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Violence Et Pitié Dans Fin De Partie, Samuel Beckett

Publié le 17/01/2011

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La violence et la pitié sont deux termes qui a priori ne s’associent pas, et pourtant Samuel Beckett parvient à nous faire éprouver de la pitié au travers de la violence.

Comment Beckett parvient à associer violence et pitié?

Nous allons voir dans une première partie sous quelles formes la violence est représenté dans la pièce. Puis dans une seconde partie la pitié que le lecteur a pour les personnages en réaction à cette violence.

 

Nous remarquons que durant la pièce les personnages se font du mal les uns aux autres et par différentes manières. Ce qui nous frappe en premier est la violence physique, en effet l’idée d’extermination est très présente, avec le rat de Clov dans la cuisine « Et tu ne l’as pas encore exterminé?«(page 73), ou encore les morpions de Clov (page 48), ainsi que l’accusation sur la mort de mère Pegg (page 96-97) et enfin quand il s’agit du «môme«; «Et bien, va l’exterminer. « (page 101). Le rapport entre Hamm et Clov est très violent, nous pouvons le voir quand Clov frappe Hamm avec le chien en peluche; «Il […] cherche le chien, […] se précipite vers Hamm et lui en assène un grand coup sur le crâne « (page 99). Nous pouvons faire une remarque sur les noms des personnages, Hamm vient du mot «hammer« qui veut dire marteau en allemand, et Clov qui fait allusion au clou. Nous comprenons donc ici la relation maître-valet. Mais pour cette scène nous pouvons imaginer que le chien serait un marteau et frapperait le clou qui cette fois serait Hamm. Ce geste est symbolique au moment de l’œuvre. Et pour provoquer Clov, Hamm lui dit: «Si tu dois me frapper, frappe-moi avec la masse. […] Ou avec la gaffe, tiens, frappe-moi…« (page 99)

Ce qui déclenche la violence physique c’est la violence verbale, qui est aussi très exposé. Notamment quand Hamm donne des ordres à Clov à tout bout de champs («Ramène-moi à ma place.« page 40, «Regarde la terre.« page 41, «Va le chercher!« page 55…) De plus, certain de ces ordres sont donnés «Avec colère.« (page 63). Il y a aussi beaucoup d’insulte, se sont surtout Nagg et Nell qui sont insultés. Nagg est un «Maudit progéniteur!« (page 21) selon Hamm. Il est aussi un «Salopard!« (page 67). Mais Dieu aussi est insulté, c’est un «salaud« (page 74), et le langage utilisé durant la prière est vulgaire; «Je t’en fou!«, «Bernique!«, «Macache«. Autrement, les personnages passent leur temps à menacer, prédire et prophétiser. Hamm prophétise à Clov qu’il mourra de la façon la plus terrible qui soit, que sa lumière mourra (page 24). Nagg lui, attend les derniers moments de son fils, lorsque Hamm aura besoin de son père (page 75). Et Clov, dans son dernier monologue, attend sa fin, il se la représente comme une chute qui fera son bonheur, l’Apocalypse qui stopperait tout (page 106-107)

Une dernière forme de violence est dans Fin de Partie, la violence psychique et morale. Il s’agit ici de la torture, et chacun torture l’autre. Hamm provoque sans arrêt Clov; il lui dit de le quitter (page 53), de le tuer (page 53), seulement Hamm insinue que jamais il n’aura le courage de le faire. Hamm rappel aussi sans cesse que Clov lui doit quelque chose, par rapport au fait que Hamm l’ai recueillit sous son toit; «Sans Hamm […], pas de home.« (page 54). Cependant, Clov aussi torture Hamm. En effet, étant des survivants à cette Apocalypse, Clov dit «il n’y a plus de calmant«, se qui affole Hamm qui a absolument besoin de ceux-ci. Puis Clov procède à une lente torture, qui accentue la cruauté de Clov, par rapport à l’idée de son départ qui s’installe progressivement dans l’esprit de Hamm.

 

Ainsi, par cette violence et cette cruauté, on passe à la pitié. Tout d’abord, sans même l’idée de la violence, nous nous apitoyons sur le fait que tous les personnages de la pièce sont réduits physiquement. Seulement Hamm parvient à se moquer des moignons de Nagg alors que lui-même n’est pas dans une bonne condition. Ce qui amène le lecteur à avoir pitié de Nagg. Hamm demande aussi souvent à Clov comment il se sent physiquement, s’il voit ou comment vont ses jambes (page 51),  c’est une manière de se renseigner sur son déclin. Hamm lui-même parle de la pitié dans l’œuvre, à la page 52. Il se félicite d’avoir eu pitié de Clov, et de lui avoir ouvert la porte de sa maison, il en profite pour violenter moralement Clov qui se sent redevable et inférieur.

La pitié est reliée au cœur, et Hamm reconnaît que son cœur est mort (page 104-105) et veut quelques mots venant du cœur de Clov pour sa fin, il tente de susciter la pitié chez Clov. Seulement cela étonne Clov qui entame un poème qui fini en ridicule, la tentative de Hamm échoue. Nous pouvons donc dire après ces exemples que seule la pitié du lecteur peut être sollicitée, car il n’existe aucune pitié entre les personnages. L’investissement du lecteur, ou encore du spectateur est primordial, c’est-à-dire qu’il mènerait à la fonction cathartique de cette pièce. La catharsis consiste en la purgation des passions, Aristote est à l’origine de ce concept. Premièrement par rapport à l’Apocalypse qu’il y a au dehors, qui serait due à l’accumulation de tout ce que les hommes font a notre époque, notamment la violence envers l’environnement ou les avancées technologiques, d’où cette impression d’enfer due à une explosion nucléaire. Et donc par cette pièce les hommes s’en rendraient compte, et nous retrouvons la fonction cathartique ici. Deuxièmement, le lecteur est violemment exposé aux malheurs humains ce qui lui fait prendre conscience de sa condition, et ici aussi nous retrouvons la fonction cathartique de la pièce du à la pitié que le lecteur éprouve pour les personnages. Il se rend compte qu’en réalité il aurait pitié de lui-même.

 

En conclusion, nous pouvons attribuer la violence aux personnages de la pièce, et la pitié au lecteur ou au spectateur. C’est ainsi que le lien se forme entre personnages et lecteur, donc une association entre la violence e la pitié.

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