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Sartre - l'être et le néant

Publié le 17/12/2011

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L'homme, par sa nature pensante, est amené à se poser des questions sur son existence à travers l'existence d'autrui. En effet l'être humain lors de son incessante quête du bonheur est sans arrêt confronté aux autres et cela lui pose problème. Dans L'être et le néant, livre 3 chapitre I, il est question du rôle de la conscience d'autrui dans la conscience de soi et du pour-soi ou de l'en-soi que je suis sous son regard. Sartre aborde par la le sujet de la honte qui naît en moi sous le regard d'autrui, et l'impact de ce regard sur notre personne. L'auteur ici soutient la thèse que \"autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi même : j'ai honte de moi tel que j'apparais à autrui.\"Cela signifie t-il que la vision que l'on se fait de nous même passe dabord par l'image que les autres ont de nous? Et comment se fait-il que cette image nous touche alors qu'elle n'existe que dans la conscience de l'autre?     Dans un premier temps de son raisonnement (lignes 1 à 5), Sartre parle du déclanchement de la honte qui se fait à partir de la découverte de la présence d'une autre conscience. Dans un second temps, le philosophe traite du rôle nécéssaire que joue autrui dans la vision que j'ai de moi même (lignes 5 à 14) et dans un troisième et dernier temps (lignes 14 à 23) l'auteur revient plus précisément sur la prise de conscience et la modification de l'image de soi aprés confrontation à autrui, car la présence d'une autre conscience me pousse à me questionner sur ma propre personne.     Dans la première partie du texte (lignes 1 à 5), Sartre établit les conditions d'apparition de la honte. La honte est le sentiment d'humiliation qui surgit lorsque l'on prend conscience d'une faute, \"un geste maladroit ou vulgaire\" dont on est l'auteur. Ce geste, aussi déplacé soit-il, ne m'interpelle pas tout de suite car tant que je crois être seul \"ce geste colle à moi\", il est indissociable de ma personne. Quand je suis seul, je ne juge pas ce que je suis entrain de faire, ce que je fais \"je le vis simplement, je le réalise sur le mode du pour-soi.\" Sartre distingue l'être en-soi, dépourvu de conscience et incapable de distance avec lui même, de l'être pour-soi, être conscient apte à se rapporter à lui même et au monde. \"Mais voici tout à coup que je lève la tête : quelqu'un était la et m'a vu\" La prise de conscience soudaine de la présence d'un autre être me révèle alors à moi même. Lorsque je me croyais seul, le caractère vulgaire de mon geste ne m'interpellait pas car  la conscience solitaire n'éprouve pas de honte, l'apparition d'un autre instaure alors un autre mode de conscience ; la conscience d'autrui. \"Je réalise tout à coup toute la vulgarité de mon geste et j'ai honte.\" C'est à travers la conscience de l'autre que la honte opère, la honte ne peut donc pas exister sans autrui.     Dans la seconde partie (lignes 5 à 14), le philosophe analyse le processus de la honte ainsi que le rôle indispensable d'autrui à l'apparition de ce sentiment. \"Il est certain que ma honte n'est pas réfléxive\" La honte éprouvée face à la présence d'autrui ne découle en aucun cas d'une réfléxion, elle nous est renvoyée de façon immédiate, autrui ayant alors le rôle d'un miroir qui nous expose à nous même nôtre propre image. Sartre affirme que la présence d'autrui \"est incompatible avec l'attitude réfléxive\" car  c'est indépendament d'autrui que je vais réfléchir à mes actes et les juger et c'est lorsque je serai seul avec moi même que je reviendrai sur ce que j'ai pu dire ou faire, \"dans le champ de ma réfléxion je ne puis jamais rencontrer que la conscience qui est mienne.\" Autrui provoque la honte par sa seule présence, je n'ai pas à y réfléchir ou à revenir sur moi même, le sentiment de honte est immédiat. \"Or autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi même\", \"moi\" et \"moi même\" suggère qu'il y a plusieurs moi, plusieurs consciences, une conscience solitaire et une conscience devant autrui. La conscience solitaire n'est pas honteuse, c'est celle qui commet le geste, la conscience devant autrui elle, ressent la honte, elle est immobilisée dans son geste sous le regard de l'autre, \"j'ai honte de moi tel que j'apparai à autrui.\" La conscience d'autrui nous amène à porter un regard extérieur sur nous même, \"Par l'apparition même d'autrui, je suis mis en mesure de porter un jugement sur moi même comme sur un objet.\" Autrui lui, n'a pas besoin de formuler quoi que ce soit, sa seule présence me suffit pour me rendre compte de mon geste. Je deviens alors autrui pour moi même.     Dans la troisième partie (ligne 15 à la fin), l'auteur revient sur l'effet du regard d'autrui sur moi. Ce regard me fait me sentir comme un objet, une chose, de pour-soi, je devien en-soi. \"Cet objet apparu à autrui, ce n'est pas une vaine image dans l'esprit d'un autre\" c'est dans ma propre conscience que se forme cette image qui me fait honte. Cette image ne m'atteindrait pas de la même manière si elle était imputable à autrui, peut-être que \"je pourrais ressentir de l'agacement, de la colère en face d'elle, comme devant un mauvais portrait de moi [...] mais je ne saurais être atteint jusqu'aux moelles\", or le regard d'autrui me touche profondément. C'est autrui qui m'oblige à me regarder de l'extérieur, \"Je reconnais que je suis comme autrui me voit\", l'image qu'autrui me renvoie n'est peut être pas plaisante mais elle n'en est pas moins juste car ce n'est pas autrui qui juge mon acte en premier, c'est moi même. Autrui n'est pas juge, il est le miroir qui me renvoit ma propre image dont je suis le seul responsable. L'autre conscience est le catalyseur de la honte qui surgit en moi mais je suis l'unique responsable du jugement qui s'ensuit.     Quand jaillit en moi un sentiment de honte, ce n'est pas autrui qui me juge mais moi même. Autrui est le médiateur, c'est son regard qui va me faire me prendre conscience de la bassesse de mon geste mais c'est moi qui vais le reconnaitre comme honteux. Ainsi nous devons apprendre à assumer l'image de nous qu'autrui renvoie ou à la retravailler si elle est déplaisante. Autrui est donc indispensable à la connaissance de soi car c'est à travers l'autre qu'on se pose les bonnes questions, qui nous permettent de nous construire en tant que personne.

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