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Un espoir de paix au Cambodge

Publié le 22/02/2012

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17 juillet 1991 -   Le Conseil national suprême khmer ( CNS), chargé d'organiser des élections libres, s'installera à Phnom-Penh en novembre 1991, avec à sa tête la seule personnalité cambodgienne incontournable, le prince Norodom Sihanouk. Il bénéficiera de la garantie apportée par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies ( Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et URSS), auteurs d'un plan de paix qui aura apporté une contribution non négligeable à la solution de l'imbroglio.    Cela fait plus de vingt et un ans que le Cambodge s'est enfoncé dans une série de guerres qui ont fait des millions de morts parmi une population estimée aujourd'hui à quelque sept millions de personnes.    Depuis que le général Lon Nol, pion fou de la stratégie anti-nord-vietnamienne de Richard Nixon et Henry Kissinger, avait plongé le pays dans la guerre en renversant le prince Sihanouk le 18 mars 1970, faisant le lit de quelques poignées de Khmers rouges qui battaient sans grand succès la campagne. Cette opération chirurgicale ratée avait eu pour principal effet d'étendre l'influence de ceux qui n'étaient alors que des " révolutionnaires " à l'ensemble du pays. On sait ce qu'il en advint.    Alors que les B-52 américains lâchaient leurs bombes en tapis et que les communistes vietnamiens se taillaient des sanctuaires dans les jungles du Cambodge, les hommes de Pol Pot et Khieu Samphan allaient révéler leur vrai visage, un temps caché derrière la façade de respectabilité que leur procurait le prince. Mais c'est après leur entrée à Phnom-Penh le 17 avril 1975, au terme de quatre années d'une guerre sanglante, que le monde allait apprendre à les connaître alors qu'ils vidaient la capitale de ses habitants avant de se livrer à des massacres sans fin contre leurs compatriotes.    Cela dura trois ans et demi, jusqu'à ce que le Vietnam, lassé à la fois de la férocité et du refus des Khmers rouges d'accepter leur suzeraineté, se décide à intervenir. Le 7 janvier 1979, les bodoi de Hanoï entraient à leur tour à Phnom-Penh avec, dans leurs bagages, une équipe de communistes khmers plus présentables, parmi lesquels Hun Sen, l'actuel premier ministre, et Chea Sim, le véritable " numéro un " du régime. Une autre guerre allait ravager le pays, cette fois entre occupants vietnamiens et leurs alliés, d'une part, et une coalition de mouvements de résistance-Khmers rouges, nationalistes de Son Sann et sihanoukistes,-de l'autre. C'est à ce dernier conflit qu'au bout de douze ans l'accord de Pékin veut mettre un terme.    Pendant ces années, les grandes puissances se sont battues par Khmers interposés, comme elles l'ont fait à la même époque en Afghanistan.    Nul doute que sans l'appui de Brejnev, alors dans sa phase d'expansion tous azimuts du bloc soviétique, Hanoï aurait hésité à lancer ses troupes à l'assaut du Cambodge avant de s'y accrocher pendant une décennie. Nul doute également que sans le soutien actif de la Chine-devenue le principal rival asiatique du Vietnam-appuyée par les pays de l'ASEAN (1)et par les Etats-Unis la résistance anti-vietnamienne n'aurait pu s'organiser. Ni les Khmers rouges survivre.    Encore peut-on se demander si Hanoï a vraiment tout fait pour éliminer ces communistes devenus fous, ou bien si leur survie ne lui a pas servi d'alibi pour maintenir aussi longtemps que possible son corps expéditionnaire au Cambodge. Toujours est-il que, jusqu'à ce jour de décembre 1987 où le prince Sihanouk et Hun Sen firent connaissance dans la somptueuse auberge de Fère-en-Tardenois, en Champagne, Phnom-Penh et la coalition hétéroclite et fragile de la résistance présidée par le prince échangèrent invectives et coups de feu.    Lâché par Moscou, le Vietnam n'avait plus les moyens de sa politique cambodgienne et lorgnait à nouveau vers une Chine restée-elle aussi-fidèle à la vieille idéologie communiste. Isolée par la répression du Printemps de Pékin, devenue presque seule à continuer de brandir le flambeau de l'orthodoxie, la Chine avait, de son côté, intérêt à la survie d'un bloc " marxiste-léniniste ", aussi réduit soit-il.    Il était donc devenu moins difficile de convaincre, si besoin par des pressions en coulisse, les frères ennemis khmers que le temps des négociations sérieuses était enfin venu. En particulier les Khmers rouges, qui ne sont pas parvenus à menacer sérieusement un régime de Phnom-Penh qui contrôle toujours une grande majorité du pays. Après plusieurs faux départs, de France en Indonésie, le CNS parvenait à un compromis le mois dernier sur la plage thaïlandaise de Pattaya, avant de se revoir à Pékin, où Hun Sen s'est rendu cette semaine pour la première fois. PATRICE DE BEER Le Monde du 20 juillet 1991

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