SARTRE Jean-Paul

SARTRE Jean-Paul (1905-1980) Philosophe et écrivain français, Jean-Paul Sartre acquiert dès 1945 une célébrité mondiale qui ne se borne pas à sa fréquentation du milieu artistique de Saint-Germain-des-Prés à la fin de l'Occupation. Il est l'auteur de formules qui, en bouleversant la définition classique de l'homme, figé dans une essence, ont enthousiasmé des générations entières, les libérant du même coup des tutelles religieuses, académiques ou politiques. Concernant la liberté individuelle, dont il s'est fait le théoricien le plus réputé du siècle, malgré les critiques des chrétiens et des communistes, et cela dès la publication de L'Être et le Néant en 1943 (Paris), ses formules soufflent un vent de révolte sur le monde ancien. Elles définissent l'homme comme sujet libre (« L'existence précède l'essence »), dans un contexte d'athéisme conséquent (« Il n'est pas d'ordres qui viennent d'en haut »), parlent du corps et de la sexualité en contrant les bien-pensants, évoquent les rigueurs de l'engagement (« L'homme est condamné à être libre »), non sans souligner à chaque fois le primat accordé à l'action, à l'effort, au combat et à la solidarité. Parce qu'il n'existe ni nature humaine ni divinité, l'homme est le seul être par qui les valeurs viennent au monde. Aussi, lorsque J.-P. Sartre fonde Les Temps modernes, avec Maurice Merleau-Ponty (1908-1961), il en fait une revue susceptible de juger les événements (guerre d'indépendance algérienne, guerre du Vietnam, etc.) en posant de nouvelles valeurs. Néanmoins, s'il reste longtemps un « compagnon de route » du PCF (Parti communiste français), au prix de ne saisir ni l'importance de la question du totalitarisme ni la réalité du communisme, c'est essentiellement au nom de la valeur traditionnelle de la justice que l'intellectuel aurait à sa charge de défendre. Simultanément, il se sert de la radio pour développer sa théorie de la littérature engagée, qui trouve sa réalisation majeure dans l'ouvrage intitulé Qu'est-ce que la Littérature ? (1948). Au cours des événements de Mai 68, il prend des positions publiques que des photos immortalisent, debout sur un tonneau, devant les usines de Renault-Billancourt, dénonçant la « justice de classe ». Christian RUBY