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Verlaine, Fêtes galantes

Publié le 27/07/2010

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verlaine

Les héros de la fête    1] Les personnages de la commedia dell'arte présents dans le recueil sont: Clitandre, Colombine, Cassandre, Pierrot et Arlequin dans « Pierrot « mais aussi Pulcinella, Bolonais et Scaramouche dans « Fantoche «. On retrouve aussi Léandre dans « Colombine « où apparaissent de nouveau Pierrot, Arlequin et Cassandre.  Les personnages représentent des types humains, qui se définissent par un trait de caractère, une appartenance à un groupe social, un langage, un costume et que les acteurs expriment par la pantomime. Théophile Gautier ( XIX eme siècle) qui utilisera ces personnages dans son œuvre (Capitaine Fracasse) dit : « la pantomime est la vraie comédie humaine «. Verlaine cherchait sûrement ce réalisme en utilisant ces personnages types de la commedia dell'arte dans son recueil Fêtes Galantes.    2] Dans les poèmes « Fantoche « et « Pierrot «, Verlaine utilise quatre tercets pour mettre en scène ces personnages types. Pour « Colombine «, Verlaine utilise six sizains. Chacun de ces poèmes comporte une description des actions des personnages types. En effet on remarque de nombreux verbes d'actions comme dans « Pantomime « « pirouette «( v.9) ou dans « gesticulent « dans « Fantoche « ou encore « franchit « dans « Colombine «. Ces verbes d'actions donnent un réel mouvement aux poèmes. Ils s'apparenteraient à des pièces de théâtre, et plus particulièrement à des pantomimes puisque les personnages mis en scènes sont les types de la commedia dell'arte.    3] Les personnages évoqués dans les 22 poèmes se livrent à des occupations frivoles. Par exemple, dans le poème « Pantomime «, « Arlequin combine l'enlèvement de Colombine «. L'amour et le badinage sont au cœur du recueil: tout au long de celui-ci on retrouve ces champs lexicaux: « les donneurs de sérénades et les belles écouteuses « («Mandoline «) ou « Fondons nos âmes et nos cœurs « dans « En sourdine «. Tout est un jeu d 'apparence, les femmes sont « fardées et peintes « et « passent (…) dans l'allée « (« L'allée «), ce qui accentue la frivolité de ces Fêtes galantes et le libertinage car les femmes ont des « mouches « et sont « fardées et peintes « ( « L'allée «). De plus le cadre spatial dans les bois symbolise l'amour et le badinage.    4] Les personnages se livrant à du badinage, nécessitent forcément par définition un homme et une femme. Les relations entre eux sont frivoles et amoureuses et la quasi totalité des poèmes mettant véritablement en scène des personnages. « la lettre « reflète bien l'atmosphère générale comme lorsque le locuteur écrit «Éloigné de vos yeux, Madame, (…) je languis et me meurs. « Verlaine met en scène alors des abbés galants, des amants désespérés et des marquises cruelles (« trompeurs exquis et coquettes charmantes!/!cœurs tendres mais affranchis du serment!«).    L'art poétique    5]  « La faune «: 2 quatrains  « Clair de lune «: 3 quatrains  « Sur l'herbe «: 3 quatrains  « Dans la grotte «: 3quatrains  « Les ingénus «: 3quatrains  « Fantoche «: 4 quatrains  « Cythère «: 4 quatrains  « Mandoline «: 4 quatrains  « L 'amour par terre «: 4 quatrains  « A Clymène «: 5 quatrains  « A la promenade «: 5 quatrains  « En sourdine «: 5 quatrains  « Cortège «: 5 quatrains  « En patinant «: 16 quatrains  « Les coquillages «: 3quatrains  « En bateau «: 5 tercerts  « Colombine «: 6 sizains  « Colloque sentimental «: 8 distiques  « L'allée «: 1 strophe  « Les coquillages «: 3 quatrains puis 1 monostique  « Lettre «: 1 strophe de 12 vers puis monostique puis 1 strophe de 12 vers puis 1 tercet  La poésie n'est pas traditionnelle puisqu'on retrouve des strophes, des monostiques et des assemblages peu communs de différentes strophes. De plus, on remarque l'absence de sonnets. On peut interpréter ces choix stylistiques comme nouveaux ce qui donne un tonalité originale au recueil. Verlaine fait le choix de la modernité peut être en réponse aux règles stylistiques trop rigoureuses et rigides des Parnassiens.      6] Tout au long du recueil on remarque un grand nombre de différents mètres utilisés. L'octosyllabe (utilisé dans 10 poèmes), l'alexandrin ( utilisé dans 4 poèmes), le décasyllabe (utilisé dans 2 poèmes); l'heptasyllabe ( utilisé dans 2 poèmes), l'hexasyllabe ( utilisé dans 1 poème), le tétrasyllabe (utilisé dans 1 poème) , le dissyllabe (utilisé dans 1 poème) et même des vers de 5 syllabes dans un poème.  On remarque la dominance des octosyllabes mais aussi a présence de vers impairs. Ils donnent plus de musicalité dans les poèmes et donnent un souffle nouveau encore une fois au recueil de Verlaine.      7] On remarque tout au long des Fêtes galantes une variété des registres. Le langage peut aussi bien extrêmement soutenu que familier. Ainsi on retrouve des familiarités (comme l'utilisation du mot « culotte « au vers 3 de « En bateau « ou « caquette « dans « En patinant «. Au contraire on trouve aussi du vocable rare et des archaïsmes comme « céans « dans « Dans la grotte « ou « faquin « dans « Pantomime «. Verlaine utilise aussi des mots dissonants comme dans « L'amour par terre « au vers 4: « Et dont l'aspect nous fit tant songer tout un jour « avec les allitérations mêlées en t et en r; l'auteur commet même des maladresses syntaxique comme par exemple « comme César pour un sourire, ô Cléopâtre, « dans « lettre « au vers 28. Ces discordances qui semblent s'accorder à la modernité du recueil sont sciemment utilisés par l'auteur pour mieux traduire la plainte et la souffrance.    La recréation d'un univers    8] Le titre même des Fêtes Galantes est à ce point lié à l’œuvre de Watteau que l’on a rarement mis en doute cette source d’inspiration de Verlaine. On s'aperçoit que l'on retrouve un clair de lune dans « Arlequin, empereur de la lune « mais aussi une œuvre de 1717 intitulée « Le théâtre italien «, qui montre une troupe au clair de lune, ces deux œuvres correspondent particulièrement bien au poème liminaire « Clair de lune «. Mais au fil du recueil, on retrouve très souvent la même ambiance, les mêmes paysages et décors, et les personnages avec les personnages de la commedia dell'arte, les arbres et par exemple les « grands jets d'eau sveltes parmi les marbres « que dans les œuvres de Watteau    9] Tout au long du recueil, on observe que les descriptions sont extrêmement détaillés comme celles des femmes dans « les ingénus « et « l'allée « ou des paysages (« Clair de lune «). A tel point que les détails stylistiques deviennent des termes picturaux. Par exemple, on observe un grand camaïeu de couleur: « vermeil «, « blanches « dans « les ingénus «, et même de matières « taffetas «, « brocart « dans « Cortège «... Les termes particulièrement propres à la peinture sont «  peinte « dans « l'allée «, « pâle « (dans «  A la promenade «).      10] Plusieurs poèmes utilisent le lexique de la musique dans Fêtes galantes : «Clair de lune« , «Sur l’herbe«, «En bateau«, «Le faune«, «Mandoline«, «À Clymène«, «Colombine« et «En sourdine«. D’une manière générale, ce sont des instruments de musique (luth, mandoline, guitare), des voix, des morceaux de musique (barcarolles, romances sans paroles) ou des indications techniques (mode mineur, en sourdine) qui sont appelés dans le corps de ces poèmes.    11] L'atmosphère, la tonalité d'ensemble n'est pas constante. Alors que les premiers poèmes de fêtes galantes mêlent futilité, humour, badinage, les derniers poèmes revêtent une tonalité. Plus inquiété, plus sombre. La recherche de l'amour est vu dans les fêtes galantes sous un jour superficiel au fil des poèmes comme dans « L'allée «. Coquetterie, propos oiseux aboutissent à un constat amer, et est renvoyé à sa propre solitude comme dans « L'amour par terre «. Le dernier poème « Colloque sentimental « frappe notamment encore plus par ses notations encore plus sombres. Toute galanterie a disparu. Les fêtes galantes apparaissent ainsi comme la recherche d'un équilibre qui s'avère fragile. Ce monde féérique de la fête n'est qu'un refuge précaire.

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