Pour se venger de la reine d'Espagne, Don Salluste veut la déshonorer. N'ayant pu obtenir ce service de son cousin Don César, gentilhomme devenu bandit, il l'envoie au bagne, et lui substitue Ruy Blas, laquais amoureux de la reine. Cette dernière, délaissée par le roi incapable, pousse en secret Ruy Blas au faîte du pouvoir. Devenu premier ministre, il réprimande vertement les ministres qui ne pensent qu'à se partager le bien public. Après le duo d'amour entre la reine et Ruy Blas surgit Don Salluste, qui veut exécuter son plan machiavélique. La situation semble un temps sauvée par le retour comique de Don César. La reine tombe malgré tout dans le piège en se rendant à un rendez-vous compromettant que Ruy Blas n'a pu faire annuler. Surprise par Salluste, elle est perdue. Se rebellant, le laquais tue son maître et avoue son identité à la reine ; d'abord ulcérée, elle lui pardonne et l'appelle par son vrai nom au moment où, s'étant empoisonné, il rend son dernier souffle.

 

Acte I :

 

Le salon de Danaé dans le palais du roi, à Madrid.

Don Salluste de Bazan médite sur la disgrâce dont il est victime. Il vient d’être exilé de la cour, par la reine, doña Maria de Neubourg, en raison d’un enfant illégitime qu’il a eu avec une des suivantes de la reine. Il médite sa vengeance.

Il espère trouver en son cousin Don César de Bazan, jeune seigneur dévoyé, l’allié et l’instrument de sa vengeance. Mais don César, dans un sursaut d’honneur, refuse de prêter la main à ce complot.

Ruy Blas, valet de Don Salluste, resté seul avec Don César lui avoue son amour insensé pour la reine. Don Salluste, qui a tout entendu, a désormais son stratagème : il fait enlever don César et le fait vendre aux corsaires d’Afrique. Il lui substitue Ruy Blas, à qui il fait écrire deux lettres : une invitation pressante à une dame aimée, et la reconnaissance par Ruy Blas qu’il est son valet. Puis il ordonne à Ruy Blas de séduire la reine et de devenir son amant.

 

Acte II : Enfermée dans son palais, délaissée par le roi Charles II, surveillée par la camerera mayor, la reine confie son ennui loin de son Allemagne natale à sa suivante Casilda. Elle rêve à l’inconnu qui chaque nuit lui dépose un bouquet de fleurs et qui a osé y joindre une lettre d’amour. Entre Ruy Blas, transformé en écuyer, qui lui apporte un billet laconique dicté par le roi. Avec émotion, la reine reconnaît en lui l’auteur de la lettre d’amour.

Don Guritan, vieil aristocrate épris de la reine, devine cette idylle naissante et provoque Ruy Blas en duel. Pour le sauver, la reine exige que le vieil aristocrate jaloux parte sans délai pour Neubourg, en Allemagne, avec mission de remettre à son père un précieux coffret.

 

Acte III: La salle de gouvernement du palais royal. En 6 mois, Ruy Blas (qui porte toujours le nom de Don César) a fait une prodigieuse ascension politique. Ruy Blas qui, en effet, par la faveur de la reine, est devenu duc d’Olmedo, chevalier de la Toison d’or, secrétaire universel et premier ministre intègre. Ses succès provoquent la jalousie des grands du royaume et sa vie privée, très secrète, leur curiosité malveillante. Au conseil du gouvernement, Ruy Blas surprend les transactions infâmes des ministres et les fustige d‘une tirade méprisante : « Bon appétit, messieurs ! ». Il dénonce : le déclin de l’empire, l’exploitation du peuple, les luttes internes, la corruption de la police et des juges, les soldats qui travaillent pour le grand bandit Matalobos et le fait que les ministres ne s’occupent pas du tout des affaires de l’Espagne.

La reine, cachée dans un cabinet dérobé, a tout entendu. Elle avoue à Ruy Blas son admiration et son amour. Auparavant, elle le croyait « bon », mais après l’avoir vu avec les ministres elle le croit grand, intelligent et courageux Ruy Blas, ivre de bonheur et d’orgueil, savoure cette déclaration. Tout va bien pour Ruy Blas. Les rêves amoureux et politiques les plus fous de cet ancien laquais sont en train de se réaliser : la reine l’aime et il occupe un poste important au gouvernement qui lui permettra de sauver l’Espagne.

C’est alors que surgit Don Salluste, déguisé en valet. Il humilie Ruy Blas, lui rappelant qu’il n’est que son valet et aussi l’auteur d’une lettre où il reconnaît la bassesse de sa condition. Don Salluste ordonne à Ruy Blas de se rendre dans une maison secrète pour y attendre ses ordres. S’il refuse, sa liaison avec la reine sera rendue publique.

 

 

Actes IV : Une petite chambre dans la mystérieuse demeure où s’est rendu Ruy Blas. Après avoir envoyé un page afin d’avertir la reine de ne pas quitter son palais, Ruy Blas quitte la maison secrète de Don Salluste pour aller demander aide à Dieu.

Dans la maison, un homme tombe par la cheminée. Il s’agit de Don César revenu de l’Afrique, qui tout en se restaurant raconte ses aventures. Un laquais lui apporte mystérieusement une sacoche pleine d’argent. Cet argent est en fait destiné à Ruy Blas (le faux Don César). Salluste envoie cet argent, car dans l’acte III, scène 5, il a expliqué son projet pour éloigner la reine, et a ordonné à Ruy Blas de l’aider en lui promettant l’argent dont il aurait besoin. Le vrai César, ne comprend pas ce qui se passe mais l’accepte sans hésister.

Une duègne vient lui confirmer le rendez-vous avec la reine. Ce rendez-vous a en fait été organisé par Don Salluste. Don Guritan, revenu d’Allemagne, surgit avec deux épées en vue de son duel différé avec Ruy Blas. Don César le tue. César pense que Guritan est le mari jaloux de la femme avec qui il a arrangé son rendez-vous amoureux

Arrive Don Salluste. Don César lui apprend qu’il a tué Don Guritan et qu’il a rendez-vous avec la reine. Voyant ses plans compromis, Don Salluste réussit à faire arrêter Don César en le faisant passer pour le célèbre voleur Matalobos. César ne peut pas se défendre car il porte le manteau volé au Comte d’Albe.

 

Actes V: La même chambre la nuit. Ruy Blas, persuadé qu’il a réussi à avertir la reine du danger et à la sauver, veut s’empoisonner. Mais doña Maria, appelée par une autre lettre dictée à Ruy Blas par Don Salluste, est prise au piège. Elle apparaît. Don Salluste savoure sa vengeance. Il met en demeure la reine de choisir entre le scandale ou l’abdication et la fuite avec Ruy Blas. La reine est prête à abdiquer, lorsque Ruy Blas, déchiré, éperdu, l’arrête et confesse son véritable nom et son état. Révolté, il tue Don Salluste de son épée derrière un mur, boit le poison. Il a fait semblant d’être Don César, et avec le soutien de la reine il est devenu premier ministre — bien qu’il ne soit en réalité qu’un simple laquais. Si d’abord elle refuse de lui pardonner, quand elle voit la force de son amour et se rend compte qu’il meurt, elle lui pardonne l’appelle par son vrai nom de « Ruy Blas » pour qu’il puisse mourir heureux.

 

 

En quoi cette pièce est un drame romantique ?

 

Le drame romantique est un nouveau genre théâtral qui va faire son apparition au début du 19e siècle. Selon Hugo, son but est « d'éduquer le public et de ressusciter un passé susceptible de faire comprendre le présent ». Le drame romantique ne va exister malheureusement que de 1823 à 1843.

 

En quoi Ruy Blas est-il un drame romantique ?

 

Une pièce de théâtre qui va à l'encontre des règles de la tragédie classique Ruy Blas a été écrite en 1838 pendant le mouvement littéraire « le romantisme ». Il s'oppose aux règles du classicisme en prônant une liberté d'écriture.

 

 Dans le drame romantique l'unité de temps n'est pas respectée, le but est de suivre l'évolution du personnage principal sur une longue période contrairement à la tragédie classique. Dans Ruy Blas l'action dure un peu plus de six mois.

 Le drame romantique est aussi caractérisé par une certaine liberté dans la représentation des lieux alors que dans la tragédie classique, l'action devait se dérouler dans le palais royal. Dans Ruy Blas l'unité de lieu n'est pas respectée non plus, l'action se déroule dans deux espaces : le palais royal et la maison de don Salluste (Acte iv et v).

 Dans le drame romantique la règle de bienséance a aussi été mise à mal, le corps est très présent sur la scène : dans l'acte 4 scène 3, don César boit sur la scène ; dans la dernière scène Ruy Blas s'empoisonne devant le public. Toutefois, les meurtres se déroulent hors scène.

 

      De nouveaux thèmes sont abordés 

 Le drame romantique, contrairement à la tragédie classique, aborde des périodes de l'Histoire plus proche du public.

 Ruy Blas se déroule en Espagne vers 1695, période de décadence de la monarchie et de la noblesse. La pièce met en lumière un royaume d'Espagne presque inexistant : le roi est absent, la reine se morfond, don Salluste entre dans le palais royal sans soucis, Ruy Blas parvient à devenir premier ministre en six mois. Comme dans tous les drames romantiques, de grandes interrogations politiques et sociales sont abordées dans Ruy Blas, Victor Hugo veut faire réfléchir le public sur la monarchie Française en place.

 

       Un mélange de genres et de registres

     Une des principales caractéristiques du drame romantique est le mélange de genres et de registres. Le but est de mettre en valeur le héros et de montrer toutes les facettes de sa vie. C'est pour cela que l'on trouve dans le drame romantique l'alliance du sublime et du grotesque, chaque personnage à des côtés contradictoires : don Salluste qui est un noble a eu une aventure avec une suivante, Ruy Blas qui est un valet séduit la reine d'Espagne. On retrouve dans le drame romantique des situations présentes dans la tragédie classique : le héros doit s'incliner face à son destin. Le registre comique est très présent dans Ruy Blas et il est associé au grotesque : dans l'acte 4 scène 2, don César tombe de la cheminée. On trouve beaucoup de comique de situation : un valet est aimé par la reine, don César ne comprend pas pourquoi don Guritan veut se battre contre lui dans l'acte 4 scène 5. Il y a dans la pièce une alternance du registre de langue soutenu et du registre de langue familier. A la fin de la pièce, le registre pathétique, qui est associé au mélodrame, est utilisé, nous assistons pour finir à la grande détresse de la reine. La fin est tragique, Ruy Blas s'empoisonne.

 On peut donc affirmer que Ruy Blas est un drame romantique.

 

Les enjeux de la pièce :

 

Ruy Blas est une pièce profondément marquée par le romantisme.

         - La principale marque du romantisme se trouve dans l’engagement politique de l’œuvre, revendiqué par Hugo dans la préface. On voit dans Ruy Blas l’étude de la monarchie. Hugo nous offre une vision contrastée de la monarchie, mettant en évidence son prestige – il nous rappelle la magnificence de ses arts et sa grande puissance territoriale. Mais il est souligné que cette grandeur appartient au passé, que la déchéance est irrémédiable. L’absence du roi est pesante et très marquée, même si son ombre domine la pièce. Les Grands, quant à eux, nous sont présentés comme des opportunistes avides de richesses, Salluste incarne le mieux cette noblesse de vice. L’autre noblesse, encore attachée aux valeurs chevaleresques et incarnée par Don César, se désagrège. Aux yeux d’Hugo, la noblesse n’est plus en mesure d’assumer la direction de l’État, et le peuple – Ruy Blas – n’y est pas prêt. Ce constat est celui d’un citoyen partisan de la Ière République ayant assisté désabusé au retour de la monarchie en 1830

         - Les personnages portent aussi la marque du romantisme. Le personnage romantique se caractérise, entre autres, par deux visages opposés mais complémentaires. Don César nous apparaît comme un être à la philosophie libertine, mais également comme un être porteur de valeurs nobles telles que la générosité ou le sens de l’honneur. On voit Ruy Blas comme un héros romantique lunatique, complexe, soumis et impuissant face à Salluste, hypersensible – scène de l’évanouissement, mais qui peut se montrer exalté et violent ; Ruy Blas est donc bien un héros romantique excessif.

         - De plus, les sentiments exprimés dans la pièce sont marqués par le romantisme. Par son intrigue même, Ruy Blas exploite le thème amoureux. L’amour apparaît comme un sentiment très pur, notamment chez Ruy Blas, qui emploie des termes religieux lorsqu’il évoque la reine. L’amour est chaste, et teinté parfois de mélancolie voire de douleur. Plus largement, la pièce repose sur une exacerbation des passions. On voit un Salluste obnubilé par son désir de vengeance, Ruy Blas ne vivant que par amour pour la reine. Ces deux sentiments conduiront les personnages à leur perte, sans qu’ils le veuillent.

         - Les héros sont les porte-parole de l’auteur pour proposer au lecteur un idéal de justice sociale : défense des droits des pauvres, respect des faibles. Le dramaturge eu le souci d’atteindre un public populaire et de l’élever, au contraire de la tragédie classique, qui s’adressait à un public aristocratique cultivé.

 

Personnages :

Ruy Blas 

Ruy Blas est un héros romantique dans tous ses aspects.

Le héros romantique est souvent soumis à son émotivité et sa sensibilité.

Mais ses sentiments ne vont pas être les seules motifs de sa douleur : placé en déséquilibre dans la hiérarchie sociale, il est déchiré entre l'idée qu'il se fait de lui-même et le rôle que la société lui réserve. C'est assez compliqué pour lui d'être à la fois maître et laquais

Prisonnier d'une société où se tissent les complots, il monte une chute dans l'échelle sociale au gré des forces qui agissent sur lui.

On comprend dès lors son aspiration à la liberté.

Ruy Blas est un orphelin qui cache sont identité. Né dans le peuple, il possède pour réussir, des grandes qualités : intelligence, ambition, orgueil, contrôlé.

Mais sur lui pèse une grande malédiction, celle du romantique ; il se sait seul, haï des hommes. Avant de devenir victime de Don Salluste, Ruy Blas est victime de la société qui a fait de lui un marginal. Encore pire sont les « marques de servitude »qui bloquent son énergie et le font même étant premier ministre, la proie de Don Salluste.

L'amour pour la Reine reflète son conflit interne : « placé très bas, et aspirant très haut ». Même dans ses déclarations amoureuses, Ruy Blas ne peut oublier l'humilité de sa naissance : « vers de terre amoureux d'une étoile » (v.798).

Ruy Blas évolue tout au long de l'œuvre. Au début il est angoissé et soumis, mais pendant l'aventure il démontre son courage en s'affrontant, même si ce n'est que verbalement, à Don Guritan (il accepte sans aucune peur le duel qui lui est proposé). Finalement à l'acte 5 il se révèle contre la société qui l'opprime et finit par tuer son représentant, Don Salluste. Il acquiert ainsi la liberté qu'il recherche, il choisit sa mort.

Que peut-on dire de plus sur Ruy Blas ? Qu'il est honnête et pur, non car il accepte sans scrupules la fausse identité et la mission douteuse données par Salluste. (acte1, scène 5) ; qu'il est énergique et courageux, mais il est bien rapide à l'évanouissement (acte2, scène 3-4), et prouve aux actes 3 et 4, une étrange faiblesse face à Don Salluste. Il n'a pas de personnalité propre, il ne vaut que par le sens de sa présence.

Ruy Blas, Don César et Don Salluste forment entre les trois un seul personnage, la reine n'est qu'un objet symbolique du désir, tous les autres des figurants.

    • Ruy Blas : Sur lui pèse une fatalité qui est d’abord sociale. La société a fait de lui un marginal, un ouvrier. Puis il sera victime de son maître Don Salluste. Les contradictions internes qui sont en lui vont aussi provoquer sa chute. Son identité usurpée est une autre cause de son échec puisqu’il prend le rôle de Don César.

             Néanmoins, Ruy Blas va atteindre le sublime, la grandeur. D’abord son courage lorsqu’il accepte le duel avec Don Guritan ; ensuite sa droiture dans la tirade aux ministres ; et à la fin, il assume sa condition de valet et décide de se suicider après avoir tué Don Salluste.

Don Salluste 

Il est le seul personnage à ne pas évoluer, Don Salluste conduit l'action de la première à l'avant-dernière scène, mais, singulièrement, il apparaît très peu.

Par son habit (velours noir, satin noir) et par son allure, Don Salluste réunit tout les caractères du « odieux » : « il s'avance à pas lents, parle avec une voix froidement et fait des multiples apartés ». Dans son vocabulaire abondent les références à l'ombre, à l'obscurité, au piège et à la vengeance.

Il est un Grand d'Espagne. Habitué à dissimuler, il ne doute point à se déguiser. C'est un personnage froid, avisé et vengeur. Il a planifié pendant beaucoup de temps sa vengeance contre la Reine.

Comme on voit cet un personnage qui est opposé à Ruy Blas : noble d'état et pauvre d'esprit.

C'est un personnage intelligent et observateur, il sait qu'en offrant à Ruy Blas la possibilité de devenir noble, même si n'est que pour un temps limité, celui-ci ne pourra pas refuser car c'est son vœu secret .Ceci provoquera la chute de la reine. Il est un grand manipulateur sans scrupules. Il ferait tout pour atteindre son but.

Mais ce personnage si froid et perspicace possède aussi des moments de faiblesse. Il se laisse emporter deux fois par sa rage. Ce défaut est celui qui finira par lui causer sa mort.

Don Salluste symbolise le mal moral, l'oppression sociale, le diable 

  Il a tous les aspects du traître capable de déguiser, de se dissimuler lui-même et de mettre en scène tout au long de la pièce sa vengeance. C’est lui qui a tout prévu et qui a organisé cette mise en scène contre la reine.

              Malgré son ascendance noble, il méprise tout le monde, les femmes, la reine, les nobles déchus comme Don César et il ne cesse d’humilier Ruy Blas. Il n’a pas plus d’honneur en politique : il est cupide et ne cherche que la puissance.

Don César de Bazan 

Cousin de Don Salluste, Don César appartient à la noblesse mais après avoir dissipé sa noblesse il est devenu « un peu aventurier, un peu bretteur, un peu bohémien (acte 1 scène 2).

Il s'agit d'un personnage picaresque qui par sa manière de parler fait apparaître le sourire au lecteur. Ses apparitions sont brusques et comiques (dans l'acte 4 scène 2 il rentre par la cheminé). Ces inquiétudes conduisent au sens indispensable (boire et manger). Mais, tout de même, il continue à maintenir un certain sens moral : il refuse d'aider son cousin et exposer la Reine.

Dans l'histoire, Don César n'est qu'un personnage secondaire mais tout de même Victor Hugo décide de lui réserver tout un acte. Ceci sert à détendre le public et à apporter une allure humoristique.

La reine

La Reine est possiblement le plus simple des personnages. Comme souveraine elle n'a pas un modèle historique exact et dans la littérature non plus. Elle est mariée à un homme qu'elle n'aime pas et finit par retrouver un vrai amour, Ruy Blas. Elle aussi se sent seule dans le monde, elle est privée d'amour. Né en Allemagne, dans une famille aristocratique mais simple, elle se retrouve subitement en Espagne. Elle possède la nostalgie de la liberté.

C'est une personne sensible et passionnée. Pour elle les sentiments sont plus importants que le raisonnement (elle va rencontrer Ruy Blas en connaissant le danger que cela lui suppose). Elle est aussi impulsive et parfois rebelle.

Elle est d’abord une jeune fille nostalgique d’avoir quitté son pays. Elle se révolte contre ce qu’on lui impose et va peu à peu se transformer en femme. L’amour lui fait mener l’action lorsqu’elle confie la boîte à Don Guritan afin d’éviter que Ruy Blas se mette en péril avec un duel contre ce rival. Elle se soucie des espagnols et veut « retirer du gouffre le peuple qui travaille ».

              Après la mort de Don Salluste, elle refuse d’abord d’accorder son pardon à Ruy Blas qui l’a trompé ; puis à nouveau elle redevient grande dans le pardon. er le protocole du palais.

Casilda 

Dans le monde des dames de compagnie, Casilda est l'exacte antithèse de la camerera mayor. L'une est \"jeune et jolie fille\", l'autre une \"vieille femme en noir\" ; l'une est animée d'un perpétuel mouvement (\"allant à la fenêtre\", \"va la jeter par la fenêtre\") et de jeux de regard malicieux, l'autre, figée dans \"sa chaise à dossier\" - une image de la rigidité du personnage tout comme sa voix \"brève et dure\" -, ne sait être animée que d'une révérence répétée et ridiculement mécanique ; l'une, prête à enfreindre par provocation toutes les règles (elle veut faire venir un jeune homme), aime les plaisanteries impertinentes et la moquerie (v. 657-661), l'autre s'exprime uniquement par des rappels de l'étiquette qui ont la forme des décrets officiels (\"il faut…\" deux fois, \"ne peut…\", \"ne doit pas …\"). La duchesse sert ainsi de repoussoir à Casilda, qui introduit dans la scène l'humour et la gaieté qu'apporte le bouffon dans le théâtre de Hugo. Sa joie de vivre s'exprime par la brièveté de ses interventions, le rythme sautillant des vers (les rejets v. 630, et les coupes v. 622, 625, 630), la forme de ses phrases (presque toujours interrogatives ou exclamatives, souvent elliptiques du verbe, appuyés sur des interjections). Son style est particulièrement imagé et vif et donne bien à voir les personnages qu'elle croque de façon pittoresque (don Guritan). Les vers 682-684 présentent un bon exemple de la vivacité et de l'humour du discours de Casilda : gentiment ironiques (\"cette vénérable cour\" fait, sous couvert de respect, allusion à l'âge avancé de ses membres, clairement exprimé à la rime : \"des vieux\" !), ils jouent sur l'harmonie imitative que constitue l'allitération en v, sorte de bredouillement sourd (qui imite le marmonnement de ces vieux automates de cour), mis en valeur par les I aigus d'un rire mal contenu. La fantaisie se glisse dans l'opposition entre \"vénérable\" et \"m'assomme\" et l'hypothèse absurde d'une contagion de la vieillesse… Comme le bouffon, c'est Casilda qui introduit le mouvement, mais aussi qui a l'idée des distractions fantaisistes à proposer à sa souveraine qui s'ennuie (v. 672 : \"Faites […] appeler les ministres !\" ; v. 680), qui l'incite à enfreindre le décorum et à agir en courtisane (v. 697), qui parle de choses et d'autres pour la désennuyer (le bois de la boîte), qui plaisante et raille les courtisans (\"Oh ! La duègne !\", \"Oh ! Respectable aïeule !\"), qui manie l'ironie (v. 688) sans craindre la hiérarchie (v. 645) et rit sans cesse. \"Ris, folle\", lui lance du reste la reine. Croisement de la soubrette et du valet, de bouffon de la comédie et de la confidente de tragédie, Casilda réalise le mélange de ces deux genres pour composer un vrai personnage de drame.

Lieux et époque :

L'action se déroule dans le palais Royal à Madrid puis dans une obscure maison de cette ville. Le temps et indéterminé.

Registres :

Le romantisme a rompu avec la règle classique d'unité de genres en mélangeant, comme l'avait fait Shakespeare, les genres et les registres. On retrouve dans Ruy Blas plusieurs registres comme, le  tragique, le pathétique, le lyrique, épique, satirique et le comique.

Tragique, qui se retrouve en Ruy Blas par l'emploi de plusieurs mots comme destin, destinée, fatalité, sort, tragédie, tragiquement, inflexible et implacable :

Pathétique : La tristesse et la douleur sont visibles dans les paroles de Ruy Blas.

 

Grotesque : amour impossible parce que le rival est le roi, mais l’écart incommensurable entre le laquais et le monarque charge l’aveu de grotesque, ce qui constitue une dimension essentielle au personnage.

 

Lyrisme : l’amour de ruy blas pour la reine a toutes les caractéristiques de la passion romantique : amour impossible pour une femme inaccessible, il est vécu sous le signe de la souffrance et de la fatalité

 

Epique : les aventures vont s’axer autour d’une seule et même personne, c’est-à-dire la Reine, figure féminine indispensable au registre épique.

 

Schéma narratif de la pièce :

-Situation initiale : La vengeance de Don Salluste en est le fil conducteur. Après avoir dû y renoncer à y employer son cousin Don César, il imagine de provoquer la chute de la reine par le même motif qui a entraîné la sienne : la compromettre dans un amour incompatible avec sa condition. La passion qu'éprouve déjà son valet Ruy Blas pour la reine favorise cette entreprise. Une fois aimé de la reine, l'amour même de Ruy Blas lui interdit de briser la machination de son maître en avouant son imposture et celui de la reine pour Ruy Blas la fait courir au-devant de tous les dangers pour le sauver.

-Péripétie : Deux péripéties secondaires, le retour de Don César et la rivalité de Don Guritan ne font donc que retarder la catastrophe.

-Situation finale : pour éviter à la reine sa perte complète, Ruy Blas se démasque et tue son maître avant de se donner mort 

XII- Idéologie...

Dans l'œuvre de Ruy Blas on retrouve plusieurs thèmes comme:

-L'amour : L'amour est au centre de l'action dans Ruy Blas. En examinant comment Salluste, César, Ruy Blas et la Reine le conçoivent et le vivent, on peut définir ce qu'est - et ce que n'est pas - l'amour pour un romantique

-L'argent : Toutes les classes sociales sont représentées dans Ruy Blas : les nobles, puisque l'intrigue se situe à la cour d'Espagne, mais aussi le peuple et les marginaux. Les femmes, cantonnées le plus souvent dans des rôles de second plan, apparaissent sous des aspects très contrastés.

Le couple Salluste - Ruy Blas met en lumière une relation complexe entre  maître et valet. L'argent joue un grand rôle, mais chacun a une façon très personnelle de s'en servir ou d'en parler.

Enfin, Hugo use de nombreuses métaphores. Certaines appartiennent au lexique de l'ange et du démon. D'autres sont empruntées au monde animal, comme dans les Fables. Ce \"bestiaire\" rend compte des forces qui s'exercent dans toutes les relations sociales.

-L'ascension et la chute : Prisonnier d'une société où se trament les complots, Ruy Blas monte ou chute dans l'échelle sociale au gré des forces qui agissent sur lui.

-L'aspiration à la liberté : Prisonnier d'une société où se trament les complots, il monte ou chute dans l'échelle sociale au gré des forces qui agissent sur lui. On comprend dès lors son aspiration à la liberté.

-Les femmes : Les femmes, cantonnées le plus souvent dans des rôles de second plan, apparaissent sous des aspects très contrastés.

-La haine, la honte et le déshonneur, l'enfermement, la peur, les secrets, les pièges : L'atmosphère du drame est souvent étouffante pour ne pas dire irrespirable.

Enfermés dans des lieux hostiles et dans leurs passions, les personnages vivent entourés de pièges, d'intrigues, de secrets et de mystères. S'il y a parfois un moment de bonheur ou d'espoir, les sentiments les plus courants sont la haine, la honte et la peur.

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