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1998 : La fin du capitalisme à la française

Publié le 05/12/2018

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Résultat : les investisseurs institutionnels étrangers détiendraient aujourd’hui à peu près la moitié de la capitalisation boursière de la place de Paris. Mais les impératifs de ces investisseurs institutionnels, assurer les meilleurs rendements aux épargnants, ne sont pas compatibles avec le fonctionnement traditionnel des grandes entreprises françaises : ce fonctionnement, peu transparent, n’a pas en effet comme finalité première la rentabilité du capital investi dans les groupes, et donc la valeur de leurs actions, mais le pouvoir des dirigeants et la croissance de leur empire. Progressivement, les investisseurs institutionnels anglo-saxons obligent les entreprises, dont ils détiennent bien souvent la majorité des actions, à abandonner ces pratiques.

 

Certains des alliés d’hier préfèrent fusionner, comme Suez et la Lyonnaise des eaux l’ont fait en 1997 ou la Compagnie générale des eaux et Havas en 1998 pour devenir le groupe Vivendi. D’autres, comme Saint Gobain ou Elf, s’adaptent à la nouvelle donne et rompent les participations croisées qui les liaient à d’autres groupes français.

 

Parallèlement, la mise en place du marché unique européen, et notamment les directives visant à ouvrir à de nouveaux acteurs le marché des services de réseau, oblige de nouveaux secteurs à s’internationaliser. La distribution, la communication (presse, radio, télévision, cinéma), les services de réseau (eau, électricité, chemins de fer), les services financiers (banque, assurance) ainsi que l’industrie militaire avaient conservé jusque-là de profondes spécificités nationales. C’est logiquement dans ces secteurs que se déroulent les principales opérations au sein du capitalisme français : OPA de Promodès sur Casino, OPA de Generali sur les AGF, absorption d’Havas par la Générale des eaux, affrontements entre Martin Bouygues et Vincent Bolloré, multiples rachats d’entreprises de distribution et de communication par François Pinault, privatisation de Thomson CSF, de F Aérospatiale, du CIC, du Gan, ouverture du capital de France Télécom... Et on ne prend guère de risques à prévoir que ce mouvement va se poursuivre. Avec la privatisation prochaine du Crédit Lyonnais se dessine en particulier une échéance capitale pour le secteur financier français.

L’arrivée en force des investisseurs institutionnels anglo-saxons

 

à la Bourse de Paris se combine à la mise en place du marché unique européen et à la création de l’euro. Ces mouvements de fond bousculent les réseaux d’alliances traditionnels des entreprises françaises basés sur des participations croisées. Avec des effets particulièrement sensibles dans les services de réseau, la défense, la communication et les services financiers.

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