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Grand Oral du Bac: Le mercantilisme xvie-xviiie siècle

Publié le 09/11/2018

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LE BULLIONISME

 

Issu du mot anglais bullion, qui signifie lingot, le terme bullionisme désigne la forme de mercantilisme appliquée dans la péninsule Ibérique. Elle consiste à conserver l'or et l'argent qui arrivent en abondance des colonies du Nouveau Monde et à empêcher leur fuite vers les autres pays d'Europe.

ENTRE RENAISSANCE ET REVOLUTION INDUSTRIELLE

Phénomène typiquement européen, le mercantilisme est un ensemble de théories et de pratiques économiques qui couvre la période allant de la Renaissance à la révolution industrielle, du xvie au xviiie siècle.

LES PRINCIPES

L'apparition du mercantilisme Dans l'économie médiévale, ce que chaque individu recherche, c'est essentiellement sa propre subsistance et celle des siens.

L'épargne est quasi inconnue. Le but de l'existence est de faire son salut et d'aider les autres à faire le leur. La vie terrestre n'est qu'un passage, et la richesse, une illusion. De fait, la morale imprègne fortement la vie économique : il ne doit pas y avoir de gain sans travail (interdiction de l'usure), et le gain doit lui-même être proportionné au travail auquel il correspond. D'où la notion de «juste prix», c'est-à-dire du prix capable d'assurer la subsistance du travailleur.

• À partir de la Renaissance, ces conceptions de la vie économique se transforment, notamment sous l'effet de l'afflux d'or et d'argent consécutif aux Grandes Découvertes, à la colonisation et à l'exploitation des mines du Nouveau Monde. Cet afflux de métaux précieux provoque une véritable révolution dans les esprits, d'autant que l'Europe était

jusqu'alors marquée par la rareté du numéraire qui entravait son développement économique.

• Dans un tel contexte, les sociétés européennes sont amenées à se poser des questions nouvelles sur la richesse, les moyens de l'accroître, les finalités de l'économie et les façons de la stimuler, notamment à travers le rôle de l'État. L'ère mercantile voit émerger et s’affirmer un point de vue spécifiquement économique sur le monde, hors de toute subordination éthique. La fin poursuivie n'est plus

notamment de lui qu'il diminue le nombre de jours chômés pour augmenter la quantité de travail, qu'il pratique la tolérance religieuse pour attirer les émigrés étrangers, qu'il acquière des colonies afin d'en tirer des matières premières et y écouler des produits manufacturés, qu'il impose une politique douanière favorable à l'économie nationale...

 

Concrètement, la première grande tendance du mercantilisme anglais (appelé aussi commercialisme) réside dans un fort protectionnisme de l'agriculture et de l'industrie (aide à l'exportation des grains et limitation de leur importation ; droits d'entrée sur les tissus étrangers...). D'autre part, la colonisation est fortement encouragée par l'État et les compagnies commerciales sont soutenues.

 

Le commercialisme anglais met

« fondation directe par l'État d'entreprises comme la Mt1nuft1dure nllfiont1/e des Gobelins, création de compagnies commerciales pourvues de monopoles et de privilèges (ComfHignies des Indes orientales et des Indes occidentales en 1664, Compagnie du Nord en 1669, Compagnie du Levant en 1670).

• 3.

Incitation à l 'expansion coloniale (mais Colbert se heurte à l'indifférence des Français pour les terres lointaines) et développement de la marine : les ports de Cherbourg, Brest, Rochefort, Toulon sont agrandis et aménagés; la construction nt1Vt1/e est stimulée ; une puissante flotte de r-=;::: -, guerre est mise sur pied pour protéger les lignes commerciales et les comptoirs lointains; le recrutement des équipages parmi les populations côtières est intensifié (Inscription maritime en 1668 ).

LE MERCANTILISME BRITANNIQUE, OU COMMERCIALISME Selon les théoriciens britanniques , la richesse de la nation repose certes sur la monnaie , mais pas thésaurisée comme en Espagne .

Loin d'en faire un tr ésor improductif , elle est a ssimil ée au capital et doit jouer le rôle de moteur des échanges .

Par ailleurs, les mercantilistes anglais veulent bien importer, à condition d'exporter encore davantage dans le but d'obtenir un excédent de la balance des paiements .

• En Angleterre , les mercantilistes s'adressent surtout aux marchands (et non plus au roi, comme en France) : c ' est de leur soif individuelle de profit qu'ils attendent l'accroissement de la richesse nationale, plutôt que de l'impulsion de l'État.

Grâce au commerce et à l 'enrichissement qui en résulte, le goût du confort et d'un certain luxe doit ainsi se développer , nécessitant pour sa satisfaction I'Dchllf de produits mt1nuft1durés , et par là même le développement des industries.

• Tout cela ne signifie pas que l'État ne doit pas intervenir .

On attend notamment de lui qu'il diminue le nombre de jours chômés pour augmenter la quantité de travail, qu'Il pratique la tolérance religieuse pour attirer les émigrés étrangers , qu'il acquière des colonies afin d 'en tirer des matières premières et y écouler des produits manufacturés , qu'il impose une politique douanière favorable à l'économie nationale ...

• Concrètement , la première grande tendance du mercantilisme anglais (appelé aussi commercialisme) réside dans un fort protectionnisme de l'agriculture et de l'industrie (aide à l ' exportation des grains et limitation de leur importation; droits d'entrée sur les tissus étrangers ...

).

D'autre part, la colonisation est fortement encouragée par l'État et les compagnies commerciales sont soutenues .

• Le commercialisme anglais met également l'accent sur le développement de /t1 mt1rine .

Après l'êchec de l'Invincible Armada espagnole en 1588 , l'Angleterre navigation, qui donne un monopole aux navires anglais sur le commerce extérieur.

Adopté par Cromwell , cet Acte interdit aux bâtiments étrangers d 'importer en Grande-Bretagne autre chose que les produits de leurs nations respectives et réserve à la marine nationale anglaise le monopole du trafic de l'Angleterre avec l'Amérique, l'Afrique et l'Asie .

LES AUTRES APPLICAnONS Ailleurs en Europe, le mercantilisme se limite l e plus souvent à des mesures fragmentaires , notamment au sein des multiples petits États italiens ou allemands , qui ne possèdent ni économie «nationale» ni administration solide .

La Suède mène toutefois une politique active d'aide à sa marine et à ses manufactures.

Enfin , la Russie adopte tardivement (XVII~ siècle) certains principes mercantilistes qui concernent surtout l'agriculture .

EFFETS ET LIMITES L'ESSOR ~CONOMIQUE n COMMERCIAL Le mercantilisme, notamment en France et en Angleterre, a incontestablement favorisé l 'essor économique , que ce soit dans les activités commerciales, industrielles, minières , btlnct1ires, ou encore à travers l'expansion coloniale .

L'État y a joué un rôle essentiel : il fallait son appui pour mener à bien des opérations d'envergure telles que les créllfions de mt1nuft1dures ou de compagnies de navigation.

Une accumulation et une concentration de capitaux sans précédent ont ainsi été permises .

En ce sens, les théories et pratiques mercantilistes apparaissent dans l'Europe moderne comme un nécessaire préalable au démarrage industriel et capitaliste des XVIII' et xiX' siècles.

• En France, le colbertisme a contribué à émanciper l'économie du cadre étroit des diversités régionales et locales , et du carcan des corporations.

Il a été à l ' origine de la prospérité de certaines villes (Amiens, Aubusson ou encore Saint-Étienne), de ports de commerce (Nantes, La Rochelle , Bordeaux , Sète), d 'arsenaux (Brest, Rochefort, Toulon), ainsi que de la création de nombreuses routes et voies d 'eau (canaux des Deux­ Mers, canal d'Orléans).

• Fortes du privilège royal, les mt1nuft1dures ont bénéficié du dispersés .

On peut ainsi avancer que la grande industrie est née en France sous l'effet des pratiques mercantilistes de Colbert .

LES CARENCES DU SYSTtME Toutefois, les faiblesses des théories et des pratiques mercantilistes n'ont pas tardé à apparaître .

En Espagne, dès le XVI' siècle, le résultat du bullionisme est une hausse générale des prix, la paralysie du commerce extérieur et la misère généralisée.

D'une certaine manière, l'afflux excessif de l'or et de l'argent américains, combiné à une politique mercantiliste qui les a retenus de s'écouler vers l'étranger, a été à l ' origine du déclin économique de la péninsule ibérique .

• Par ailleurs, le mercantilisme, perçu comme une guerre d 'argent aboutit souvent à une guerre tout court : une doctrine et une politique visant explicitement à la ruine des États voisins ne peut en effet que favoriser une logique belliqueuse.

Ainsi, le tarif protectionniste établi par Colbert en 1667 est la cause directe de la guerre de Hollande .

systématiquement sacrifiée .

En Angleterre , priorité est donnée à l'élevage des moutons, nécessaire à l'industrie textile .

En France , pour éviter les hausses de salaires, l'État maintient les prix agricoles au plus bas, ce qui explique notamment la misère paysanne sous le règne de Louis XIV.

• Dans le domaine industriel lui-même, l'écart est grand entre les ambitions affichées et les résultats sur le terrain.

Du vivant de Colbert , quelques grands négociants de Rouen ou de Saint-Malo soulignent les dangers du protectionnisme et les menaces de représailles étrangères .

Bien des manufactures et des compagnies disparaissent avant même la mort du ministre .

L'excès de réglementation et un dirigisme tracassier en arrivent à entraver le développement économique qu'ils étaient censés favoriser .

• Enfin, les excès de l'exploitllfion des colonies finissent par provoquer des révoltes: l 'exemple le plus fameux est celle des colons anglais d 'Amérique , qui va donner naissance aux États-Unis .

LA FIN DU MERCANTILISME Au XVII~ siècle , l'unanimité n'est plus de mise parmi les experts et les ministres des princes .

L'Angleterre (ayant assuré sa prépondérance maritime, coloniale et financière) abandonne les principes essentiels du mercantilisme .

En France , au contraire , le mercantilisme reste de rigueur dans la politique de l'État malgré quelques tentatives de libéralisation et de réforme (par exemple avec Jilrgolj .

• Durant ce «siècle des Lumières», l 'expérience menée sous la Régence par le financier John Lflw apparaît 1 S'agit-il monnaie le pivot de la vie économique et qu'il préconise une politique monétaire d'État Toutefois, le financier n'envisage pas l'accumulation de la monnaie comme un but en soi.

Selon lui, sa circulation est surtout le moyen par excellence de stimuler le commerce et la production.

Et par monnaie, Law n 'entend pas nécessairement or ou argent mais aussi monnaie fiduciaire • Si les pratiques françaises restent peu ou prou mercantilistes tout au long du XVIII' siècl e, les critiques théoriques se font toute fois de plus en plus vives .

Dès 1695 , Pierre de Boisguilbert, dans Le Détail de la France , estime que la richess e ne réside point tant dans l'accumul ation de la monnaie que dans la drculllfion des mt1rcht1ndises.

Il annonc e ainsi les reproches formulés contre le mercantilisme par les physiocra tes et les économistes libéraux .

POSTÉRITÉ DU MERCANTILISME Le mercantilisme a sans conteste répondu aux nécessités d'une époque ; les besoin s évoluant, les réponses devaient aussi changer, ce qui explique sa disparition (le libért1/isme et le Ctlpittllisme prenant le relais) .

~~---""!''l Cependant , l~lia~.J!fl.,,.._ll'influence des théories mercantilistes est encore I •IIII!I!!IJIIII• Iperceptible dans l'histoire récente.

Ainsi, le désir d 'enrichir ..

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le pays , de maintenir sa balance excédentaire, de stimul er les activités économiques nationale s et de les protéger contre la concurr ence étrangère est un souci qui reste actuel (notamment dans les périodes de crise, à l'image de celle de 1929) .

Mais, surtout, la pensée mercantiliste apparaît comme le premier effort pour analyser de façon précise et technique les phénomènes économiques, comme u n e contribution essentielle à l ' invention d 'une science de l'économie .. »

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