Scène 1 de L'île des esclaves

 Dans un siècle de contestation et de critique sociale comme le 18e siècle, le théâtre connait un succès croissant. Marivaux né en 1688 mort en 1763 est un dramaturge et romancier français. C'est un auteur de roman et de théâtre du XVIIIe siècle (le siècle des Lumières). On va donc retrouver chez lui la volonté de changer l'ordre établi et de critiquer la société.  Ainsi, dans l'ile des esclaves , pièce de théâtre de Marivaux, publié en 1725 ,l'auteur propose, en scène 1, la mise en scène d'une situation cocasse et inattendue : des maitres et leurs serviteurs sont jetés, par une tempête sur une ile peuplée d'anciens esclaves.

En quoi cette scène exprime t' elle le conflit social ?

C'est pourquoi il conviendra tout d'abord d'examiner le rapports de domination maitre/esclave puis nous mettrons en évidence la révolte croissante d'Arlequin.

Au début du passage, Iphicrate associe étroitement le sort du valet au sien : emploi du "nous", tout en montrant  que seul lui importe son bonheur l'emploi de « je « trois fois montre que le maître insiste sur son destin personnel . L'auteur utilise un vocabulaire de domination maitre/esclave et de soumission esclave/maitre : « monsieur Iphicrate «, « esclave «. Iphicrate est une personne qui domine et Arlequin est un esclave.

Les rapports de domination sont caractérisé par le vouvoiement de l'esclave envers le maitre et le tutoiement du maitre envers l'esclave. Cependant , le maitre maitrise le langage pour flatter « je t 'en prie «, « mon cher Arlequin « « ne sais tu pas que je t'aime « Ils sont sur l'île des esclaves (où la coutume est de tuer tous les maîtres ). Iphicrate possède encore son autorité : il use de l'impératif. On assiste à un affrontement. Ils ont des sentiments opposés. Arlequin prend l'avantage. Iphicrate perd son pouvoir. De plus, il ne possède plus son gourdin, symbole de son autorité. Iphicrate devient hésitant et Arlequin insolent (il siffle, chante et rit). Le conflit devient ouvert

 Arlequin et Iphicrate sont présentés pour mettre en évidence un rapport social : le maître ("patron") et Arlequin, l'esclave (personnage fruste et parfois agressif ) qui accepte un rapport inégalitaire, mais la soumission va disparaître, ce qui entraîne un changement d'attitude

Arlequin se libère car il est sur l'ile , lieu ou il se trouve que les rapports changent. Il se désolidarise, il chante, il rit. L'émancipation d'Arlequin est progressive car il arrive sur l'ile où les esclaves sont les maitres et les maitres sont les esclaves.  Arlequin tutoie son maître, il abandonne le badinage « badinant « « chantant « « je t'en prie « « c'est l'air du pays qui vous fait cela «. La fragilité du pouvoir d'Iphicrate est renforcée par l'utilisation d'une antiphrase « les marques de votre amitiés tombent sur mes épaules «.Il n'obéit plus à son maitre , il fait ce qu'il veut. «je m'en goberge «  il se fiche des préoccupations de son maitre « chacun ses affaire « « je ne t'obéit plus «. Arlequin ne veut plus entendre le mot esclave et ne veut plus être qualifié d'esclave «  mauvais jargon que je n'entend plus « , esclave « je l'est été « .Dans le passé il l'était mais maintenant il ne l'ai plus. Il prend la parole (tirade) et tutoie son ancien maître. « ta honte «  « je te pardonne «   Il critique son ancien maître et espère changer son maître par la souffrance. Il y a un dialogue polémique de plus en plus conflictuel et menaçant entre Arlequin et son maître pour faire une critique sociale de l'esclavage.

 L'examen du texte nous a donc permis de montrer les relations conflictuelles . C'est une scène qui annonce un critique sociale, dénonçant le rapport maitre/esclave, l'hypocrisie, la violence. Cela nous amène à nous interroger sur la suite du récit : y aura t 'il renversement des rôles?