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Le concept de rationalité est-il pertinent ?

Publié le 30/06/2012

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Une autre théorie,la « théorie des jeux «(Von Neumann et Morgenstern 1944) démontre que la maximisation des satisfactions individuelles ne permet pas toujours d’aboutir à un optimum collectif. Le dilemme du prisonnier illustre cette assertion .Deux prisonnier sont accusé d’un vol. Ils se déclarent non coupables mais ils peuvent ou pas accuser leur partenaire. Si ils s’accusent mutuellement ils sont condamnés tous deux à une peine légère. Si ils ne s’accusent pas ils sont libérés et peuvent se partager le produit du vol. Si l’un accuse et l’autre pas ,l’accusé est condamné à une lourde peine et l’autre est libéré et s’attribue la totalité du butin. Les deux prisonniers ne pouvant communiquer le choix le plus rationnel pour un prisonnier sera dans tous les cas de dénoncer l’autre et il sera soit libéré si l’autre ne l’a pas dénoncé soit condamné à une peine légère si l’autre l’a dénoncé. Dans tous les cas il s’agira d’une solution sous optimale par rapport à la non dénonciation mutuelle.

« B.

Un postulat dont les limites ne permettent pas l'optimisation Le fonctionnement du marché dans lequel interagissent les agents économiques implique que le postulat de concurrence pure et parfaite soit respecté.Or dans les faits il est extrêmement rare que cela soit vérifié sauf sur certains marchés particuliers .Il est difficile de s'imaginer que l'information soitgratuite ,parfaite ,complète et à la disposition des agents afin de leur permettre de prendre des décisions optimales.

La nouvelle micro économiethéorisée par les auteurs de la nouvelle économie keynésienne a mis en évidence le problème de l'asymétrie de l'information .

Cette théorie décrit lasituation de deux agents se livrant à une transaction et où seul un agent dispose d'une information complète .Deux situations d'asymétrie de l'information peuvent se présenter entraînant des prises de décisions non optimales :_la sélection adverse ou l'anti- sélection.

L'agent ne disposant pas d'une information complète risque de sélectionner uniquement le mauvais produit oud'écarter du marché le bon client .L'exemple de l'achat de voiture d'occasion illustré à partir de l'étude réalisée par G.Akerloff(1970) sur la marché duvéhicule d'occasion est particulièrement éloquent .Le vendeur est parfaitement informé de l'état des véhicule qu'il propose à ses clients .Le client ne peutque se fier à ce que dit le vendeur mais veut absolument payer le prix le plus bas possible pour se prémunir du risque d'acheter un véhicule en mauvaisétat et fait donc pression sur le vendeur dans ce sens .Mais à ce prix le vendeur ne désire pas vendre un véhicule en bon état et fera en sorte de placerà l'acheteur un véhicule en mauvais état.

Cela entraîne une nouvelle pression à la baisse et progressivement les bons véhicules sont écartés du marché.Le second exemple décrit par Stieglitz et Weiss (1981) montre comment un banquier peut écarter de ses offres de crédit un client parfaitement solvableet présentant un bon projet et ne conserver que les clients à risque.

En effet le banquier ne sait pas que son client possède un bon profil et pour seprémunir du risque de sélectionner un mauvais client il va proposer un taux élevé .Le bon client n'acceptera pas la proposition estimant celle-ci peuintéressante étant donné la qualité de son profil .Par contre un client présentant un mauvais profil acceptera la proposition l'estimant intéressante parrapport au risque qu'il sait représenter pour son banquier ._Le deuxième cas d'asymétrie de l'information concerne le problème de « l'aléa moral »qui présente deux types de situations :L'exemple du « tire au flanc »Un employeur n'a pas toujours la possibilité de vérifier l'efficacité du travail de son salarié qui peut en profiter pour tirer auflanc.

Il peut pour cela effectuer des contrôles ce qui entraîne un coût .Il peut aussi proposer une prime incitative ou menacer de sanction .Dans ce casde figure le principal(employeur)ne sait pas à la signature du contrat de travail si l'agent(employé)sera honnête et loyal alors que l'agent connaîtparfaitement son propre fonctionnement.

Donc soit il est loyal et il ne sert à rien d'engager des dépenses pour le surveiller ou le récompenser ,soit iln'est pas loyal et l'employeur a engagé un salarié qui ne mérite pas son salaire.

L'autre type de situation est constitué du cas où l'agent peut observerune action mais n'a pas lapossibilité d'en juger de l'opportunité .Prenons l'exemple d'un automobiliste amenant sa voiture en panne à réparer.

Une fois la réparation effectuéecelui-ci n'aura pas la possibilité de juger si le montant de la facture qu'il paye est justifiée et correspond bien aux réparations effectuées.

Pour en êtresûr il aurait fallu qu'il prenne un expert avant de faire effectuer la réparation.

Dans ce cas ou le garagiste est honnête et les frais d'expert sont inutilesou il est malhonnête et le coût des réparations est trop élevé.On voit bien que dans tous les cas des agents agissant rationnellement n'optimisent pas leur situation du fait de la difficulté voire de l'impossibilité dedisposer d'une information parfaite . Une autre théorie,la « théorie des jeux »(Von Neumann et Morgenstern 1944) démontre que la maximisation des satisfactions individuelles ne permetpas toujours d'aboutir à un optimum collectif.

Le dilemme du prisonnier illustre cette assertion .Deux prisonnier sont accusé d'un vol.

Ils se déclarentnon coupables mais ils peuvent ou pas accuser leur partenaire.

Si ils s'accusent mutuellement ils sont condamnés tous deux à une peine légère.

Si ils nes'accusent pas ils sont libérés et peuvent se partager le produit du vol.

Si l'un accuse et l'autre pas ,l'accusé est condamné à une lourde peine et l'autreest libéré et s'attribue la totalité du butin.

Les deux prisonniers ne pouvant communiquer le choix le plus rationnel pour un prisonnier sera dans tous lescas de dénoncer l'autre et il sera soit libéré si l'autre ne l'a pas dénoncé soit condamné à une peine légère si l'autre l'a dénoncé.

Dans tous les cas ils'agira d'une solution sous optimale par rapport à la non dénonciation mutuelle.Nous apercevons bien qu'en l'absence de concertation mutuelle la maximisation des intérêts individuelles n'aboutit pas à l'optimum des intérêts collectifs.Cette exemple qui peut s'appliquer à de nombreux cas de stratégie des entreprises ou de politiques économiques des Etats remet en cause la « maininvisible » d'Adam Smith et la notion d'optimum de Pareto.Un des postulats de la concurrence pure et parfaite qui est,comme nous l'avons déjà précisé, une condition inhérente de la rationalité économique, estainsi radicalement mise en cause mais ce n'est pas le seul à être concerné.

L' homoeconomicus être doué d'une parfaite rationalité et optimisanttoujours son choix en fonction de l'utilité que lui confère celui-ci est un individu totalement virtuel.

De nombreux auteurs, comme Keynes d'abord etensuite Bourdieu ont critiqué cette représentation et mis en évidence son irréalisme .

P.Bourdieu considère que cette notion n'est qu'une constructionpurement intellectuelle qui permet aux théoriciens de projeter ainsi leur raisonnement sur ce modèle de façon à le faire fonctionner selon leur propreraisonnement.

Pour Keynes « l'individu ne possède ni les moyens intellectuels ni les moyens matériels de connaître les tenants et les aboutissants de sadécision finale » .Par ailleurs D.

Kahneman(2002)théoricien de l'économie comportementale met en évidence les biais cognitifs et émotionnels qui affectent les processus de prise de décisions des agentséconomiques .

La représentation du producteur censé n'avoir comme objectif que la maximisation de son profit est extrêmement réductrice et ne reflètepas la diversité et la complexité de ses motivations.

En effet celui-ci peut rechercher d'autres buts comme l'augmentation de ses parts de marché ou desmotivations plus personnelles comme la réalisation de soi ,la volonté d'indépendance et d'autonomie,l'exercice du pouvoir .

De plus l'entrepreneur sevoit imposer ses prix par le marché.

Cette hypothèse réelle dans beaucoup de cas n'est pas vérifiée dans de nombreuses situations.

Stackelberg a décritde nombreux cas où le marché fonctionne dans un cadre de concurrence imparfaite et où la fixation du prix n'était pas réalisé par la confrontation del'offre et de la demande.

Dans les cas de monopole , de cartel, de position dominante,de stratégie de niche ou de différentiation le producteur a de réelsleviers d'actions sur la fixation du prix. La rationalité économique est un concept qui semble avoir un fonctionnement parfaitement efficace dans un contexte de modélisation théorique .Toutefois ,à partir de l'observation empirique des limites du modèle ,nous pouvons à ce niveau de notre réflexion légitimement douter de la pertinencedu concept.

Ce doute provient principalement de la quasi impossibilité de réunir toutes les conditions nécessaires à son fonctionnement.

Ces conditionssemblent trop strictes et trop théoriques .

C'est pourquoi une prise en compte d'autres facteurs et une évolution du concept lui-même semble nécessairemême si cela n'évite pas sa remise en cause. II.

Un concept élargi mais contesté En effet devant les difficultés à faire fonctionner le concept de rationalité en dehors de sa modélisation théorique de nouvelles approches tentent demieux l'adapter à la réalité pour en faire un véritable outil pratique et utilisable dans la sphère réelle .

Néanmoins cet élargissement n'empêche pas saremise en cause. A.

Une approche plus réaliste du concept Devant le relatif irréalisme de la notion classique de rationalité économique H.Simon(1947) a développé le concept de rationalité limitée.

Ce n'est pasune remise en cause de la rationalité mais du caractère absolu de la rationalité telle qu'elle est décrite par la théorie classique.

Sa démarche se situeentre psychologie et économie et s'intéresse au processus de décision à partir duquel il démontre que l'hypothèse de rationalité absolue est irréaliste.

Ledécideur ou l'agent économique ne dispose pas de toute l'information possible et ne peut pas anticiper avec certitude comment les différents paramètresde sa décision vont évoluer.

L'information est donc incomplète et incertaine .Le volume de l'information nécessaire à une prise de décision parfaite esttel qu'il est impossible qu'un individu puisse le traiter correctement.

De plus réunir toute l'information serait très coûteux et long ,la décision aurait touteles chances de ne pas être prise en temps voulu à un coût supportable .

Les décisions des agents sont influencées par les actions des autres agents aveclesquels ils sont en interdépendance et dont ils ne peuvent anticiper les actions.

Toute décision est influencée par le contexte dans laquelle elle est priseet qui va en limiter la totale objectivité.

Devant l'impossibilité matérielle et intellectuelle de trouver la solution parfaite l'agent va se contenter de prendrela décision qui lui semble globalement la plus satisfaisante mais qui ne sera pas optimale .A la suite des travaux de Simon ,les théories de l'économie comportementale sont basées sur l'étude psychologique des comportements humains.

Ils'agit d'expliquer pourquoi un individu se trouvant dans un certain type de situation économique réagira d'une manière à priori irrationnelle .

Basée surdes observations ,des enquêtes voire des expériences de laboratoire (économie expérimentale) il en est ressorti que l'individu n'agissait pas en froidcalculateur dénué de tout sentiment .

Ses réactions étaient conditionnées par un ensemble de facteurs affectifs et émotionnels .

Les réactions à unesituation donnée pouvaient même avoir un caractère altruiste,chose peu imaginable chez l'homo oconomicus .Les exemples relatifs au commerceéquitable peuvent étayer ces théories .Elles expliquent pourquoi un consommateur est d'accord de choisir entre deux produits identiques celui qui sera leplus cher uniquement parce qu'il provient du commerce équitable.

La rationalité existe évidemment mais elle n'est plus à court terme et intègre l'intérêtcollectif.

Du point de vue des producteurs, certaines entreprises ont développé des pratiques éthiques et les ont appliquées tant au niveau de leurorganisation interne que dans le cadre de leurs relations avec leurs partenaires.

Cette tendance s'intensifie et cette démarche relève non pas d'unerationalité froide et calculatrice mais bien d'une prise en considération d'une rationalité à long terme et d'une dimension altruiste .. »

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