Scudéry, Madeleine de - écrivain.

Scudéry, Madeleine de - écrivain. 1 PRÉSENTATION Scudéry, Madeleine de (1607-1701), femme de lettres française, auteur de romans à clés rédigés dans le style précieux en vogue au 2 XVIIe siècle. LE SALON LITTÉRAIRE Née au Havre dans une famille de petite noblesse, Madeleine de Scudéry reçoit une éducation très solide, chose rare pour une jeune fille de son époque. En 1639, elle gagne Paris et fait son entrée dans le monde des lettres parisiennes en fréquentant l'hôtel de Rambouillet, tenu par la marquise du même nom. Madeleine de Scudéry y brille par sa culture et son esprit, et sa réputation est telle qu'elle lui permet de créer par la suite son propre salon littéraire, qui devient très vite à la mode. Elle y reçoit des écrivains de renom et des amateurs des belles lettres : Mesdames de La Fayette, de Sévigné, Scarron (future Mme de Maintenon), Messieurs de La Rochefoucauld, Conrart et Pellisson participent aux « samedis «. Théoricienne de l'amour galant, Madeleine de Scudéry, restée célibataire jusqu'à sa mort en 1701, a cultivé des amours platoniques, respectant ainsi la bienséance qu'elle prônait dans ses oeuvres. 3 L'ESTHÉTIQUE GALANTE Les premières -- et les plus importantes -- oeuvres de Madeleine de Scudéry ont été publiées (totalement ou partiellement) sous le nom de son frère, Georges de Scudéry (1601-1667), également écrivain et poète. Il s'agit de longs romans ayant pour thème central l'amour, dont Artamène ou le Grand Cyrus (1649-1653) et Clélie, histoire romaine (1654-1660) sont les plus connus. Ils ont donné la gloire à celle qui a été l'une des premières femmes de lettres. Ces romans à clés ont rencontré un succès immense auprès de l'aristocratie et de l'élite littéraire : sous le masque de la fiction, le public de l'époque s'amusait à reconnaître les personnes réelles décrites dans le Grand Cyrus, où Madeleine de Scudéry se donnait le nom de Sapho. Ils traitent des préoccupations galantes de l'époque, posant des problèmes moraux et affirmant le respect dont on doit entourer la femme : quelle place peut occuper l'amour dans la société et dans le mariage ? Peut-il devenir le fondement solide d'une relation ou est-il nécessairement destructeur ? Peut-il durer sans s'amoindrir ou se pervertir ? Ces ouvrages, qui élaborent un véritable code galant, deviennent bientôt les références de l'aristocratie. C'est dans Clélie que se trouve la carte du Tendre, cette représentation topographique et allégorique du pays de l'amour, où l'amant doit trouver le chemin du coeur de sa dame entre maints périls et épreuves. Cette carte définit une sorte d'idéal du comportement amoureux, fait d'attentions et de respect en même temps que de dévotion, de mesure en même temps que d'ardeur. Les romans suivants de Madeleine de Scudéry, qui s'attachent plus à la vraisemblance et moins aux clés, connaissent eux aussi un grand succès dans toute l'Europe et sont traduits dans plusieurs langues : Almahida ou l'Esclave reine (1660-1663), publié en huit volumes, Célinte (1661), les Femmes illustres (1665), Mathilde (1667), la Promenade de Versailles (1669). 4 LES OEUVRES MORALES À partir des années 1680, Madeleine de Scudéry se consacre à l'écriture de traités moraux, genre alors en vogue. Les Conversations sur divers sujets (1680) et les Conversations nouvelles sur divers sujets (1684) sont suivies des Conversations morales (1686) et des Nouvelles Conversations morales (1688), ainsi que des Entretiens de morale (1692), destinés à l'édification des jeunes filles de l'école de Saint-Cyr, fondée en 1686 par Mme de Maintenon. Madeleine de Scudéry et la préciosité, dont elle est l'auteur le plus éminent, ont certes été parfois ridiculisées en leur temps pour leur aspect et leur style maniérés, notamment par Molière dans les Précieuses ridicules. Quoi qu'il en soit, l'auteur nous apparaît aujourd'hui comme une figure importante de son temps, pour avoir contribué à élaborer un code de la galanterie aussi bien amoureuse qu'esthétique. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.