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Valets

Publié le 07/09/2011

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Valet

Cet emploi appartient à la catégorie plus générale des « rôles à livrée ». Selon Jules Wogue, Rotrou serait l'« inventeur », en 1647, de ce personnage si présent dans le théâtre. « Dans la Sœur, nous voyons un jeune homme aidé dans sa tâche par un serviteur, Ergaste, aussi pourvu de dévouement que dénué de scrupules. Et ainsi s'empare, en triomphateur, de la scène française un personnage qui allait brûler les planches pendant plus d'un siècle, providence de la jeunesse, tourmenteur de la vieillesse et de l'avarice : le valet »24. C'est en effet un des personnages les plus importants de la comédie aux xviie et xviiie siècles. Molière et Scarron ont mis en scène des « valets types », Gros-René, Mascarille, Scapin, Crispin, Jodelet, que leurs suivants, Regnard, Dancourt, Boursault, Destouches, Poisson, Hauteroche ont reproduit à leur tour. Coquins fieffés, mais obligeants, effrontés, mais pleins de dévouement, aimant leur maître, mais volant leur prochain, les valets ne demeurent pas moins sympathiques au spectateur, qui serait désolé de les voir conduits à la potence, ce qu'ils risquent pourtant parfois.

L'emploi de valet, compte tenu de l'importance et du caractère particulier du rôle, réclame des comédiens expérimentés et rompus à leur métier.

Il faut, pour plaire aux spectateurs,

Qu'un bon valet soit un grand maître25.

Il demande également des qualités physiques, car l'acteur doit toujours être en mouvement. Chamfort a remarqué : « J'ai observé que dans une pièce bien faite, tous les personnages étaient toujours en mouvement; et pour lors je n'employais cette expression que dans le sens figuré. Par rapport aux valets, elle doit être prise au sens propre. Il est essentiel que, sans cesse, ils amusent nos yeux aussi bien que notre esprit. »

Les exemples de valet sont innombrables, et ont pour noms : Ergaste, Gros-René, Mascarille, Crispin, Jodelet, Scapin, Frontin, Pasquin, Figaro, etc. Voir des exemples de rôles et d'acteurs à la section « Rôle à livrée ».

Crispin : introduit la première fois par Scarron dans l'Écolier de Salamanque (1654), c'est un valet rusé, sans scrupules, plein de ressources et âpre au gain. Il avait un costume spécial, entièrement noir. Personnage repris par Regnard, Dancourt, Hauteroche, Champmeslé, Lesage, Antoine Jacob Montfleury, etc.

Figaro : personnage créé par Beaumarchais dans sa trilogie, c'est un valet fourbe, intrigant, pour qui tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins, mais il est aussi vif, sémillant, frondeur, fier et hardi. Voir l'article qui lui est consacré.

Frontin : introduit à la fin du xviie siècle, peut-être par Dancourt dans les Bourgeoises à la mode (1692), c'est un valet rusé, malin, spirituel et propre à l'intrigue. Comme son nom l'indique, il a surtout de l'effronterie, et il devient le maître de son maître, lorsqu'il daigne le protéger dans les intrigues, où il montre de l'impudence et de l'audace.

Gros-René : personnage inventé par Molière. C'est un valet corpulent, insouciant, beau parleur, d'une jovialité campagnarde. Joué à l'origine par Du Parc, il était vêtu d'une longue blouse, d'un béret et d'une culotte bouffante, le tout rayé bleu et blanc. La tradition de ce costume a longtemps été conservée. Plusieurs de ses caractéristiques physiques, psychologiques et vestimentaires se retrouvent dans le personnage de bande dessinée Obélix.

Jodelet : type de valet, imaginé Scarron et créé par l'acteur Jodelet. Trivial, goulu, poltron, lubrique, ignoble dans ses plaisanteries, il se présente barbu, moustachu et le visage enfariné. Doué d'un cynisme éhonté, il rit de tout, entasse bévues sur bévues, qui finissent aux dépens de son maître.

Mascarille : valet fourbe, intrigant, menteur, astucieux, toujours prêt à faire les affaires de son maître à condition que les siennes y trouvent leur compte. Juste appréciateur de sa valeur et de ses facultés, il s'adresse à lui-même un éloge dans l'Étourdi.

Pasquin : laquais de bonne maison, luron plein d'ardeur et dépourvu de scrupule, il a été emprunté au théâtre italien, peut-être par Baron.

Scapin : emprunté par Molière au théâtre italien, et employé par lui une seule fois dans les Fourberies de Scapin. « C'est un intrigant, un fourbe, qui entreprend de faire réussir toutes les affaires les plus délabrées de la jeunesse libertine, qui se pique d'avoir de l'esprit, qui fait le beau parleur et l'homme de conseil. »

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