Devoir de Philosophie

Le concept de rationalité est il pertinent ?

Publié le 09/06/2012

Extrait du document

Devant le relatif irréalisme de la notion classique de rationalité économique H.Simon(1947) a développé le concept de rationalité limitée. Ce n’est pas une remise en cause de la rationalité mais du caractère absolu de la rationalité telle qu’elle est décrite par la théorie classique. Sa démarche se situe entre psychologie et économie et s’intéresse au processus de décision à partir duquel il démontre que l’hypothèse de rationalité absolue est irréaliste. Le décideur ou l’agent économique ne dispose pas de toute l’information possible et ne peut pas anticiper avec certitude comment les différents paramètres de sa décision vont évoluer. L’information est donc incomplète et incertaine .Le volume de l’information nécessaire à une prise de décision parfaite est tel qu’il est impossible qu’un individu puisse le traiter correctement. De plus réunir toute l’information serait très coûteux et long ,la décision aurait toute les chances de ne pas être prise en temps voulu à un coût supportable . Les décisions des agents sont influencées par les actions des autres agents avec lesquels ils sont en interdépendance et dont ils ne peuvent anticiper les actions. Toute décision est influencée par le contexte dans laquelle elle est prise et qui va en limiter la totale objectivité. Devant l’impossibilité matérielle et intellectuelle de trouver la solution parfaite l’agent va se contenter de prendre la décision qui lui semble globalement la plus satisfaisante mais qui ne sera pas optimale .

« maximisera son intérêt en consommant un produit jusqu' au niveau ou l'utilité marginale apportée par ce produit seraégale à la désutilité marginale générée par la dépense relative à l'acquisition du produit.

Le producteur continuera àproduire jusqu'au niveau où le coût marginal de production d'une unité supplémentaire produite sera égal à son prixde vente (celui-ci étant imposé par le marché) et maximisera ainsi son profit.

L'employeur embauchera des salariésjusqu'au niveau où le coût du salaire(fixé par le marché) sera égal à la productivité marginale du salarié , tout niveaud'emploi inférieur à ce point constituerait un manque à gagner pour l'employeur .

Le salarié cherchera à travaillerjusqu'au niveau où l'utilité marginale d'une unité de salaire supplémentaire sera égale à l' utilité marginale deconserver une unité de temps libre.

Un raisonnement identique peut s'appliquer au marché des capitaux où prêteurset emprunteurs chercheront à maximiser leur profit en fonction des taux d'intérêts ( fixés par le marché).La main invisible d'Adam Smith que constitue le marché assure l'équilibre des différents marchés grâce à lamaximisation des intérêts des différents agents hors l'Etat, on parle d' « harmonie des intérêts ».

Cette équilibre aété modélisé par Léon Walras (1874) de l'école de Lausanne et poursuivi par W.Pareto et ensuite perfectionné parArrow et Debreu (1972).

Pour Walras il ne peut y avoir de déséquilibres sur les marchés ,la flexibilité des prixajustant automatiquement le niveau de l'offre et de la demande .Un commissaire priseur se charge de collectertoutes les informations relatives aux offres et aux demandes et de par la confrontation de leur niveau de fixer le prixd'échange, ainsi tous les marchés se retrouvent simultanément à l'équilibre .Du fait de la rationalité des décisionsdes agents l'agrégation de leurs comportements individuels permet de placer le système économique dans unesituation optimale et harmonieuse.

On parle dans ce cas d' « optimum de Pareto ».Il s'agit d'un état d'équilibre oùl'on ne peut améliorer la situation d'un individu sans en réduire celle d'au moins un autre individu. L'utilisation du concept de rationalité en économie a été étendue par les thèses néo libérales et la nouvelleéconomie classique.J.Muth(1961)et R.Lucas(1972) ont développé la théorie dite des « anticipations rationnelles ».

Celle-ci suppose queles agents économiques outre les qualités de rationalité disposent d'une information parfaite et disponible et d'unecapacité à l'exploiter équivalente aux spécialistes.

Cela leur permet d'anticiper les évènements à venir avec autantd'efficacité que les économistes ou les décideurs politiques.

Par exemple si l'Etat essaye de relancer laconsommation par une politique budgétaire les agents anticiperont soit une augmentation future d'impôts soit unehausse de l'inflation et prendront les décisions rationnelles leur permettant d'en contrer les effets qu'ils estimentnégatifs.L'hypothèse de rationalité a aussi été développée au niveau de l'économie non marchande dans des domainescomme l'éducation ,les relations sociales,la politique.Gary Becker(1964)dans ses théories sur le Capital Humain a appliqué l'analyse de l'entreprise aux décisions del'individu .Celui ci comme l'entrepreneur procède à des investissements qu'il doit rentabiliser .Par exemple s'il investitdans une formation professionnelle il espère que l'argent dépensé et le temps passé lui permettront d'obtenir unmeilleur travail et un salaire plus élevé.

En toute rationalité l'individu cherche à égaliser le coût marginal de sesdépenses d'éducation avec leur productivité marginale.L'école des choix publics crée par G.Tullock(1962) et J.Buchanan(1986) crée un lien entre le comportement desagents lorsqu'ils évoluent dans la sphère marchande et dans la sphère publique .Elle postule que si ceux-ci agissentrationnellement dans un domaine il n'y a aucune raison qu'ils ne le fassent pas dans l'autre .

Les élus, lesélecteurs,les agents de l'état,gèrent leurs relations et optimisent leurs intérêts de la même manière qu'ils le feraientdans le cadre du marché.

Les élus agiraient comme des producteurs ,les électeurs comme des consommateurs et lesagents de l'état comme des salariés du secteur privé. Nous avons pu monter que le concept de rationalité économique semble fonctionner en tant que modèle théoriquemais nous allons nous apercevoir que certaines limites l'empêchent de garantir une situation optimale. B.

Un postulat dont les limites ne permettent pas l'optimisation Le fonctionnement du marché dans lequel interagissent les agents économiques implique que le postulat deconcurrence pure et parfaite soit respecté.

Or dans les faits il est extrêmement rare que cela soit vérifié sauf surcertains marchés particuliers .Il est difficile de s'imaginer que l'information soit gratuite ,parfaite ,complète et à ladisposition des agents afin de leur permettre de prendre des décisions optimales.

La nouvelle micro économiethéorisée par les auteurs de la nouvelle économie keynésienne a mis en évidence le problème de l'asymétrie del'information .

Cette théorie décrit la situation de deux agents se livrant à une transaction et où seul un agentdispose d'une information complète .Deux situations d'asymétrie de l'information peuvent se présenter entraînant des prises de décisions non optimales :_la sélection adverse ou l'anti- sélection.

L'agent ne disposant pas d'une information complète risque de sélectionneruniquement le mauvais produit ou d'écarter du marché le bon client .L'exemple de l'achat de voiture d'occasionillustré à partir de l'étude réalisée par G.Akerloff(1970) sur la marché du véhicule d'occasion est particulièrementéloquent .Le vendeur est parfaitement informé de l'état des véhicule qu'il propose à ses clients .Le client ne peutque se fier à ce que dit le vendeur mais veut absolument payer le prix le plus bas possible pour se prémunir du risqued'acheter un véhicule en mauvais état et fait donc pression sur le vendeur dans ce sens .Mais à ce prix le vendeurne désire pas vendre un véhicule en bon état et fera en sorte de placer à l'acheteur un véhicule en mauvais état.Cela entraîne une nouvelle pression à la baisse et progressivement les bons véhicules sont écartés du marché.

Lesecond exemple décrit par Stieglitz et Weiss (1981) montre comment un banquier peut écarter de ses offres decrédit un client parfaitement solvable et présentant un bon projet et ne conserver que les clients à risque.

En effetle banquier ne sait pas que son client possède un bon profil et pour se prémunir du risque de sélectionner unmauvais client il va proposer un taux élevé .Le bon client n'acceptera pas la proposition estimant celle-ci peuintéressante étant donné la qualité de son profil .Par contre un client présentant un mauvais profil acceptera la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles