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sonnet - littérature.

Publié le 28/04/2013

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sonnet - littérature. 1 PRÉSENTATION sonnet, forme poétique d'origine italienne qui se répand dès le XVIe siècle dans une grande partie de l'Europe. Un sonnet se compose de quatorze vers de même mètre, organisés en deux quatrains à rimes identiques embrassées (abba-abba) suivis de deux tercets ou d'un sizain. 2 ORIGINE ET EXTENSION Le sonnet (de l'italien, sonneto, « chansonnette «) trouve peut-être son origine dans la Sicile du XIIIe siècle (par le poète Giacomo da Lentini) et se développe en Toscane au siècle suivant (Dante et Cavalcanti). C'est cependant le Canzoniere de Pétrarque qui lui assure son rayonnement : une partie de son recueil se compose de sonnets à la gloire de la femme aimée, Laure. Le recueil est imprimé en 1470 et le sonnet se diffuse dans de nombreux pays aux XVIe et XVIIe siècles : Portugal (Camoens), France, Espagne (Góngora), Angleterre (Wyatt, Shakespeare). Il est introduit en France dans la poésie de cour sous François Ier et Henri II, c'est-à-dire dans les années 1530-1540, avec des poètes comme Marot, Louise Labé ou Mellin de Saint-Gelais. En 1548, Vasquin Philieul traduit en français le Canzoniere et, en 1549-1550, Du Bellay livre le premier recueil de sonnets français, l'Olive. 3 RONSARD ET DU BELLAY : DES ADAPTATEURS DU MODÈLE ITALIEN Dans les années 1550, avec les poètes de la Pléiade, la forme se détache de la thématique amoureuse héritée de Pétrarque. En passant des « Amours de Cassandre « aux « Amours de Marie « (ces derniers correspondent aux recueils la Continuation des amours, 1555, et la Nouvelle Continuation des amours, 1556), Ronsard abandonne le décasyllabe au profit de l'alexandrin et la rigueur de la construction au profit d'un ton et d'un rythme plus libres (les Amours). Dans les Regrets (1558), Du Bellay donne aux sonnets en alexandrins une grande variété de tonalités, qui va de la plainte mélancolique à la satire. La mise en musique des sonnets participe à l'élaboration de la forme et l'alternance des rimes masculines et féminines s'impose (abba = FMMF ou MFFM). Ronsard est amené à fournir à chacun de ses quatre musiciens quatre séries de sonnets construits sur le même type et pouvant être chantés sur le même air. 4 À TRAVERS LES SIÈCLES Au XVIIe siècle, le sonnet se fait souvent jeu de salon, donne lieu à des querelles littéraires (autour d'Uranie, puis de la Belle Matineuse de Voiture) ou sert d'arme à la polémique (« querelles des sonnets «, concurrence entre les tragédies Phèdre de Racine et Phèdre et Hippolyte de Jacques Pradon). En 1674, dans l'Art Poétique Boileau en fixe les règles (« [...] qu'en deux quatrains de mesure pareille / La rime avec deux sons frappât huit fois l'oreille ; / Et qu'ensuite six vers artistement rangés / Fussent en deux tercets par le sens partagés. «) Après une éclipse au XVIIIe siècle, le sonnet renaît à l'époque romantique (Keats, Wordsworth, Nerval, Musset, Sainte-Beuve). Sa rigueur formelle séduit les parnassiens et sa structure est redéfinie ou subvertie par Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Mallarmé. Il constitue la forme exclusive pour Heredia et s'impose comme la forme préférée du grand poète anglais Hopkins. Au XXe siècle, il continue à séduire bien des poètes. Rilke publie ses Sonnets à Orphée (1923), García Lorca, son recueil des Sonnets de l'amour obscur. Queneau et Roubaud y trouvent matière à leur jeu combinatoire. C'est alors la « beauté pythagorique « du sonnet, selon l'expression de Baudelaire, qui fascine. En France, Valéry, Aragon, Desnos, Cassou s'affrontent à leur tour au sonnet, et à l'étranger Brecht et Neruda sont également séduits par cette forme poétique. 5 UNE STRUCTURE EXPRESSIVE Le sonnet offre d'exceptionnelles ressources pour les parallélismes, les contrastes, les effets de miroir. Les quatrains s'opposent au sizain en assurant, par le passage du pair (2 × 4) à l'impair (2 × 3), un changement de tempo. L'homologie des vers du quatrain est renforcée par l'identité des rimes, en même temps qu'est assurée leur séparation par la disposition embrassée. Celle-ci donne à chaque quatrain une construction en miroir : « l'écho qui parle à l'écho deux fois se réfléchit « (Aragon). Au redoublement des quatrains correspond la division en deux « tercets « du sizain : la typographie moderne découpe d'ailleurs deux fois en deux le sonnet. La mise en musique à l'époque de Ronsard soulignait une autre structure : un air, le même pour chacun des quatrains, un autre pour le sizain. Le sizain se structure par la disposition des rimes. Celles-ci variaient beaucoup chez Pétrarque : cdc-dcd pour les sonnets sur quatre rimes, cde-cde ou cde-dce pour les sonnets sur cinq rimes. Au XVIe siècle français, deux modèles tendent à s'imposer : ccdede (c'est ce que l'on appelle le sonnet régulier, hérité du sonnet italien) et ccdeed (disposition adoptée par Marot et dite « marotique «). Cette dernière a pour caractéristique de restituer dans les quatre derniers vers la disposition embrassée des quatrains, sur d'autres rimes. Ronsard va jusqu'à utiliser une structure « circulaire « : abba-abba-cca-bba, dans un poème dont par ailleurs le mot situé à la rime du vers 14 reprend celui du vers 1 (rose), et celui du vers 13 celui du vers 2 (fleur) [« Comme on voit sur la branche ... «, Continuations des amours dans l'édition collective de 1578]. D'autres variantes encore sont possibles, exploitées par exemple par Nerval dans les Chimères ou par Baudelaire dans les Fleurs du mal, où l'on trouve des sonnets irréguliers (rimes croisées dans les quatrains, etc.). Il existe nombre d'autres variantes du sonnet, par exemple en Angleterre, on utilise le sonnet élisabéthain (trois quatrains et une strophe de deux vers, abab-bcbc-cdcd-ee) ou celui de Shakespeare (deux quatrains et deux tercets, abab-cdcd-efe-fgg). 6 UNE FORMIDABLE « MACHINE À PENSER « (ARAGON) Chaque poète peut rendre dominante une des structures virtuelles du sonnet en utilisant le passage entre les quatrains et les sizains comme une articulation logique ou syntaxique : c'est le cas de Ronsard quand il construit son poème sur une comparaison (« Comme ... Ainsi ... «) ; le poète peut également démultiplier les ruptures (utilisation du tiret chez Nerval ou Baudelaire pour isoler le dernier ou les deux derniers vers). Forme close, le sonnet peut être aussi envisagé comme le terme d'une série. Au lieu d'être mêlé à d'autres formes (les Fleurs du mal compte 44 sonnets dans un recueil de 129 poèmes), il devient la forme unique sans cesse reprise et variée, équivalent de la strophe d'un long poème que serait le recueil lui-même : « journal « de voyage pour les 191 sonnets des Regrets de Du Bellay, combinaison mathématique figurant une partie de go dans E de Roubaud (1967). (Voir Versification). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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