Devoir de Philosophie

Fêtes galantes de Verlaine

Publié le 11/11/2018

Extrait du document

verlaine
Fêtes galantes
 
Toujours chez Lemerre, le recueil sort en 1869 : il contient bien sûr certains poèmes déjà publiés, notamment le premier de la série, « Clair de lune », que la Gazette rimée fit paraître sous le titre prémonitoire de « Fêtes galantes ». On compte en tout vingt textes dont l’unité est probablement plus nette que celle des Poèmes saturniens, à la fois dans les thèmes et dans la manière. Nous sommes cette fois dans un xviiie de convention dont le décor peut rappeler Watteau et les personnages, Marivaux : ce ne sont qu’Arlequins, abbés qui divaguent, marquis et Célimènes, masques et bergamasques, faunes en terre cuite et singes en brocart! Quelques titres, là aussi, donnent une idée du climat choisi : « Pantomime », « les Ingénus », « Fantoches », « Cythère », « Mandoline » et le célèbre « Colloque sentimental » :
Dans le vieux parc solitaire et glacé.
Deux formes ont tout à l'heure passé.
On voit bien l’intérêt et les raisons d’un tel choix : assez lointaine pour apparaître comme un autre monde, révolu et légèrement exotique, l’époque est en même temps assez proche pour qu’on puisse la regretter. Elle correspond également dans ses préoccupations et dans ses éclairages favoris à la poétique verlainienne : inquiétude et douceur de vivre, esprit et sensualité, il y a là des déséquilibres, des sentiments mêlés dont le charme animait déjà quelques poèmes saturniens. Car les Fêtes galantes jouent la difficulté : en fait, Verlaine ne part pas vraiment à la recherche de la couleur « vraie » d’une époque, il ne vise pas, comme les Goncourt, à la ressusciter. Il fixe plutôt les fantasmes d’une imagination nostalgique, aussi bien dans le rêve imprécis :
Rires oiseux, pleurs sans raisons,
Mains indéfiniment pressées, Tristesses moites, pâmoisons. Et quel vague dans les pensées!
(« En patinant ») que dans le sourire spirituel ou la farce :
Pierrot, qui n'a rien d'un Clitandre,
Vide un flacon sans plus attendre,
Et, pratique, entame un pâté.
(« Pantomime »)

verlaine

« nuque ou d'un «bas de jambe» aperçu.

Au fond, il n'y a de durable et de profond que ce qui semble fragile et superficiel : Je temps perdu resurgit dans l'instant privilégié, l'émotion aussi de ce que J.-P.

Richard appelle une poésie du « fané �).

On comprend mieux alors les nouveautés de la technique poétique de Verlaine, qui tente certaines expériences, non par goût de 1 'audace gratuite mais pour fixer précisément certaines sensations jusqu'à présent inexprimées et donc inédites; allitéra­ tions obsédantes, vers rompus, ellipses, césures inatten­ dues, interjections nombreuses, utilisation du dialogue ou de la forme épistolaire : autant d'effets de 1' art qui visent au naturel et n'atteignent la désinvolture que par une élaboration extrême : - Je voudrais être petit chien! - Embrassons nos bergères, l'une Après l'autre.

-Messieurs! eh bien? - Do, mi, sol.-Hé! bonsoir, la Lune! («Sur l'herbe »). »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles