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unique par nature.

Publié le 22/10/2012

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unique par nature. — G. C'est vraisemblable. — S. Dès lors, veux-tu que nous donnions à la divinité le nom d'un ouvrier naturel (phyturge) ou un nom de ce genre ? — G. Ce serait à juste titre, puisque c'est précisément par nature qu'il l'a créé lui et tout le reste. — S. Et le menuisier, n'est-ce pas le nom de fabricant de lits que nous lui donnerons ? — G. Si. — S. Et le peintre ? est-ce le nom d'ouvrier et d'auteur du lit que nous lui donnerons ? — G. En aucune façon. — S. Alors ? que diras-tu qu'il est dans son rapport au lit ? — G. Imitateur de ce dont les autres sont les ouvriers, tel est le nom qui lui convient le mieux, à mon avis. — S. Bon ! c'est donc celui qui est de la troisième génération en partant de la nature que tu nommes : imitateur ? — G. Exactement ! — S. Tel sera également le dramaturge puisqu'il est imitateur ; en partant du roi et de la vérité, c'est le troisième rang qui lui revient, comme tous les autres imitateurs. — G. Il y a chance. République X, 597b-597e c) L 'imitateur est un ignorant. [SOCRATE-GLAUCON] — S. Allons, maintenant, réfléchis à ceci : l'imitateur, faiseur de simulacre est expert en apparence, mais nullement en réalité, n'est-ce pas ? — G. Oui. — S. Eh bien, ne restons pas à mi-chemin, donnons du sujet une vue suffisante. — G. Continue. — S. Admettons qu'un peintre peigne une bride et un mors. — G. Soit. — S. C'est le sellier et le forgeron qui se chargent de les fabriquer. — G. Bien sûr. — S. Est-ce le peintre qui a compétence pour savoir ce que doivent être bride et mors ? Est-ce même celui qui les fait : sellier et forgeron ? N'est-ce pas plutôt le seul cavalier, celui qui sait s'en servir ? — G. C'est exact. — S. Est-ce que nous n'en dirons pas autant de tout ? — G. Comment cela ? — S. Pour chaque chose, il y a trois arts : celui qui s'en sert, celui qui le fabrique, celui qui l'imite. — G. Oui. — S. Mais ce qui fait la valeur, la beauté, la qualité de toute chose, objet fabriqué, vivant, action, ce n'est pas autre chose que l'usage en vue duquel chacune a été faite par l'homme ou par la nature ? — G. C'est juste. — S. Il est donc indispensable que celui qui s'en sert soit le plus expert et vienne dire au fabricant les qualités et défauts qu'elle présente à l'usage ; ainsi c'est le flûtiste qui renseigne le luthier sur les flûtes qui se soumettent à son jeu, c'est lui qui prescrira les qualités qu'il faut leur donner et c'est le luthier qui se soumettra. — G. C'est bien normal. — S. Ainsi la compétence du premier lui permet de se prononcer sur les qualités et défauts des flûtes et c'est en s'y fiant que le second les fera ? — G. Oui. — S. Ainsi, pour le même instrument, le fabricant devra la croyance correcte à ce qui en fait les qualités et les défauts au fait d'être en rapport avec celui qui est compétent et de se trouver contraint d'écouter l'avis de celui qui est compétent ; mais le savoir, c'est l'utilisateur qui le détient. — G. Exactement. — S. Mais l'imitateur, lui, est-ce d'un savoir d'utilisateur qu'il sera détenteur sur les qualités des choses qu'il peint, les qualités et défauts qu'elles peuvent avoir, ou d'une croyance correcte due à l'obligation d'être en rapport avec celui qui est compétent et d'en suivre les prescriptions concernant les caractères de ce qu'il doit peindre ? — G. Il n'aura ni l'un, ni l'autre. — S. Ainsi des qualités et défauts des choses qu'il imite, l'imitateur n'aura ni savoir, ni opinion correcte. — G. Non, semble-t-il. — S. Quel habile connaisseur de ce qu'il met en oeuvre dans ses poèmes serait le poète imitateur ! — G. Il ne le serait nullement. — S. Pourtant cela ne l'empêchera pas d'imiter, sans savoir par où vaut ou pèche chaque chose, mais, selon toute apparence, tout ce qui paraît beau au vulgaire et aux ignorants, voilà donc deux points sur lesquels nous nous sommes suffisamment mis d'accord : d'abord l'imitateur ne sait rien qui vaille qu'on en parle des choses qu'il imite et l'imitation n'est qu'un jeu et non une chose sérieuse ; ensuite ceux qui tâtent de la poésie tragique, que ce soit en vers iambiques ou en vers épiques, sont tous des imitateurs autant qu'on peut l'être. République X, 601c-602b d) L'imitateur est un illusionniste. [SOCRATE-GLAUCON] — S. Maintenant que nous nous sommes mis d'accord sur l'imitateur, dis-moi : le peintre, à ton avis, est-ce la réalité naturelle telle qu'elle est en soi qu'il se propose d'imiter ou bien les oeuvres des artisans ? — G. Ce sont ces dernières. — S. Encore une précision : telles qu'elles sont, ou telles qu'elles apparaissent ? — G. Que veux-tu dire ? — S. Je veux dire : un lit, que tu le regardes de côté ou de face ou de tout autre façon, diffère-t-il en quelque chose de lui-même, ou bien, sans différer en rien, paraît-il différent ? — G. Il paraît différent, mais il n'est en rien différent. — S. Réfléchis donc à ceci : à propos de chaque chose, qu'est-ce que se propose la peinture ? Imiter ce que chaque chose est en soi, ou imiter son apparence, telle qu'elle apparaît ? S'agit-il d'une imitation de l'apparence ou de la vérité ? — G. De l'apparence. — S. L'art d'imiter est donc bien éloigné du vrai, et s'il se charge d'imiter n'importe quoi, c'est que de chaque objet il ne retient que peu de chose : son simulacre. Ainsi le peintre, disons qu'il nous peindra charpentier, menuisier et autres artisans, sans rien connaître de leur art ; cela ne l'empêchera pas, s'il est bon peintre, en montrant de loin le menuisier qu'il a dessiné, de faire illusion sur les enfants et les ignorants grâce à ce qui paraîtra être un vrai menuisier. — G. Pourquoi pas ? — S. Eh bien, voici, mon cher, ce qu'à mon sens il faut en penser : à celui qui vient nous raconter qu'il a rencontré quelqu'un qui est au courant de tous les métiers, qui n'en connaît pas moins bien toutes les finesses que n'importe quel spécialiste, il faut lui répondre qu'il est

« 168 PLATON PAR LUI-MÊME celui qui l'imite.

- G.

Oui.

-S.

Mais ce qui fait la valeur, la beauté, la qualité de toute chose, objet fabriqué, vivant, action, ce n'est pas autre chose que 1 'usage en vue duquel chacune a été faite par 1 'homme ou par la nature?- G.

C'est juste.

-S.

Il est donc indispensable que celui qui s'en sert soit le plus expert et vienne dire au fabricant les qualités et défauts qu'elle présente à l'usage; ainsi c'est le flûtiste qui renseigne le luthier sur les flûtes qui se soumettent à son jeu, c'est lui qui prescrira les qualités qu'il faut leur donner et c'est le luthier qui se soumettra.

- G.

C'est bien normal.- S.

Ainsi la compétence du pre­ mier lui permet de se prononcer sur les qualités et défauts des flûtes et c'est en s'y fiant que le second les fera? - G.

Oui.

-S.

Ainsi, pour le même instru­ ment, le fabricant devra la croyance correcte à ce qui en fait les qualités et les défauts au fait d'être en rapport avec celui qui est compétent et de se trouver contraint d'écouter l'avis de celui qui est compétent; mais le savoir, c'est l'utilisateur qui le détient.

- G.

Exacte­ ment.

-S.

Mais l'imitateur, lui, est-ce d'un savoir d'utilisateur qu'il sera détenteur sur les qualités des choses qu'il peint, les qualités et défauts qu'elles peu­ vent avoir, ou d'une croyance correcte due à l'obligation d'être en rapport avec celui qui est compétent et d'en suivre les prescriptions concernant les caractères de ce qu'il doit peindre? - G.

Il n'aura ni l'un, ni l'autre.

- S.

Ainsi des qualités et défauts des choses qu'il imite, l'imitateur n'aura ni savoir, ni opinion correcte.

- G.

Non, semble-t-il.

-S.

Quel habile connaisseur de ce qu'il met en œuvre dans ses poèmes serait le poète imitateur!- G.

Il ne le serait nullement.- S.

Pourtant cela ne l'empêchera pas d'imiter, sans savoir par où vaut ou pèche chaque chose, mais, selon toute apparence, tout ce qui paraît beau au vulgaire et aux ignorants, voilà donc deux points sur lesquels nous nous sommes suffisamment mis d'accord : d'abord l'imitateur ne sait rien qui vaille qu'on en parle des choses qu'il imite et l'imitation n'est qu'un jeu et non une chose sérieuse ; ensuite ceux qui tâtent de la. »

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