Devoir de Philosophie

Victor HUGO

Publié le 03/12/2010

Extrait du document

hugo

Des scènes peupleront longtemps l'imagination du poète, du dramaturge et du moraliste : à 5 ans, il traverse les Alpes avec sa mère pour retrouver le colonel Hugo en poste à Naples ; il n'oubliera pas les membres humains rouges de sang, pendus aux arbres, et aura toute sa vie l'horreur des supplices et de la peine de mort. En 1811, l'Espagne en révolte contre l'armée impériale dresse un tableau de feu à l'enfant qui, à nouveau, rejoint son père et rencontre la petite Pépita, qu'il n'oubliera pas :

« Et c'était presque une femme

Que Pépita, mes amours.

L'indolente avait mon âme

Sous son coude de velours. «

 

L'âge de la gloire

 

Lorsqu'il donne au théâtre Cromwell, Hugo est déjà un poète reconnu : ses Odes et Ballades de 1826 l'ont consacré. Mais c'est bien par cette oeuvre et surtout par la fameuse Préface qu'il ouvre la voie royale du romantisme hugolien, fait de lumière et d'ombres, de contrastes accentués. Les Orientales (1829) où se mêlent sensualité, cruauté, exotisme, sont publiées la même année que Le Dernier Jour d'un condamné qui dit son horreur de la peine de mort : deux facettes de Victor Hugo qui se retrouveront jusqu'à la fin de sa vie.

Hernani fut écrite en un mois et reçue par les Comédiens-Français dans l'enthousiasme, même si par la suite l'actrice Mlle Mars, réticente devant le ton de la pièce, dut subir la colère de l'auteur. On sait le succès d'Hernani et l'agitation qu'il y eut autour de la pièce : d'aucuns se plaignaient des amis de Hugo qui n'avaient su garder « ni mesure, ni décence « et il fallut « recommander aux fidèles de service de ne plus applaudir sur les joues de leurs voisins « (A. Maurois, Olympio ou la vie de Victor Hugo). Arrive 1830 et Hugo a une attitude politique nuancée : il n'avait pas eu à se plaindre de Charles X - hormis l'interdiction de Marion Delorme -, mais il accepte d'emblée la monarchie constitutionnelle, en affirmant néanmoins - c'est son hostilité à la violence  qui prime ici - « il nous faut la .chose république et le mot monarchie «.

En 1831, Notre-Dame de Paris décrit la première des trois fatalités - anankè - qui pèsent sur les épaules de l'humanité : anankè du dogme religieux ; Les Misérables dénonceront l'anankè sociale et Les Travailleurs de la Mer, l'anankè de la nature.

Aux répétitions de Lucrèce Borgia, il rencontre Juliette Drouet, actrice médiocre mais femme de grande sensibilité et dévouement, qui allait être sa femme de l'ombre pendant un demi-siècle.

Grâce à l'amitié de l'héritier du trône, le duc d'Orleans, Hugo reçoit l'autorisation de créer un nouveau théâtre, le théâtre de la Renaissance, qu'il inaugure avec BI« Blas en 1838. La pièce n'aura qu'un demi-succès. Le critique Gustave Planche juge sévèrement le « puéril entassement de scènes impossibles « et ajoute : « M. Hugo a connu la gloire de trop bonne heure... Il s'est enfermé dans l'adoration de lui-même comme dans une citadelle «.

 

La force des convictions

 

L'aimée 1843 est sombre, l'échec des Burgraves semble sonner le glas du drame romantique. Une jeune comédienne, Rachel, redonne alors aux Parisiens le goût de la tragédie classique. Mais surtout, le lundi 4 septembre est jour de deuil : Léopoldine Hugo et son mari se noient au cours d'une promenade en barque. Hugo écrivit pour sa fille morte quelques uns de ses plus beaux poèmes.

1848 voit Hugo toujours incertain : le pair de France est républicain en principe, mais soutient la régence de la duchesse d'Orléans` pour se rallier enfin au prince Louis-Napoléon qui porte un si grand nom... Peu à peu, son opposition devient irréductible. Au lendemain du coup d'État - le 2 décembre 1851 - , il doit prendre le chemin de l'exil. Bruxelles, puis les îles, Jersey et Guernesey.

Loin des salons parisiens, loin des puissants qu'il a longtemps fréquentés, Hugo retrouve une nouvelle vie, de nouvelles forces. Les Châtiments disent la colère du proscrit, le mépris pour le petit homme qui a pris le pouvoir dans le sang et la haine. Trois ans plus tard,

imprimés en France, où la censure s'est adoucie, Les Contemplations témoignent d'une inspiration riche et variée. La critique fut élogieuse. Cependant, quand, en 1859, l'Empire offre l'amnistie aux exilés, Hugo la refuse avec hauteur : « Fidèle à l'engagement que j'ai pris vis-à-vis de ma conscience, je partagerai jusqu'au bout l'exil de la liberté. Quand la liberté rentrera, je rentrerai «.

Les Misérables suscitèrent l'enthousiasme et la peur. Les passions politiques se mêlèrent à la critique littéraire et Hugo apparut aux yeux de certains comme un dangereux révolutionnaire.

La reprise triomphale d'Hernani en 1867 puis de Ruy Blas en 1872 font de Victor Hugo le grand auteur national, au-delà des modes passagères.

De retour en France en 1870 et siégeant à l'Assemblée, il a de grands projets qu'il n'aura pas le temps de faire aboutir : « Abolition de la peine de mort - Abolition des peines infamantes et afflictives - Réforme de la magistrature - Actes préparatoires des Etats-Unis d'Europe - Instruction gratuite et obligatoire - Droits de la femme «. Il avait écrit pour l'éternité et donné à penser à tout le XXe siècle politique.

 

Liens utiles