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► La compétitivité des entreprises doit-elle être un objectif majeur ?

Publié le 16/08/2012

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En ce qui concerne les pistes de réflexion pour l’avenir, Andrée Oger propose déjà de mettre comme priorité l’Homme et son environnement plutôt que l’actionnaire et ses dividendes.  Riccardo Petrella a pour sa part construit tout un chantier des alternatives pour l’avenir dans une représentation schématique, « l’octogonal de la société du bien commun mondial – A construire au cours des 20, 30 années à venir «. Il propose principalement :  _ La reconnaissance de l’humanité en tant que sujet politique et sujet juridique, ce qui passe notamment par la création d’un Tribunal pénal mondial des crimes contre l’humanité et d’une Autorité mondiale de la vie et du vivre ensemble  _ La définition et la promotion d’un ensemble de biens communs patrimoniaux mondiaux et de services communs publics mondiaux  _ La promotion d’une éducation au service du vivre ensemble, notamment avec l’aide d’un Internet citoyen.

« chômeurs de plus de 50 ans ou de longue durée, aux retraités qui voient fondre leurs retraites, aux millions de personnes sans travail dans les zones du monde lesmoins avancées… la seule réponse trouvée est « soyez compétitifs » et « ajustez-vous aux règles de l'économie de marché » .De nombreuses solutions existent pour permettre d'améliorer la compétitivité d'Etats ou d'entreprises.

On voici une courte liste non exhaustive :_ La réduction des coûts du travail_ La « défiscalisation » des bas salaires_ La réduction des dépenses publiques, notamment celles destinées à la protection et à la sécurité sociale_ La poursuite des actions de privatisation, de dérégulation et de libéralisation de l'économie (on retrouve ici la « Sainte Trinité » de Petrella)_ La réduction du rôle de l'Etat au financement des travaux infra structuraux et à la création de l'environnement le plus propice à l'amélioration de la compétitivitédes entreprises privées_ La stimulation et appui à l'investissement privé. Andrée Oger, conseillère générale communiste de Saint-André de l'Eure fait part sur son blog d'un point de vue autrement plus satirique et ironique :« Ces fainéants de français ne sont pas compétitifs parce qu'ils coûtent chers (salaire, charges sociales,...) et qu'ils ne travaillent pas beaucoup.

Et de prendre enexemple les bangladeshi qui travaillent 6 jours sur 7, 12 heures par jour, dès l'âge de 8 ans et pour des salaires frôlant le zéro.

Et ne leur parlez pas de congés payés,ils ne savent pas ce que c'est !La solution serait simple.

Alignons le niveau social français sur celui du Bengladesh et nous serions enfin compétitifs !Sauf qu'on rentre dans un paradoxe que le libéralisme est incapable de résoudre !Si tout le monde se met à bosser tout le temps pour survivre, vu les maigres salaires, où va t-on trouver des « couillons » pour acheter les objets fabriqués à bas coûts,les services proposés une misère et occuper les résidences de vacances construites pour deux francs - six sous ?Et puis, si le salarié français accepte de se sacrifier pour sauver les bénéfices des actionnaires de son entreprise, qu'est-ce qui empêche le salarié bangladeshi (ouanglais, ou brésilien) de diminuer encore plus son niveau de vie pour être encore plus compétitif que le français ? »Elle explique que vu qu'il y aura toujours quelqu'un de plus compétitif économiquement parlant, le jeu de la compétitivité devient une « course sans fin qui amène leproducteur aux abîmes de la civilisation ». 2.

Les effets de l'idéologie de la compétitivité et des politiques qui en découlent : On s'aperçoit que les effets néfastes du jeu de la compétitivité sont nombreux.

En effet, on a : * La création et le renforcement d'une logique de guerre : dans les relations entre les entreprises, opérateurs économiques, villes, et Etats (on parle d'ailleurs de« guerre économique » !).

Elle existe même dans les relations de partenariats, qui ne sont que des instruments au service de la compétitivité.

Les entreprises sont « desarmées s'affrontant pour la conquête des marchés et la défense des positions acquises […], leurs dirigeants […des] généraux, des stratèges.

» * Il y a par ailleurs une pression énorme sur « la ressource humaine », sur le « capital humain ».

Ce sont des expressions peu appréciables parce qu'elles sont dans lasymbolique que l'humain serait cantonné à être un moyen utilisable, voire corvéable parfois, comme s'il était sans âme, sans besoins autre qu'un salaire, idéalementdénué d'émotions et de leur expression.

Le Taylorisme et le Fordisme ont réussi à faire marcher tant bien que mal cette vision erronée de l'humain en entreprisesurtout grâce au fait que les ouvriers étaient surtout préoccupés à combler leurs besoins essentiels de se nourrir et se loger (ainsi travailler dans une entreprise –« paternaliste » - qui donne du travail, s'apparentait presque à un honneur…).Chaque cadre, ouvrier, lutte de façon permanente pour sa survie, subordonnée à la réalisation du chiffre d'affaire ou du taux de profit que l'entreprise a fixés, et celaau prix d'un stress considérable * Le rôle de l'Etat est détourné et réduit à un vaste système d'ingénierie juridique, bureaucratique et financière mis au service de la performance commerciale del'entreprise, chargé de créer les conditions les plus favorables à la compétitivité des entreprises ; au lieu de l'expression politique de l'intérêt public collectif, promoteuret garant de l'intérêt général.Il subit par ailleurs un certain déclassement, car il n'est plus qu'un acteur parmi d'autres.

Dévalorisation par rapport aux FTN (considérées comme les principauxacteurs et responsables du bien-être économique et social des populations.) * La démocratie est affaiblie, en conséquence de cela ; il y a un véritable transfert de tout pouvoir réel autonome des sujets politiques publics vers des forceséconomiques privées : on a accepté que ce soient les entreprises qui déterminent où investir en priorité, quels produits et services choisir, l'optimisation deslocalisations des activités productives (par exemple : délocaliser), etc.

Il ya cependant une raison au fait que les décisions au sein des entreprises ne soient pas prisesde façon démocratique : en effet une entreprise, quelle que soit sa taille, est la propriété d'une personne, d'un groupe de personnes, d'une autre entreprise ou deplusieurs autres entreprises.

Nul n'a le droit d'imposer quoi que ce soit au propriétaire légitime, de la même façon que personne ne peut venir chez une autre personnepour disposer à son gré de ses biens ou pour lui dicter un comportement.

Cela ne signifie évidemment pas que le salarié ne doit pas exprimer son point de vue sur lessujets qui le concernent et tenter d'en convaincre ses responsables. Il faut nuancer cette idée tout de même : le pouvoir des institutions politiques nationales reste très grand, mais il est comme subordonné à celui de sujets privés !Petrella parle de « privatisation du politique », le pouvoir des structures existantes de la démocratie représentative n'étant désormais plus que purement formel.

Leconcept de gouvernement est remplacé par celui de gouvernance * L'Etat perd son pouvoir de régulation politique, de définition et de promotion de l'intérêt général : le principe d'exclusion qu'engendre la primauté de lacompétitivité va même jusqu'à être légitimé.

En effet celle-ci fait que seuls ceux qui ont la « grâce » d'être compétitifs participent à ce genre de décision.

C'estd'ailleurs là le paradoxe du capitalisme : Plus la compétitivité augmente l'exclusion, plus les marchés perdent leur caractère concurrentiel (parce qu'on a réduit lenombre d'acteurs présents sur ceux-ci : il n'est plus possible alors que la compétitivité soit une modalité de comportement des agents économiques).

En ce quiconcerne l'exclusion,* C'est quelque un phénomène qui est malheureusement aggravé par l'éducation, devenue un instrument de sélection des meilleurs et de légitimation des inégalitéssocio-économiques liées aux inégalités de performance dans le curriculum éducatif, formatif.* Mais des pays entiers voire des continents, comme l'Afrique, sont touchés par l'exclusion : soit ils ne représentent pas de gros marchés, soit ils sont « culturellementincapables » de suivre le mouvement et de prendre partie au jeu de la compétitivité.

Certaines cultures ne sont en effet pas propices au développement d'unecompétitivité exacerbée.* Il y a eu une socialisation du fait que la « vérité » est du côté des plus forts sur le plan technologique, industriel et commercial.

Le maintien d'inégalités structurellesentre individus, groupes sociaux, régions serait légitime car la primauté est accordée à l'excellence ; de la même façon le décalage entre le Nord et le Sud seraitinévitable, justifié et légitimé par ce cadre de mondialisation capitaliste compétitive.* La forme la plus significative d'exclusion est le chômage, qui correspond aussi au démantèlement du « Welfare State » (« contrat social ») à la base dudéveloppement économique et social dans les années 1970.. »

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