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Urfé, l'Astrée (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Urfé, l'Astrée (extrait). Céladon aime Astrée qui lui voue une « réciproque affection «. Mais cette dernière apprend de la traîtresse Sémyre que le jeune homme serait déloyal : devant la fureur d'Astrée, Céladon, qui tente de la retenir, se jette dans le Lignon, fou de désespoir. Avant de commettre l'irréparable, première péripétie d'un texte qui repose sur leur accumulation, Céladon s'adresse en termes hyperboliques au ruban et à la bague de sa belle, auxquels il jure son amour et sa fidélité. Située dans le cadre champêtre du Forez du Ve siècle, l'action ne fait que commencer... L'Astrée d'Honoré d'Urfé (première partie, livre premier) Céladon voulut répliquer, mais Amour, qui oit si clairement, à ce coup lui boucha pour son malheur les oreilles ; et parce qu'elle s'en voulait aller, il fut contraint de la retenir par sa robe, lui disant : « Je ne vous retiens pas pour vous demander pardon de l'erreur qui m'est inconnue, mais seulement pour vous faire voir quelle est la fin que j'élis pour ôter du monde celui que vous faites paraître d'avoir tant en horreur. « Mais elle, que la colère transportait, sans tourner seulement les yeux vers lui, se débattit de telle furie qu'elle échappa, et ne lui laissa autre chose qu'un ruban, sur lequel par hasard il avait mis la main. Elle le soulait porter au-devant de sa robe pour agencer son collet, et y attachait quelquefois des fleurs, quand la saison le lui permettait ; à ce coup elle y avait une bague que son père lui avait donnée. Le triste berger, la voyant partir avec tant de colère, demeura quelque temps immobile, sans presque savoir ce qu'il tenait en la main, quoiqu'il eût les yeux dessus. Enfin, avec un grand soupir, revenant de cette pensée, et reconnaissant ce ruban : « Sois témoin, dit-il, ô cher cordon, que plutôt que de rompre un seul des noeuds de mon affection, j'ai mieux aimé perdre la vie, afin que, quand je serai mort, et que cette cruelle te verra, pour être sur moi, tu l'assures qu'il n'y a rien au monde qui puisse être plus aimé que je l'aime, ni amant plus mal reconnu que je suis. « Et lors, se l'attachant au bras, et baisant la bague : « Et toi, dit-il, symbole d'une entière et parfaite amitié, sois content de ne me point éloigner à ma mort, afin que ce gage pour le moins me demeure de celle qui m'avait tant promis d'affection. « À peine eut-il fini ces mots que, tournant les yeux du côté d'Astrée, il se jeta les bras croisés dans la rivière. En ce lieu Lignon était très profond et très impétueux, car c'était un amas de l'eau, et un regorgement que le rocher lui faisait faire contre-mont ; si bien que le berger demeura longuement avant que d'aller à fond, et plus encore à revenir, et lorsqu'il parut, ce fut un genou premier, et puis un bras, et soudain enveloppé du tournoiement de l'onde, il fut emporté bien loin de là dessous l'eau. Source : Urfé (Honoré d'), l'Astrée. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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