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Ruy Blas

Publié le 25/04/2013

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Vers l'oral du Bac p. 63-65 Analyse de la scène 1 de l'acte I, v. 1-46, p. 22-24 ? Montrer comment Hugo parvient à rendre l'exposition de Ruy Blas dynamique Analyse guidée I. Une exposition traditionnelle a.Dans cette première scène, Hugo présente les personnages principaux de la pièce. Faites la liste des personnages sur scène et indiquez les protagonistes évoqués au cours du dialogue. Observez la répartition de la parole. La scène 1 permet de présenter les personnages. Deux protagonistes sont sur scène (don Salluste et Ruy Blas) tandis qu'un troisième est évoqué dans le dialogue : il s'agit de la reine, Marie de Neubourg. Gudiel et la suivante de la reine, personnages d'arrière-plan, sont également présentés. La répartition inégale de la parole, qui est accaparée par don Salluste, souligne les différences sociales entre le maître et ses valets. b.Don Salluste expose d'emblée les motifs de sa vengeance en expliquant sa disgrâce. En vous appuyant sur les champs lexicaux, délimitez précisément les deux grands mouvements de son discours. Les fils de l'action sont également posés. Don Salluste évoque sa situation en deux temps. Les vers 5 à 22 évoquent la disgrâce de don Salluste, dont le champ lexical est largement présent à travers les expressions suivantes : « mon règne est passé « (v. 3), « renvoyé, disgracié, chassé « (v. 4), « on m'exile « (v. 13 et v. 14). Don Salluste a séduit la suivante de la reine mais a refusé de l'épouser lorsqu'elle est tombée enceinte. La reine, à laquelle il a désobéi, l'a donc disgracié. Les vers 31 à 43 évoquent la vengeance qu'il prépare contre la reine. c.Au théâtre, les répliques des personnages s'adressent à la fois aux autres personnages de la pièce et aux spectateurs. Dans ce passage, Hugo utilise cette technique (la double énonciation). Analysez le type de répliques employé par don Salluste et identifiez ses différents interlocuteurs. Don Salluste s'adresse à Gudiel dans de longues répliques que l'on peut qualifier de tirades. Il interpelle à plusieurs reprises son valet (v. 4, v. 6, v. 26, v. 31, v. 39, v. 45 et v. 46), mais ce dialogue est tout à fait artificiel, comme en témoigne l'inconsistance des réponses de Gudiel, qui ne jouera pas d'autre rôle dans la pièce. Le discours de don Salluste est en réalité surtout destiné aux spectateurs, qui doivent apprendre à connaître le personnage et sa situation, afin de comprendre l'intrigue à venir. II. Un univers mystérieux et angoissant a.Hugo prend soin de ménager le mystère et l'attente. Comment s'y prend-il ? Étudiez en particulier les métaphores employées par don Salluste pour évoquer son plan. Hugo crée une atmosphère mystérieuse. Il fait encore nuit (v. 2) et la disgrâce de don Salluste est un secret, comme il le dit à Gudiel : « l'aventure est secrète / Encor, n'en parle pas « (v. 5-6). Plusieurs éléments restent inconnus pour le spectateur, ce qui permet de créer le suspens. Don Salluste évoque le « drôle que tu sais « (v. 40) et il ne sait toujours pas comment il se vengera (v. 43). Enfin, la métaphore du trou et le champ lexical de l'architecture (à travers les expressions « une sape profonde, obscure et souterraine «, v. 29 ; « architecte «, v. 35 ; « puits «, v. 36) permettent d'évoquer un stratagème inquiétant. b.Dans cette scène, la tension est forte. Identifiez les éléments qui permettent de la soutenir, dans les actions mais aussi dans le discours de don Salluste. Vous accorderez une attention particulière à la ponctuation et à l'usage que fait Hugo de l'alexandrin. Don Salluste est très tendu, comme le dévoilent les didascalies, qui soulignent ses mouvements incessants : « Il se tourne brusquement «, « Il s'assied «, « Il se lève « (p. 22-23). Le vocabulaire de la violence, à travers les adverbes « brusquement « et « violemment «, montrent son angoisse, tout comme les multiples exclamations qui parsèment le texte. Son discours est confus, haché, ce que dévoilent les nombreux tirets. Quant aux enjambements que l'on note aux vers 5-6, 32-33, 44-45, ils soulignent la rapidité d'un récit qui n'est pas posé. Le non-respect de la césure à l'hémistiche aux vers 7, 10, 18 et 22 contribue également à la dislocation de l'alexandrin. Enfin, les répétitions de « oui « (v. 5 et v. 8) ou de « on m'exile ! « (v. 13 et v. 14) soulignent, là encore, la tension du personnage. III. Le drame romantique, une esthétique du mouvement a.Don Salluste a fait l'expérience de l'inconstance du sort, un thème typiquement baroque. Identifiez les figures de style qu'il utilise pour évoquer le caractère brutal de ce retournement de situation. Pour évoquer l'inconstance du sort, don Salluste utilise la métaphore filée de la chute : il parle de « coup de foudre « (v. 3) et déclare qu'il ne veut pas « tomber « (v. 25). Il montre par une énumération que « charge, emplois, honneurs, tout en un instant s'écroule « (v. 21). La chute paraît d'autant plus violente qu'elle est rapide et qu'elle s'oppose aux « vingt ans « qu'il a fallu à don Salluste pour obtenir une place d'honneur à la cour, comme il le martèle dans les vers 14, 15 et 32. b.Hugo brouille d'emblée l'identification du genre de sa pièce. Étudiez l'origine sociale des personnages, le thème de l'action et précisez à quel genre ces éléments se rattachent. Montrez aussi le caractère provocant du premier vers. Hugo pose un cadre de tragédie : l'action tourne autour de la reine et se déroule au palais royal de Madrid. Le personnage central et la trame mise en place appartiennent cependant plutôt au mélodrame, puisqu'il s'agit d'une vengeance fomentée par un personnage méchant contre une innocente. Enfin, le personnage principal, Ruy Blas, a le statut d'un valet de comédie, comme le souligne de façon provocante le premier vers dans lequel don Salluste lui demande d'ouvrir une fenêtre. c.L'auteur viole la règle de bienséance, selon laquelle le langage et les actions d'un personnage doivent être en adéquation avec son origine sociale. Montrez en quoi le langage et les remarques de don Salluste ont pu choquer les contemporains de Hugo. Don Salluste utilise un vocabulaire familier lorsqu'il parle de « donzelle « à propos de la suivante de la reine (v. 9). De plus, il insiste de façon prosaïque sur des considérations matérielles, telles que son pourpoint trop serré (v. 26-27). Cette notation peut désigner de manière symbolique les carcans sociaux ou la situation étriquée de la tragédie ; elle n'en est pas moins dégradante pour ce grand d'Espagne. Enfin, la bassesse de ses intentions termine d'ôter toute noblesse à ce personnage. Les trois questions de l'examinateur Question 1. Quels éléments de la pièce confirment l'idée d'une esthétique du mouvement ? La pièce joue sur des retournements de situation brusques et des changements de tonalité fréquents. Dans certaines scènes, les didascalies concernant les gestes des personnages sont particulièrement développées. Question 2. Ce passage est précédé d'une longue didascalie. Quel usage peut en faire un metteur en scène ? La longue didascalie du début de la pièce est très contraignante en ce qui concerne les costumes et les décors. Le metteur en scène peut toutefois décider d'en tenir compte ou non. S'il souhaite mettre l'accent sur la dimension historique du drame, il respectera sans doute à la lettre les indications de Hugo. Si, en revanche, il désire souligner les échos que la pièce rencontre dans l'histoire, il peut tout à fait choisir des costumes et un mobilier faisant référence à une autre époque, ou encore préférer un décor dépouillé et des costumes sobres, suggérant la dimension universelle de l'?uvre. Question 3. Quelles règles du théâtre classique sont bafouées par Hugo dans Ruy Blas ? Dans la préface de Cromwell, Hugo récuse les deux unités de lieu et de temps et, en effet, elles ne sont pas respectées dans Ruy Blas (voir la fiche sur le drame romantique, p. 234-235). Il explique au contraire que la règle d'unité d'action est nécessaire (elle est respectée dans Ruy Blas). Par ailleurs, l'une des critiques récurrentes du drame romantique concerne son manque de vraisemblance (voir la citation de Francisque Sarcey, p. 239).

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