Devoir de Philosophie

Sujet d'invention : Retour d'Utopie

Publié le 08/03/2012

Extrait du document

Sujet : Après avoir visité l’île d’Utopie et y avoir séjourné, vous écrivez un article dans un journal, intitulé « Retour d’Utopie ». Vous exprimez un point de vue critique sur un ou plusieurs aspects de l’organisation socio/politique de l’île et de la vie des habitants.

Retour d’Utopie

Ça commence par donner le tournis. Et le mal de mer n’y est pour rien. Après un voyage à bord d’un bateau au nom imprononçable, j’accoste sur l’île légendaire d’Utopie.

Cette île qui suscitait depuis toujours bon nombre de débats se trouvait juste sous mes pieds. Utopie était à la fois fermée et ouverte : fermée à l'extérieur par ses côtes maritimes et des fortifications et ouverte à l'intérieur avec un lac et un port. Les cinquante- quatre villes étaient toutes semblables, érigées par le fondateur Utopus. Cela me semblait vraiment étrange d’être sur une île où l’originalité n’avait pas sa place, puisque toutes les villes étaient et fonctionnaient semblablement. Une famille m’a accueillie et je me souviens tout à fait de l’impatience avec laquelle je marchais jusqu’à leur demeure, curieux d’en apprendre plus sur leur culture de bout du monde.

 La première chose que m’avait frappée était leurs vêtements. En effet, ils portaient tous les mêmes formes : commodes et élégants. Comme le veux la coutume, c’est le père de famille qui m’a accordé un entretien. Puisque le chef de famille a tous les pouvoirs. Les femmes et les enfants lui sont soumis. Il pourvoit donc aux besoins de tous. Mon jugement s’égarant dans la fusion de mes pensées, j’ai vaguement pensé au communisme… Vous imaginerez sans aucun doute mon désarroi lorsque le père de famille m’a expliqué qu’ils portent uniquement deux vêtements différents, et cela parfois pour sept ans. Le premier fait de cuir destiné au travail. Le second, une casaque qui cache l’habit de travail. Un seul vêtement leur suffit pour deux ans. Je me suis demandé où pouvait-il y avoir des repères sociaux. Comment pouvaient-ils distinguer un ouvrier d’un seigneur ?  A moins que les métiers soient inscris sur leurs visages, je ne voyais pas d’autres solutions que les vêtements, moi homme d’Europe. De plus, d’un point de vue écologique, pourquoi pas. Mais hygiénique…

 Toujours est-il que mon étonnement s’est accentué lorsqu’il a répondu à ma question concernant leurs métiers. Si les enfants sont très tôt initiés aux travaux d’agriculture (un métier obligatoire en plus d’un second qui se transmet de pères en enfants), ils reçoivent aussi un enseignement très complet. Voire même un enseignement d’humaniste. En recevant la même éducation que le reste de la population, un utopien ne développe aucune caractéristique de pensée différente des autres. C’est là que le fait que les Utopiens peuvent choisir leur religion m’a interpellé. Comment des êtres formés dans le même moule peuvent-ils avoir une Eglise si tolérante ?

J’ai cru comprendre qu’il y avait accès à l’éducation sans aucune distinction quant à leur classe sociale. L’homme m’a alors éclairé, puisque ma question sur la société devenait récurrente. C’est une confusion des classes sociales grâce aux travaux réalisés par tout le peuple, basés sur la possession commune. La rentabilité de chacun est à la base de l’économie. Mais la propriété individuelle entraîne une certaine dépendance d’autrui. De plus, ils n’ont pas de monnaie. Celle-ci est en fait basée sur l’échange. L’argent  est devenu le maître des relations humaines, mais en l’île d’Utopie, il n’est rien.  Les habitants ont une valeur des sentiments fondamentaux comme le respect, ou l’amour.

Lorsque le père de famille m’a laissé seul après plusieurs heures d’entretien, moi-même et mon calepin sommes restés longtemps en face à face. J’ai alors relu mes notes en cherchant d’autres failles à ce système. Et j’en ai bien sur trouvé, moi l’homme d’Europe. En Utopie, l’habitant doit signaler ses déplacements hors de la cité pour en avoir l’autorisation. S'il ne le fait pas, il est considéré comme déserteur, ramené à la cité et châtié. S'il récidive il est condamné aux travaux forcés. Il existe également des lois qui permettent aux malades et vieillards d’être euthanasiés. Vous rendez-vous compte ? Le suicide est interdit. J’ai tout de même noté que l'adultère est puni de travaux forcés, ainsi que les viols et les moqueries. Mais concernant le recours au maquillage pour les femmes ? Est-ce vraiment la peine de punir une telle chose ? Pour eux, oui. Puisque la race des Utopiens est basée sur la beauté, la perfection de l’humain et donc, sans artifices. Les dés et autres jeux de hasards sont également interdits pour laisser place aux jeux de réflexion, spirituels. Les habitants ne peuvent donc pas dévier vers le vice.

Liens utiles