La relation entre progrès technique et croissance chez Schumpeter
Publié le 29/03/2012
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Un lecteur de CD ou DVD, un ordinateur à processeur 3 Ghz, un graveur DVD-RW, un téléphone portable ou encore un
système GPS : que trouve-t-on de commun à ces objets issus des technologies nouvelles ? Tout simplement le fait d’être
des innovations de produit ; c’est-à-dire le résultat d’un ensemble d'inventions dont les applications industrielles ont
trouvé des débouchés commerciaux répondant à des besoins existants ou créant de nouveaux besoins. Il existe
pourtant des innovations technologiques qui se sont diffusées sans véritable succès : c’est le cas du DAT vite balayé par l’arrivée du standard Minidisc®. A travers ces exemples, on perçoit clairement que l’une des caractéristiques centrales de l'innovation est d’être un pari économique. Autre caractéristique de l’innovation : ses répercussions sont à la fois microéconomiques et macro-économiques. En effet, la diffusion de l’innovation modifie non seulement les pratiques de consommation des agents économiques mais se traduit également par une lutte d'entreprises pour le contrôle ou le partage du marché. Autant d’éléments qui ne manquent pas de se répercuter sur la croissance économique.
On peut comprendre alors l'intérêt suscité par les analyses théoriques de J.A. Schumpeter sur le rôle des innovations dans l'évolution conjoncturelle et structurelle du système capitaliste.
En effet, si l'on définit le progrès technique comme l'ensemble des mutations entraînant une nouvelle manière de
produire qui permet d'obtenir plus avec la même quantité de facteurs (progrès de processus) ou un nouveau
produit (progrès de produit), on peut mesurer combien peuvent être étroits les liens qu'il entretient avec la croissance.
Ces innovations qui découlent du progrès technique donnent alors de nouvelles occasions d’investir et peuvent être à l’origine de gains de productivité importants dont les retombées sur la croissance économique sont plus qu’évidentes.
Ainsi, la réflexion menée par Schumpeter sur le rôle des innovations permet d’entrevoir des réponses possibles à plusieurs interrogations :
- Quelle(s) relation(s) existe-t-il entre progrès technique et croissance économique ?
- Par quels mécanismes, le progrès technique donne-t-il naissance à la croissance?
- Pourquoi la dépression succède-t-elle à la croissance?
Globalement, il s’agit d’expliquer ce qui met en mouvement le capitalisme, c’est à dire ce qui permet d’expliquer sa dynamique. Pour actualiser cette problématique, on peut se demander si le ralentissement de la croissance économique qui affecte les économies des PDEM depuis le milieu des années 70 n’aurait pas une cause technologique ?
«
2 Il va donc étudier l'évolution du capitalisme et les fluctuations de l’activité économique sur la longue période.
Le
cœur de son analyse se résume dans l’interrogation suivante : « quels sont les facteurs qui mettent le capitalisme
en mouvement ? ».
Il considère le capitalisme non comme un état stationnaire mais comme un système, un ensemble dynamique qui
évolue en permanence.
En effet, selon Schumpeter, l’économie serait statique sir le système ne produisait pas
spontanément de nouvelles combinaisons productives ; celles-ci étant dues à l’innovation, c’est à dire au progrès
technique.
Au cœur du changement, il y a donc de nouvelles combinaisons productives ou innovations.
Ces nouvelles
combinaisons apparaissent en grappes et sont le moteur essentiel de l’évolution économique.
L'entrepreneur innovateur va jouer un rôle essentiel car il est celui qui innove en insérant dans le processus
économique les inventions fournies par le progrès scientifique et technique, en exploitant les perspectives de
profit toujours plus élevées offertes par de nouveaux marchés, de nouvelles matières premières, de nouvelles
formes d’organisation du travail, etc.
Pour mettre en œuvre l’innovation, il faut des capitaux importants qui seront fournis par les banques.
L’auteur
insiste alors sur le rôle moteur du crédit dans la dynamique du capitalisme.
2) Une approche plus approfondie de la théorie
La première conclusion importante de la pensée schumpeterienne est donc le rôle « d’impulsion » joué par
l’innovation dans la croissance et le rôle « d’action » joué par l’entrepreneur capitaliste.
a) Le rôle dynamique de l’innovation
Pour Schumpeter, l'évolution ne peut venir d'une modification quantitative (comme la hausse de la
population ou du capital).
La véritable transformation du système économique ne peut être que de
nature qualitative.
Par voie de conséquence, l'évolution devient synonyme de nouveauté, de
bouleversement des comportements économiques (niveaux et modes de vie) et des conditions de
l'activité économique.
Ainsi, Schumpeter montre au terme de son analyse que le facteur déterminant
entraînant l'évolution économique est l'innovation, essence même du capitalisme.
Celle-ci est au cœur,
non seulement du processus de croissance mais aussi de transformations structurelles plus
importantes.
En cela, la nature fondamentale du capitalisme est d'être en déséquilibre permanent sous
l'effet des innovations.
C'est dans cette optique qu'il distingue cinq types d'innovations :
§ fabrication d’un produit nouveau (= innovation de produit);
§ introduction d’une nouvelle méthode de production (= innovation de procédé);
§ ouverture d’un nouveau débouché (= nouveau marché) ;
§ conquête d’une nouvelle source de matières premières ;
§ forme nouvelle d’organisation du travail (= innovation organisationnelle).
En bref… Qu’entend-t-on par « capitalisme » et « capitaliste » ?
Le capitalisme est un système économique qui se caractérise par deux éléments :
- la propriété privée des moyens de production : cela signifie qu’une personne privée ou plusieurs personnes privées réunies en « sociétés » détiennent leurs propres moyens de production.
Concrètement, ces personnes ont le droit de gérer ces biens et peuvent recevoir des revenus (les profits) liés à cette propriété.
- L’accumulation du capital : Le profit et la recherche du profit maximal ne sont pas des traits spécifiques du capitalisme puisqu’ils ont de tout temps existé.
En revanche, ce qui fait l’originalité capitalisme, c’est le réinvestissement permanent des profits pour développer les moyens de productions et s’assurer des profits futurs.
On appelle ce processus l’accumulation du capital.
NB : on ne peut parler du capitalisme sans évoquer le contexte dans lequel il opère ; à savoir le rôle important du marché où s’exerce une forte concurrence entre les agents économiques.
Le capitaliste n’est autre que le personnage qui possède des capitaux et les investit dans des entreprises dans le but de réaliser des profits qu’il réinvestira à nouveau.
En bref… Qu’est-ce qu’une « combinaison productive » ?
C’est une association spécifique de facteur travail (quantité et qualifications) et de facteur capital (quantité et qualité)..
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