Théâtre

L'origine du théâtre est religieuse. Les premières tragédies sont jouées en l'honneur du dieu Dionysos. Au centre même de l'orchestre où se meut le choeur, siège le prêtre du culte rendu deux fois par an au dieu. Au Moyen Age, le spectacle est également collectif et sacré. Toute la ville est assemblée pour voir et participer à la représentation des mystères et des miracles. Le mystère représente un ou plusieurs épisodes empruntés à la Bible, alors que le miracle relate la vie d'un saint. Les spectacles ont lieu sur les parvis des cathédrales ou des églises et mobilisent une énergie exceptionnelle. En 1548, le pouvoir royal met fin à ces spectacles extraordinaires de puissance émotive, sous le prétexte que les "diableries", ces intermèdes comiques et irrespectueux, nuisent à l'ordre religieux et public. En fait, ces foules qui communiquent dans une même ferveur ne laissent pas d'inquiéter parce qu'elles sont absolument incontrôlables. Le théâtre est déjà un plaisir qui effraie, parce qu'il est subversif. L'histoire du théâtre en France se constitue dans ce mélange de refus et de fascination qu'illustre parfaitement la position ambigué de la société à l'égard des comédiens du xvne siècle. En outre, le théâtre va connaître une dérive progressive qui paraît être la source d'un autre malentendu. Les exemples empruntés au Moyen Age mettent en valeur le caractère populaire du théâtre. Or, aujourd'hui, ce spectacle semble ne s'adresser en priorité qu'à une élite socioculturelle. La salle de spectacle, avec ses subdivisions (orchestre, balcon, baignoire,...) qui distribuent le champ de vision selon la loi du plus offrant, reproduit les divisions et les inégalités sociales. Rousseau l'avait déjà noté dans sa Lettre à d'Alembert sur les spectacles. Il expliquait cela par le culte du paraître célébré au théâtre. Les spectateurs s'y rendent moins pour se retrouver que pour manisfester leurs différences. Le spectacle se donne dans la salle et sur la scène à la fois (et en même temps !). Au XVII siècle, les personnalités assistent aux représentations sur la scène). Pour retrouver sa dimension populaire et sacrée, le théâtre doit devenir à nouveau un spectacle qui réalise la communion de tous les spectateurs.