spleen

Le mot fut lexicalisé en français par Charles Baudelaire (en anglais, il signifie d'abord "rate", puis, par extension, les noires humeurs que celle-ci était supposée produire et enfin, un état de dépression aiguë dont le poète des Fleurs du Mal a su analyser les manifestations. Le mot "spleen" revient de façon récurrente et obsessionnelle dans l'oeuvre poétique de Baudelaire. Quatre poèmes des Fleurs du Mal lui sont consacrés ; la section la plus importante du recueil s'intitule "Spleen et Idéal". Quant aux Petits poèmes en prose, Baudelaire avait également prévu pour eux le titre Le Spleen de Paris. Le spleen baudelairien est l'envers de cet appétit d'idéal que l'azur symbolise. Aux moments d'exaltation extrême succèdent des jours de dépression où l'âme se sent rivée à la matière. Le spleen commence par se manifester comme un malaise physique causé par le climat ("le ciel bas et lourd', la pluie...), puis le malaise devient hallucinatoire et mal-être métaphysique. Le spleen consacre le triomphe de l'ennui et se présente comme l'une des manifestations les plus exaspérées du mal du siècle. A noter enfin que si Baudelaire vulgarise le mot et banalise son emploi, Diderot, dans ses Lettres à Sophie Voland, est le premier à l'utiliser.