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Une écriture de la sensation (Maupassant)

Publié le 08/10/2010

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maupassant

L'écriture réaliste telle que la décrit Maupassant dans son essai repose sur un paradoxe : selon lui, l'exactitude et la ressemblance du roman avec le réel est en même temps une «vision personnelle du monde «. En 1888, l'écrivain anglo-saxon Henry James remarque que le point fort de l'écrivain français est sa faculté de rendre compte des sensations auxquelles les personnages sont confrontés, à tel point que le lecteur a l'impression de partager l'expérience décrite. C'est précisément cette aptitude de Maupassant à transmettre les impressions des sens et à reproduire avec exactitude la subjectivité de ses personnages qui constitue sa «vision personnelle «, par laquelle il atteint l'objectivité.

Il estime manifestement que la première des obligations de l'artiste, celle qui le rend le plus utile à ses semblables, est de maîtriser son instrument, quel qu'il puisse être.

Le sien est celui des sens, et c'est exclusivement à travers eux, ou presque, que la vie l'intéresse ; et c'est presque exclusivement par leur entremise qu'il la décrit, et qu'il produit des oeuvres brillantes. Les sens lui rendent ces éminents services parce qu'ils sont, chez lui, de toute évidence, extraordinairement vifs ; on ne trouve guère de page, sur l'ensemble de ses vingt volumes, qui ne témoigne de leur vitalité. Rien de plus éloigné de sa pensée que de les désavouer ou de minimiser leur importance. Il les accepte avec franchise et reconnaissance, il s'en sert, il en jouit.

Henry James, Guy de Maupassant, traduit de l'anglais par Évelyne Labbé, Éditions Complexes, 1987, p.70.

 

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