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L'Europe peut-elle devenir verte ?

Publié le 27/11/2011

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Mais alors, qu'est-ce qu'on attend pour cloner Kalundborg? Les initiatives intéressantes se multiplient, comme le parc éco-industriel de Devens, dans le Massachusetts aux Etats-Unis, ou celui de Burnside à Halifax en Nouvelle-Ecosse au Canada, mais elles restent des expériences isolées. Le développement de ce type de pratiques se heurte en effet à de nombreux obstacles. Et d'abord aux coûts de transaction qu'impliquent les relations entre des entreprises travaillant bien souvent dans des secteurs très différents. Ces relations nécessitent des échanges d'informations parfois jugées sensibles, et donc de la confiance. Quand il ne s'agit pas d'investissements d'infrastructures, comme un pipeline pour acheminer de la vapeur, par exemple. Ce système suppose donc un engagement de long terme entre deux entreprises, voire plus. Une gageure souvent dans le capitalisme actuel.

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« de construction en plâtre, et à la municipalité de Kalundborg, qui l'utilise pour son système de chauffage urbain.L'eau tiède rejetée par la centrale est quant à elle utilisée par une ferme piscicole à proximité.

Tandis que l'unité dedésulfuration de ses gaz de combustion lui permet de fournir du gypse à Gyproc, etc.

Au total, 26 contratsd'échange de matières, d'eau ou d'énergie se sont mis en place au fil du temps, permettant des réductions tangiblesde la masse de matières premières consommées: la symbiose industrielle de Kalundborg permettait déjà au début desannées 2000 d'économiser 20 000 tonnes de pétrole par an, 200 000 tonnes de gypse, 15 000 tonnes de charbon ouencore de 2,9 millions de mètres cubes d'eau.

Avec pour conséquence une réduction importante des émissions degaz à effet de serre.Ce principe selon lequel les sous-produits d'une activité deviennent les ressources d'une autre activité n'est pasneuf, ni utilisé seulement à Kalundborg, loin de là, mais rarement ce type d'échanges a été autant systématisé.

D'oùl'intérêt que cette expérience suscite dans le monde entier.

Le potentiel d'une généralisation d'un tel système est eneffet considérable.

Ne serait-ce que si l'on considère la montagne de déchets que produisent les activités humaines:selon un récent rapport des Amis de la Terre (1), la moitié des matériaux potentiellement recyclables au sein desdéchets résidentiels, commerciaux et industriels de l'Union européenne à 27 ont été incinérés ou enfouis sous terreen 2004.

Si ces matières avaient été recyclées, c'est l'émission de 148 millions de tonnes de CO2 qui aurait pu êtreévitée, soit l'équivalent des émissions de 47 millions de véhicules chaque année en Europe.

En outre, ces matièresreprésentent une valeur monétaire potentielle de 5,2 milliards d'euros.De nombreux obstaclesMais alors, qu'est-ce qu'on attend pour cloner Kalundborg? Les initiatives intéressantes se multiplient, comme leparc éco-industriel de Devens, dans le Massachusetts aux Etats-Unis, ou celui de Burnside à Halifax en Nouvelle-Ecosse au Canada, mais elles restent des expériences isolées.

Le développement de ce type de pratiques se heurteen effet à de nombreux obstacles.

Et d'abord aux coûts de transaction qu'impliquent les relations entre desentreprises travaillant bien souvent dans des secteurs très différents.

Ces relations nécessitent des échangesd'informations parfois jugées sensibles, et donc de la confiance.

Quand il ne s'agit pas d'investissementsd'infrastructures, comme un pipeline pour acheminer de la vapeur, par exemple.

Ce système suppose donc unengagement de long terme entre deux entreprises, voire plus.

Une gageure souvent dans le capitalisme actuel.Autre difficulté: avant de les proposer à d'autres, il faudrait encore que les entreprises aient une connaissanceprécise des sous-produits que leur activité engendre, ce qui est loin d'être monnaie courante.

C'est précisémentpour lever certains de ces obstacles que l'un des groupes de travail du Grenelle de l'environnement préconisait lacréation de "places de marché" des déchets industriels.

Le statut juridique de ces déchets est lui-même biensouvent un problème: leur remise dans le circuit économique est (à juste titre) très souvent réglementée, quand ellen'est pas tout simplement interdite.Enfin, il semble souvent plus facile de créer ex-nihilo des parcs éco-industriels autour de cette logique d'échangeque de la faire pénétrer dans des zones industrielles existantes.

C'est pourquoi l'écologie industrielle peut enparticulier trouver une application privilégiée dans les pays en développement pour y créer des conditions deproduction et de consommation durables, dans un contexte où les ressources naturelles sont bien souvent limitées.De la vente de biens à celle de servicesL'économie de fonctionnalité, c'est l'autre voie majeure pour réduire l'impact environnemental des activités desentreprises.

Il s'agit de faire évoluer leur modèle économique de la vente de biens vers celle de ser vices.

Si lesentreprises tirent de plus en plus leurs revenus des services liés à l'usage et à la maintenance de leurs produits, onpeut s'attendre à ce qu'elles développent des efforts particuliers pour mettre au point des produits pérennes,modulables et recyclables, ou pour dématérialiser leur activité.

Ce mouvement est déjà à l'oeuvre, mais il concernepour l'instant beaucoup plus les entreprises dans les relations qu'elles entretiennent entre elles que les marchés degrande consommation.Les exemples les plus aboutis se trouve sur le marché des pneumatiques et sur celui des photocopieurs.

AinsiMichelin a développé un service incluant la location de ses pneus aux entreprises de transport avec un tarif aukilomètre parcouru.

La firme équipe aujourd'hui de cette façon 270 000 camions en Europe.

Du coup, l'allongementde la durée de vie du pneu est devenu un enjeu primordial pour Bibendum.

Grâce à l'innovation et à un serviced'entretien adéquat assuré par ses techniciens, cette durée de vie a été multipliée par 2,5.Autre exemple marquant, Xerox: 75% de ses revenus proviennent désormais de contrats de services auprès desentreprises, avec mise à disposition de photocopieurs ou d'imprimantes qu'elle reprend en fin de vie.

Une évolutionqui a poussé Xerox à simplifier au maximum les composants de son matériel, afin d'être plus facilement réutilisés.90% d'entre eux connaissent ainsi une deuxième vie.La nouveauté contre la longévitéDIFFICULTé :Là encore, le développement de l'économie de fonctionnalité ne va pas de soi.

En premier lieu parceque l'innovation telle qu'on la conçoit le plus souvent pousse à l'accélération du renouvellement des produits plusqu'à l'allongement de leur durée de vie et à leur modularité.

Une telle course est évidemment insoutenable pourl'environnement, mais elle est au coeur de la dynamique de nombreux marchés, comme ceux du téléphone portableou des baladeurs numériques, par exemple.

Cette dynamique est d'autant plus compliquée à infléchir qu'elle s'appuiesur le désir de nouveauté des consommateurs, savamment entretenu par les campagnes de pub qui font de cesproduits aux yeux des utilisateurs un outil privilégié de différenciation sociale.Autre difficulté: les recompositions qu'une telle logique entraîne dans la chaîne de valeur.

Afin de développer sesinnovations à moindre coût, l'entreprise qui s'engage dans cette démarche doit maîtriser la conception de sesproduits en amont en contrôlant ses approvisionnements.

Mais, dans le même temps, elle doit également conserverla maîtrise de sa relation avec le client final, puisqu'une telle stratégie, pour être rentable, doit être inscrite dans ladurée.

Pour l'entreprise cliente d'un tel service, cela se traduit souvent par une perte de compétences et unedépendance accrue à l'égard de son fournisseur.Enfin, le développement de l'économie de fonctionnalité bute, en particulier sur les marchés de grandeconsommation, sur l'attachement viscéral des individus à la propriété et sur son négatif, le moindre respect accordé. »

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