Un cessez-le-feu illusoire en Croatie
Publié le 22/02/2012
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15 janvier 1992 - Le 15 janvier 1992, l'acte de décès de la Yougoslavie, fondée en 1918, était officialisé avec la reconnaissance internationale de la Croatie ainsi que de la Slovénie, qui avaient unilatéralement proclamé leur indépendance le 25 juin 1991. La Serbie, s'appuyant sur l'appareil militaro-communiste de l'ancienne fédération, n'avait pas attendu cette date pour mettre tout en oeuvre afin de mater ce que Belgrade considérait comme une " rébellion fasciste " des Croates.
Dès juin, arguant d'une mission d' " interposition ", l'armée fédérale - l'une des plus puissantes d'Europe centrale - intervenait pour, officiellement, empêcher la poursuite des heurts entre communautés croate et serbe (cette dernière forme quelque 12 % de la population de Croatie). En fait, jamais les militaires " fédéraux " ne s'en sont pris à des Serbes, tandis qu'ils n'ont pas hésité à ouvrir le feu sur les Croates. En août, l'armée, dont l'encadrement était majoritairement serbo-monténégrin, a profité d'un déséquilibre flagrant des forces pour pousser son avantage et occuper toutes les régions croates à forte minorité ou à majorité serbe (Slavonie et Krajina) afin de les soustraire à l'autorité de Zagreb et, à terme, les réunir à la Serbie. A l'automne, plus d'un tiers de la Croatie était aux mains de l'armée et des irréguliers serbes, qui ont eu recours à des bombardements massifs sur des villes (comme Vukovar, dans l'est de la République, qu'ils ont rasée).
Aujourd'hui, malgré un " cessez-le-feu " resté purement formel et le déploiement de quelque 14 000 " casques bleus ", la guerre en Croatie est loin d'être terminée, les Serbes continuant leurs bombardements - notamment sur des objectifs civils - et les Croates ayant juré de reprendre toutes les régions conquises par les Serbes. Zagreb chiffre après de 4 000 le nombre de personnes tuées depuis près d'un an (dont 1773 civils). Ce bilan est toutefois largement inférieur à la réalité, les presses serbe et croate fixant ce bilan à plus de 20 000 morts dans les deux camps.
BULLETIN
Le Monde du 3 juillet 1992
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