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veux-tu dire ?

Publié le 22/10/2012

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veux-tu dire ? — P. Eh bien, par exemple, si l'un de nous est le maître ou l'esclave de quelqu'un, ce n'est certainement pas du Maître en soi, de l'essence-Maître qu'il est esclave, et ce n'est pas non plus de l'Esclave en soi, de l'essence-Esclave, qu'il est maître ; mais du fait qu'il est homme, c'est avec un homme que ces deux relations s'établissent. Quant à la Maîtrise-en-soi, c'est par rapport à l'Esclavage-en-soi qu'elle est ce qu'elle est, et de même l'Esclavage-en-soi est esclavage de la Maîtrise en-soi. Mais les réalités qui sont nôtres n'ont pas d'action sur les réalités que sont les Formes, par plus que celles-ci n'en ont sur les nôtres, mais je dis qu'elles relèvent d'elles-mêmes et qu'elles ont rapport entre elles, et pareillement que nos réalités ont rapport entre elles. Ne comprends-tu pas ce que je veux dire ? — S. Je comprends parfaitement. — P. Donc la Science en soi, l'essence-Science, c'est de la Vérité en-soi, de l'essence Vérité qu'elle sera science ? — S. Parfaitement. — P. Chacune des sciences, par conséquent, dans son essence, c'est respectivement de chaque Réalité dans son essence qu'elle sera science, n'est-ce pas ? — S. Oui. — P. Quant à la science qui est la nôtre n'est-ce pas à la vérité qui est la nôtre qu'elle va se rapporter ? et par suite chacune de nos sciences, n'est-ce pas de chacune de nos réalités qu'elle va être science ? — S. Nécessairement. — P. Or les Formes en elles-mêmes, tu le reconnais, elles ne sont pas en nous, elles ne peuvent être parmi nous ? — S. En effet. — P. Les Genres en soi, dans leur essence respective, c'est par une Forme en soi, la Forme de la Science qu'ils sont connus ? — S. Oui. — P. Or cette Forme de la Science, nous ne l'avons pas. — S. Non, en effet. — P. Donc, nous du moins, nous ne connaissons aucune des Formes, puisque nous n'avons pas part à la Science en soi. — S. Il semble que non. — P. Donc le Beau en soi essentiel, et le Bien et tout ce que nous concevons comme étant Forme en soi, tout cela nous est inconnaissable. — S. Il y a des chances. — P. Mais voici plus grave encore. S'il y a un genre en soi de la science, il comporte, tu en conviendras, beaucoup plus d'exactitude que la science qui est nôtre, et ainsi de la Beauté et de tout le reste. — S. Oui. — P. Donc, si tant est qu'un autre être ait part à la Science en soi, c'est à Dieu plus qu'à tout autre que tu attribuerais la science la plus exacte ? — S. Nécessairement. — P. Eh bien, ce Dieu qui possède la Science en soi sera-t-il capable de connaître nos réalités ? — S. Pourquoi pas ? — P. Parce que nous sommes convenus, Socrate, que ni les Formes transcendantes n'ont d'action sur nos réalités, ni nos réalités sur les Formes, et qu'elles n'ont d'action qu'entre elles. — S. En effet, nous en sommes tombés d'accord. — P. Dès lors, si c'est chez Dieu qu'il y a la Maîtrise la plus parfaite et la Science la plus parfaite, ni sa Maîtrise ne sera maîtrise sur nous, ni sa Science ne nous connaîtra, pas plus nous que nos réalités ; mais de même que nous ne commandons pas aux Dieux par le commandement dont nous disposons ni ne connaissons rien du divin par notre science, de même, et par la même raison, les dieux ne sont pas nos maîtres et ils ne connaissent pas les affaires humaines, tout dieux qu'ils sont. — S. Mais s'il en vient à dénier le savoir à Dieu, le raisonnement n'est-il pas par trop surprenant ? Parménide, 133a-134e 8. D'UN RÉALISME DE L'INTELLIGIBLE QUI REND TOUTE CONNAISSANCE ININTELLIGIBLE [L'ÉTRANGER-THÉÉTÈTE] — É. Adressons-nous donc aux amis des Idées, et toi, continue à être interprète. — T. Je m'y engage. — É. Le devenir, d'une part, et la réalité, d'autre part, vous les distinguez et les séparez, n'est-ce pas ? — T. En effet. — É. D'une part, c'est au moyen du corps, dites-vous, et par l'entremise de la sensation que nous communiquons avec le devenir ; d'autre part, c'est par l'entremise du raisonnement et au moyen de l'âme que nous entrons en relation avec la réalité véritable ; de cette dernière, vous dites qu'elle est toujours identiquement immuable, alors que le devenir varie à chaque instant. — T. C'est en effet ce que nous soutenons. — É. Mais cette communication, excellentes gens, quel sens dirons-nous que vous lui donnez dans ces deux cas ? Celui que nous indiquions à l'instant ? — T. Lequel ? — É. Passion ou action résultant d'une puissance surgie de leur mutuelle rencontre. Mais il se peut, Théétète, que leur réponse sur ce point t'échappe alors qu'elle m'est familière. — T. Et quelle est-elle donc ? — É. Ils ne reconnaissent pas ce que nous disions tout à l'heure aux Fils de la Terre au sujet de la réalité. — T. Mais encore ? — É. Était-ce une définition à peu près suffisante des êtres que celle-ci : ce en quoi réside une puissance de subir ou d'agir si peu que ce soit ? — T. Oui. — É. Or voici ce qu'ils rétorquent : le devenir participe bien de la puissance d'agir et de subir, mais à la réalité, ni l'une ni l'autre de ces puissances ne convient selon eux. — T. Mais disent-ils là quelque chose qui vaille ? — É. Quelque chose au moins qui mérite que nous leur demandions de bien vouloir nous préciser, s'ils accordent que l'âme connaît et que la réalité est connue. — T. Cela au moins ils l'accordent. — É. Mais alors, connaître ou être connu, est-ce, selon vous, action ? passion ? l'un et l'autre ? ou bien est-ce l'un passion, l'autre action ? Ou encore ni l'un ni l'autre n'a-t-il ni avec l'un ni avec l'autre aucun rapport ? — T. Il est évident qu'ils devront répondre : ni l'un ni l'autre n'ont rapport ni avec l'un ni avec l'autre, sous peine de contredire leurs affirmations précédentes. — É. J'entends bien, mais il leur faut du moins convenir que si connaître c'est agir, il en résulte nécessairement que, dans la connaissance, l'objet pâtit. Donc, par même raison la réalité en tant que connue par l'acte de

« 222 PlATON PAR LUI-MÊME en soi de la science, il comporte, tu en conviendras, beaucoup plus d'exactitude que la science qui est nôtre, et ainsi de la Beauté et de tout le reste.

-S.

Oui.- P.

Donc, si tant est qu'un autre être ait part à la Science en soi, c'est à Dieu plus qu'à tout autre que tu attribuerais la science la plus exacte?- S.

Néces­ sairement.

-P.

Eh bien, ce Dieu qui possède la Science en soi sera-t-il capable de connaître nos réa­ lités? -S.

Pourquoi pas? -P.

Parce que nous sommes convenus, Socrate, que ni les Formes trans­ cendantes n'ont d'action sur nos réalités, ni nos réa­ lités sur les Formes, et qu'elles n'ont d'action qu'entre elles.

- S.

En effet, nous en sommes tombés d'accord.- P.

Dès lors, si c'est chez Dieu qu'il y a la Maîtrise la plus parfaite et la Science la plus parfaite, ni sa Maîtrise ne sera maîtrise sur nous, ni sa Science ne nous connaîtra, pas plus nous que nos réalités ; mais de même que nous ne commandons pas aux Dieux par le commandement dont nous disposons ni ne connaissons rien du divin par notre science, de même, et par la même raison, les dieux ne sont pas nos maîtres et ils ne connaissent pas les affaires humaines, tout dieux qu'ils sont.

-S.

Mais s'il en vient à dénier le savoir à Dieu, le raisonnement n'est-il pas par trop surprenant ? Parménide, 133a-134e 8.

D'UN RÉAUSME DE L'INTELUGIBI.E QUI REND TOUTE CONNAISSANCE ININTELUGIBI.E [L'ÉTRANGER- THÉÉTÈTE] - É.

Adressons-nous donc aux amis des Idées, et toi, continue à être interprète.

- T.

Je m'y engage.

- É.

Le devenir, d'une part, et la réalité, d'autre part, vous les distinguez et les séparez, n'est-ce pas?- T.. »

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