Devoir de Philosophie

Un romancier à qui l'on demandait pourquoi il n'écrivait pas de la poésie, répondit : « Parce que je déteste parler de moi-même.» Une distinction entre poésie et roman que cette déclaration semble établir vous paraît-elle justifiée? Vous appuierez votre argumentation sur des exemples tirés de vos lectures personnelles.

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Deux solutions s'offrent : approuver l'opposition entre roman et poésie telle que la met en place le romancier interrogé ou la contester. L'opinion du romancier semble reposer sur des définitions du roman et de la poésie qui datent : le roman à la Balzac ou à la Zola qui peint le monde extérieur, la poésie romantique centrée sur le moi. Le développement pourrait montrer que les choses ont bien changé. Depuis Proust, le roman reste souvent proche de l'autobiographie, même chez les écrivains qui s'en défendent. La poésie, de son côté, se tourne parfois vers les objets, par exemple chez Ponge. En fait, l'écart entre roman et poésie tend à se réduire. Il serait aussi possible de s'arrêter assez longuement sur l'expression « parler de moi-même ». Il est en effet possible de comprendre l'expression de différentes manières. L'auteur peut parler sans voiles de lui-même (autobiographie, poésie lyrique) ou indirectement (au travers de personnages ou de transpositions). Il parle aussi de lui-même, sans avoir l'intention de le faire, par le biais de son style. Pensons à la formule de Buffon : «Le style est l'homme même.» En fait, qu'il le veuille ou non, l'artiste exprime son moi, la richesse ou la pauvreté de ce moi. Musil s'amuse de cet égocentrisme de l'écrivain : «Beaucoup parler de soi passe pour bête. L'humanité a trouvé une manière originale de tourner cet interdit : l'écrivain ! »

Liens utiles