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Shakespeare, le Songe d'une nuit d'été (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Shakespeare, le Songe d'une nuit d'été (extrait). Théâtre dans le théâtre ou rêve éveillé, le Songe d'une nuit d'été emporte le lecteur dans une fantasmagorie où l'incertitude plane allègrement sur les caprices de l'amour. Eros sourit dans cette comédie féerique : les heures, les lieux et les êtres se mêlent, s'enlacent aussi, au royaume de l'illusion où le suc d'une fleur versé sur leurs paupières suffit à ce que les amants changent de partenaire. Car, si l'amour naît dans le regard comme une illumination, il est parfois chez Shakespeare des yeux qui leurrent. Le Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare (acte IV, scène 1) ACTE IV Même lieu. SCÈNE PREMIÈRE Entrent TITANIA, et BOTTOM, entourés d'un cortège de fées. OBÉRON, en arrière, invisible. TITANIA, à Bottom. -- Viens t'asseoir sur ce lit de fleurs, que je caresse tes joues charmantes, et que j'attache des roses musquées sur ta tête douce et lisse, et que je baise tes belles et longues oreilles, mon doux trésor ! BOTTOM. -- Où est Fleur des Pois ? FLEUR DES POIS. -- Me voici. BOTTOM. -- Gratte-moi la tête, Fleur des Pois. Où est monsieur Toile d'Araignée ? TOILE D'ARAIGNÉE. -- Me voici. BOTTOM. -- Monsieur Toile d'Araignée, mon bon monsieur, prenez vos armes, et tuez-moi cette abeille aux cuisses rouges au haut de ce chardon, puis apportez-moi son sac à miel, mon bon monsieur. Ne vous écorchez pas trop pendant cette besogne, monsieur ; surtout, mon bon monsieur, ayez soin que le sac à miel ne crève pas : il me répugnerait de vous voir inondé de miel, signor. Où est monsieur Grain de Moutarde ? GRAIN DE MOUTARDE. -- Me voici. BOTTOM. -- Donnez-moi une poignée de main, monsieur Grain de Moutarde. De grâce, pas de cérémonie, mon bon monsieur. GRAIN DE MOUTARDE. -- Que m'ordonnez-vous ? BOTTOM. -- Rien, mon bon monsieur, si ce n'est d'aider le cavallero Toile d'Araignée à me gratter. Il faut que j'aille chez le barbier, monsieur, car j'ai l'impression d'avoir énormément de poil au visage ; et je suis un âne si délicat que, pour peu qu'un poil me démange, il faut que je me gratte. TITANIA. -- Voyons, veux-tu entendre de la musique, mon doux amour ? BOTTOM. -- J'ai l'oreille passablement bonne en musique ; qu'on nous donne la clef et les pincettes. TITANIA. -- Dis-moi, doux amour, ce que tu désires manger. BOTTOM. -- Ma foi, un picotin. Je mâcherais bien de votre bonne avoine bien sèche. Je crois que j'aurais grande envie d'une botte de foin : du bon foin, du foin qui embaume, rien ne vaut cela. TITANIA. -- J'ai une fée audacieuse qui ira fouiller le magasin d'un écureuil et t'apportera des noisettes fraîches. BOTTOM. -- J'aimerais mieux une poignée ou deux de pois secs. Mais, je vous en prie, empêchez vos gens de me déranger ; je sens venir à moi un accès de sommeil. TITANIA. -- Dors, et je vais t'enlacer de mes bras. Partez, fées, et explorez tous les chemins. (Les fées sortent.) Ainsi le chèvrefeuille, le chèvrefeuille embaumé s'enlace doucement, ainsi le lierre femelle s'enroule aux doigts rugueux de l'orme. Oh ! comme je t'aime ! comme je raffole de toi ! (Ils s'endorment.) Obéron s'avance. Entre Puck. OBÉRON. -- Bienvenue, cher Robin. Vois-tu ce charmant spectacle ? Je commence maintenant à prendre en pitié sa folie. Tout à l'heure, l'ayant rencontrée, en arrière du bois, qui cherchait de suaves présents pour cet affreux imbécile, je lui ai fait honte et me suis querellé avec elle. Déjà, en effet, elle avait ceint les tempes velues du drôle d'une couronne de fleurs fraîches et parfumées ; et la rosée, qui sur leurs boutons étalait naguère ses rondes perles d'Orient, cachait alors dans le calice de ces jolies fleurettes les larmes que lui arrachait leur disgrâce. Quand je l'ai eu tancée tout à mon aise, elle a imploré mon pardon dans les termes les plus doux. Je lui ai demandé alors son petit favori ; elle me l'a accordé sur-le-champ, et a dépêché une de ses fées pour l'amener à mon bosquet dans le pays féerique. Et maintenant que j'ai l'enfant, je vais mettre un terme à l'odieuse erreur de ses yeux. Toi, gentil Puck, enlève ce crâne emprunté de la tête de ce rustre Athénien, afin que, s'éveillant avec les autres, il s'en retourne comme eux à Athènes, ne se rappelant les accidents de cette nuit que comme les tribulations d'un mauvais rêve. Mais d'abord je vais délivrer la reine des fées. (Il touche les yeux de Titania avec une herbe.) Sois comme tu as coutume d'être ; Vois comme tu as coutume de voir ; La fleur de Diane a sur la fleur de Cupidon Cette influence et ce bienheureux pouvoir. Allons, ma Titania ; éveillez-vous, ma douce reine. TITANIA, s'éveillant. -- Mon Obéron ! quelles visions j'ai vues ! il m'a semblé que j'étais amoureuse d'un âne. OBÉRON. -- Voilà votre amant par terre. TITANIA. -- Comment ces choses sont-elles arrivées ? Oh ! combien ce visage est répulsif à mes yeux maintenant ! OBÉRON. -- Silence, un moment. Robin, enlève cette tête. Titania, appelez votre musique ; et qu'elle frappe d'une léthargie plus profonde qu'un sommeil ordinaire les sens de ces cinq mortels. TITANIA. -- La musique ! holà ! une musique à enchanter le sommeil ! PUCK, enlevant la tête d'âne de Bottom. Quand tu t'éveilleras, vois avec tes yeux d'imbécile. OBÉRON. -- Résonnez, musique ! (Une musique calme se fait entendre.) (A Titania.) Viens, ma reine, donne-moi la main, et remuons sous nos pas le berceau de ces dormeurs. Toi et moi, maintenant, nous sommes des nouveaux amis ; demain, à minuit, nous exécuterons solennellement des danses triomphales dans la maison du duc Thésée, et par nos bénédictions nous y appellerons la plus belle postérité. Là, ces deux couples d'amants fidèles seront unis en même temps que Thésée, pour la joie de tous. Source : Shakespeare (William), le Songe d'une nuit d'été, trad. par François-Victor Hugo, Y. Florenne et E. Ducret, Paris, Le Livre de poche, 1983. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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« TITANIA .

— La musique ! holà ! une musique à enchanter le sommeil ! PUCK , enlevant la tête d’âne de Bottom. Quand tu t’éveilleras, vois avec tes yeux d’imbécile. OBÉRON .

— Résonnez, musique ! (Une musique calme se fait entendre.) (A Titania.) Viens, ma reine, donne-moi la main, et remuons sous nos pas le berceau de ces dormeurs.

Toi et moi, maintenant, nous sommes des nouveaux amis ; demain, à minuit, nous exécuterons solennellement des danses triomphales dans la maison du duc Thésée, et par nos bénédictions nous y appellerons la plus belle postérité.

Là, ces deux couples d’amants fidèles seront unis en même temps que Thésée, pour la joie de tous. Source : Shakespeare (William), le Songe d'une nuit d'été, trad.

par François-Victor Hugo, Y.

Florenne et E.

Ducret, Paris, Le Livre de poche, 1983. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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