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Dans quelle mesure la crise des années 1980 peut-elle être analysée comme une phase de mouvement long de type Kondratieff ?

Publié le 26/10/2010

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Pendant les trente années de croissance ininterrompue après la Seconde Guerre mondiale, bien peu d'économistes se préoccupaient encore des crises. Le recours à des politiques économiques keynésiennes semblait empêcher le retour cyclique de grandes dépressions comme celle de 1929. La crise, qui persiste depuis plus de dix ans, a fait resurgir des théories économiques longtemps négligées. Ainsi, le mouvement long de type Kondratieff est analysé dans de nombreux articles de presse et a pu même fournir le décor d'une émission de télévision. Selon Kondratieff, l'histoire économique est scandée depuis la première révolution industrielle par l'alternance de phases de hausse (A), puis de baisse (B) de la production, des prix et de l'emploi. Chaque cycle complet dure une cinquantaine d'années. La crise actuelle correspondrait donc à la phase (B) d'un mouvement long de type Kondratieff. Inscrite dans un processus historique qui se répète depuis deux cents ans, la crise serait identifiée et reconnue comme une période de dépression qui se reproduit tous les cinquante ans. Il deviendrait possible d'en comprendre la signification et surtout d'en prévoir la fin. La théorie de Kondratieff, écrite en 1925, est ainsi exhumée, parce qu'elle contribue à réduire les incertitudes et les craintes provoquées par la crise.

« durablement. Il semble alors possible de faire coïncider la crise profonde actuelle avec la phase (B) de dépression dumouvement long de Kondratieff. Aux « trente glorieuses » années d'expansion succéderaient trente années de crise.

Le cycle de Kondratieffprend la forme d'une malédiction biblique.

Plus longue aura été la croissance, plus dure sera la crise. Cette conception purement répétitive et mécaniste de l'histoire économique laisserait présager la fin de la criseseulement à la fin du 30(e siècle.

Cette limite implique qu'automatiquement, une reprise de la croissance économique interviendrait alors. Annoncer une crise aussi longue peut paraître pessimiste.

En particulier, les prévisions d'un chômage encorecroissant ne peuvent que désespérer.

Cependant, la crise devient une fatalité à laquelle nul ne peut échapper.La dépression actuelle s'inscrit dans la logique du développement économique depuis la révolution industrielle.

Ilserait vain de ne pas accepter les rigueurs d'une situation inéluctable. Pour dépasser cette attitude passive face à la crise, les explications du cycle de Kondratieff doivent compléterla simple observation des indicateurs économiques. B.

Les thèses explicatives du cycle de Kondratieff 1) L'innovation technologique Le rôle de l'innovation a été mis en valeur par J.

Schumpeter pour expliquer la croissance économique. Une grande innovation majeure est à l'origine de chaque cycle de Kondratieff.

Ces techniques, ou produitsnouveaux, transforment profondément l'organisation de la production d'un grand nombre de secteurs etrelancent l'activité économique. Ainsi, à chaque cycle du passé, correspond une innovation : machine à vapeur, chemin de fer,automobile.

Chacun de ces exemples montre l'importance des investissements mis en oeuvre,l'étendue des besoins créés et les mutations sociales induites. Ce renouvellement intense des structures économiques et sociales « dynamise » la croissance dansla phase (A) du cycle de Kondratieff. Le retournement de tendance et l'entrée dans la phase (B) se produisent lorsque la diffusion del'innovation majeure se ralentit et cesse de soutenir la croissance.

La demande pour ces biens oupour ces techniques nouvelles présente des signes de saturation.

Sur un marché réduit nesubsistent alors que les entreprises les plus performantes, capables d'affronter une concurrenceaccrue. La période de croissance de 1945 à 1974 s'est fondée sur la diffusion de biens de consommationdurables, tels que l'automobile, le réfrigérateur, la machine à laver, etc.

A partir des annéessoixante-dix, la faible progression du taux d'équipement des ménages en ces biens durables indiquele ralentissement de la demande et les risques de saturation du marché (doc.

5). La crise s'analyse donc comme une période de restructuration des entreprises qui se sontdéveloppées pendant la phase de croissance.

Apparaissent alors les technologies qui serviront debase à la prochaine phase de hausse.

Ainsi, pour sortir de la crise actuelle, la future innovationmajeure, capable de jouer un rôle moteur dans tous les secteurs de l'économie, pourrait êtrel'informatique. L'exemple de l'informatique montre qu'il est difficile de faire coïncider une période précise avec uneinnovation.

La diffusion des ordinateurs a commencé après la Seconde Guerre mondiale.

Malgré desperformances croissantes, un seul secteur peut-il relancer la machine économique ? En outre, les progrès dans un domaine technologique ne peuvent être isolés sans faire référence auxautres techniques.

Ainsi les recherches nucléaires ont impulsé au départ le développement del'informatique.

Privilégier une seule innovation, c'est simplifier à l'extrême le processus de croissanceet donner un rôle démesuré au progrès technique, facteur unique de l'expansion. 2) L'explication monétaire. »

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