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Alexandre

Publié le 30/12/2019

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Alexandre. 1. Alexandre de Phères (en Thessalie). Neveu et successeur de Jason, tyran de Phères de 369 à 358 av. J.-C. Combattu par la plupart des cités de Thessalie, il s’allia à Athènes pour contrecarrer l’expansion thébaine. Lors d’une rencontre avec le général thébain Pélopidas, durant une de ses expéditions, il le prit en otage et le garda jusqu’à ce que celui-ci fût finalement libéré par une autre expédition thébaine, en 367. Répondant à un appel de la Thessalie en 364, Pélopidas marcha contre lui et le vainquit à Cynoscéphales, mais trouva la mort. Plus tard, une autre armée thébaine, plus importante, défît Alexandre et le contraignit à s’allier à Thèbes. En 362, il s’enhardit à faire un raid contre Athènes et Le Pirée. Il fut assassiné en 358 par le frère de sa femme.

 

2. Alexandre le Grand. Alexandre III de Macédoine (356-323), fils de Philippe II et d’Olympias d’Épire.

 

1. Durant son enfance, son tuteur fut Aristote. Il fit rapidement la preuve de son intelligence et de ses capacités de commandement ; à seulement dix-huitans, il se distingua en menant la cavalerie macédonienne à la bataille de Chéronée (358) qui scella la défaite de Thèbes et d’Athènes face à la Macédoine. Lorsque son père fut assassiné en 336, il lui succéda sans rencontrer d’opposition, en tant qu’unique héritier mâle prétendant au trône du royaume et au gouvernement — en réalité à la dictature — de la Macédoine sur les cités-États grecques. Il fit tuer aussitôt le fils nouveau-né de Philippe dont la naissance menaçait ses prétentions, par l’épouse de ce dernier, Eurydice, connue également sous le nom de Cléopâtre. Quelques mois plus tard, il ordonna également l’assassinat d’At-tale, oncle d’Eurydice, alors commandant des forces grecques et macédoniennes en Asie. Peu avant sa mort, Philippe était sur le point de conduire son armée contre la Perse, pour prendre revanche des maux infligés à la Grèce durant les guerres mé-diques, cent cinquante ans auparavant. Alexandre pensait bien continuer cette guerre, mais il consolida tout d’abord sa position en Grèce et stabilisa les frontières du nord en battant les tribus danubiennes de cette région. Il est censé avoir rencontré le philosophe cynique Diogène durant un séjour à Corinthe.

 

Une fausse rumeur concernant la mort d’Alexandre poussa plusieurs États grecs à la révolte (335), mais excepté Thèbes aucune ne se rebella ouvertement. Alexandre arriva du nord avec une rapidité foudroyante (c’était du reste sa qualité la plus impressionnante) et fondit sur la cité. Les autres cités grecques, consultées quant au sort à réserver à Thèbes, votèrent sa destruction. Seule la maison du poète Pindare fut épargnée.

 

2. Une fois qu’il eut assuré la sécurité du territoire grec et en eut confié le contrôle à son général Antipater, Alexandre franchit 1’Hellespont et pénétra en Asie en 334 pour rejoindre ce qui restait de la partie avancée de l’armée de son père. Il était à la tête d’une armée d’environ 43 000 hommes et la flotte des alliés grecs comprenait une cinquantaine de vaisseaux de guerres. Tout comme le héros grec mythique Protésilaos en chemin pour Troie, Alexandre, qui modelait sa conduite sur celle des héros homériques, fut le premier à poser pied à terre ; il se rendit à Troie et sacrifia sur les tombes de divers héros. Réalisant son vœu d’une bataille décisive avec les Perses, il affronta Darius III au Granique et y défit son armée légèrement inférieure en nombre. Cette bataille, dont Darius sortit indemne, ouvrit à Alexandre la route de l’Asie Mineure. Se déplaçant rapidement, il emporta les villes de Sardes et d’Éphè-se. Un certain nombre de cités grecques de la côte lui ouvrirent leurs portes. Les Perses, ainsi que leurs partisans grecs, ne résistèrent que dans certains bastions; la Carie céda dans l’ensemble mais Milet dut être conquise. Après Milet, Alexandre se sentit assez puissant pour disperser sa flotte. Halicamasse ne tomba qu’après un siège opiniâtre. Des démocraties furent rétablies dans ces cités qui, bien qu’il se présentât comme le chef d’une ligue d’Ètats grecs, furent en réalité incorporées dans l’Empire d’Alexandre.

 

Après avoir conquis l’ouest et le sud de l’Asie Mineure, Alexandre atteint Gordion, ancienne capitale de l’Empire phrygien du roi Midas. La légende rapporte qu’il trancha de son épée le nœud qui attachait le joug au timon du char du berger Gordias, ce que nul n’avait réussi jusque-là (voir nœud gordien), illustrant ainsi la destinée qui devait le conduire à gouverner l’«Asie», c’est-à-dire l’Empireperse dans son ensemble. Il se peut que l’idée d’un Alexandre réalisant des prouesses mythiques fut d’ores et déjà propagée. En 333, à Gordion, Alexandre apprit que le commandant perse Memnon était parvenu à regagner certaines cités grecques, mais sa bonne fortune voulut que l’habile Memnon tombât malade et mourût; après son décès, les tentatives perses manquèrent de détermination.

 

Toujours à la poursuite de Darius, Alexandre progressa en direction de l’est, vers la frontière de la Phrygie, puis vers le sud à travers la Cappadoce et vers la Cilicie. Sa conquête de l’Asie Mineure pouvait désormais être considérée comme achevée. À Tarse, il tomba malade en se baignant dans les eaux malfaisantes du Cydnos, mais fut sauvé par son médecin Philippe. Cependant, Darius avait rassemblé une importante armée dans la partie orientale de son empire et il se préparait à la bataille décisive. Les armées se rencontrèrent à la fin de 333, à Issos, sur la côte, dans l’angle nord-est de la Méditerranée. La charge de la cavalerie d’Alexandre donna le signal de la défaite perse, qui tourna à la déroute lorsqu’on vit Darius quitter les rangs à un moment décisif. Il échappait à la capture, mais laissait derrière lui sa femme, sa mère et ses enfants. Le comportement chevaleresque d’Alexandre à leur égard à fait l’objet de nombreux commentaires et d’une riche iconographie. Dans le butin figurait un précieux coffret dans lequel Alexandre décida de conserver son exemplaire de L’Iliade d’Homère. Il prit pour maîtresse une femme de la noblesse perse, Barsiné, et resta cinq ans avec elle. Darius offrit les termes d’une paix généreuse, et l’on peut conclure du refus d’Alexandre que son objectif n’obéissait plus aux limites fixées par son père Philippe et par les Grecs, mais

 

qu’il ambitionnait la conquête de l’ensemble de l’Empire perse. Une anecdote rapporte les paroles de son général Parménion selon lesquelles lui-même aurait accepté les termes de cette paix, s’il s’était trouvé à la place d’Alexandre et la réplique de ce dernier : «moi aussi, si j’avais été Parménion».

 

3. Darius commençait à rassembler une immense armée pour ce qui devait être sa dernière bataille, tandis qu’Alexandre avait occupé l’année qui avait suivi la bataille d’Issos à s’emparer de la Phénicie, de la Palestine et de l’Égypte. Son succès le plus remarquable fut sans doute la prise de Tyr en 332, après un siège prolongé durant lequel il construisit une chaussée sur environ 3 km de bord de mer, pour appuyer ses machines de guerre. Surpassant peut-être cette prouesse, il fit édifier, lors du siège de Gaza, une hauteur artificielle surplombant celle sur laquelle la ville elle-même était perchée, d’où il utilisa ses catapultes avec toute l’efficacité voulue. Riche en hommes et en céréales, l’Égypte, qui était sous la tutelle des Perses depuis sa conquête par Cambyse* en 525 av. J.-C., accueillit Alexandre avec enthousiasme et le couronna peut-être pharaon de Haute et Basse-Égypte. Au début de 331, il descendit le Nil de Memphis vers le Delta et fut frappé des possibilités commerciales et militaires qu’offrirait sa rive occidentale pour l’établissement d’une cité. Ainsi vit le jour Alexandrie, «nombril du monde civilisé», établie, comme toutes les villes fondées par Alexandre, sur l’emplacement d’une ancienne garnison militaire. Un voyage d’agrément entrepris à partir de l’Égypte mena Alexandre à l’oasis de Sioua (Siwa), afin d’y consulter l’oracle de Zeus Ammon. Il garda le secret sur les questions qu’il lui posa ainsi que sur les réponses qu’il en reçut, on sut seulement que le prêtre le salua du titre de « fils d’Ammon », ce qui conférait une dimension nouvelle à son mythe, renchérissant sur sa propre croyance en ses origines divines comme descendant de Zeus.

 

4. Lorsque Alexandre quitta l’Égypte au printemps de 331, en direction de la Perside, province d’origine des Perses, Darius avait disposé de plus d’un an pour mobiliser ses forces. Celles-ci attendaient Alexandre à l’est du Tigre, dans la plaine de Gaugamèles, près d’Arbèles; une fois de plus, l’armée perse fut défaite et Darius prit à nouveau la fuite. Après la bataille, Alexandre se dirigea vers le sud; la Baby Ionie, province d’une exceptionnelle fertilité, était tombée aux mains des Perses deux cents ans auparavant, et la cité de Baby lone le reçut comme un libérateur. De là, il poursuivit en direction de la province et du palais perse de Suze, à l’extrémité de la route royale qui s’étirait sur environ 2 500 km à travers la Perse à partir de Sardes. Au début de 330, Persépolis, centre rituel de cet empire et symbole hautement haïssable aux yeux des Grecs, fut prise par Alexandre et mise à sac par ses soldats. Elle fut ensuite réduite en cendre, peut-être pas tout à fait délibérément : une légende rapporte que la maîtresse grecque d’Alexandre, Thaïs, l’y incita, mais qu’il le regretta par la suite. L’immense trésor dont il s’empara à Persépolis fut transporté dans un trésor central à Hamadan sous la garde de son fidèle général, Parménion. Alexandre dispersa alors toutes les troupes alliées ainsi que la cavalerie thessalienne ; la guerre prenait ainsi un caractère nouveau, elle ne devait plus constituer désormais une revanche des Grecs sur les Perses, mais prenait l’allure d’une campagne menée par Alexandre en vue de ses propres objectifs et intérêts. Après l’assassinat de Darius par Bassos, satrape de Bac-triane, qui mit fin à la lignée des Achéménides, Alexandre se considéra comme le dirigeant légitime de l’Empire perse, tenu par conséquent de châtier le régicide Bessos et de traiter toute révolte future comme une rébellion. Il adopta, de manière significative, des éléments du costume royal perse, la tunique rayée, la ceinture et le diadème. Son ami Héphaistion l’approuva, mais ce ne fut pas le cas de tous. Il était clair alors qu’il visait à conquérir tout l’Empire.

 

5. La poursuite de Bessos entraîna Alexandre aux confins de l’Iran et dura de 330 à 327, années durant lesquelles il assujettit les vastes étendues de l’Hyrcanie, l’Arie, la Drangiane, la Bactriane et la Sogdiane. Alors qu’il se trouvait en Drangiane, Alexandre découvrit un complot contre lui dans lequel était impliqué un de ses officiers, Philotas, fils de Parménion. Il fit exécuter Philotas et dépêcha promptement un messager à Hamadan, ordonnant l’assassinat de Parménion lui-même, sur de simples doutes : il ne pouvait se permettre le risque d’une trahison sur ses arrières, par le général qui avait la haute main sur les carrefours de communication de l’Empire, le Trésor et l’armée.

 

Avançant à partir de la Drangiane, Alexandre accomplit son exploit le plus brillant en entraînant son armée à travers les neiges de l’Hindû Kûch, montagnes que ses hommes croyaient être le Caucase, car, dit-on, ils pensaient reconnaître, gravées dans la roche, les traces des chaînes qui entravaient Prométhée ; selon Aristote, on pouvait apercevoir, de leurs sommets, les confins orientaux du monde. Puis Alexandre rejoignit la Sogdiane, et y captura finalement Bessos qu’il tua. Il fonda une nouvelle Alexandrie sur le lieu de Factuelle Kandahar. En 328, il atteignit la frontière extrême-orientale de F Empire perse, le fleuve Jaxartes (Syr-Darya) et fonda là Alexandrie Es-chaté «la plus lointaine», à présent Leninabad. Un peu plus tard durant la même année, alors que l’armée se reposait à Samarkand, une violente querelle l’opposa à Clitos, officier d’un certain âge et ami fidèle. Alexandre tira son arme et le tua d’un coup violent, dans un acte impétueux dont il se repentit ensuite amèrement; on rapporte que, à la manière d’Achille dans L'Iliade, il se retira sous sa tente.

 

Vers le début de 327, Alexandre avait eu raison des dernières résistances aux frontières du nord-est grâce à la prise de deux forteresses de montagne apparemment inexpugnables. Parmi les prisonniers, se trouvait Roxane, fille d’un baron de Sogdiane dont Alexandre s’éprit au premier regard et qu’il épousa aussitôt. Un autre complot fut découvert la même année dans lequel était impliqué Callisthène, parent d’Aristote et historien de l’expédition; il fut emprisonné, puis finalement tué. On raconte que Callisthène avait refusé de rendre à Alexandre l’hommage traditionnellement dû aux souverains perses, la proskynésis, bien que l’hommage en question ait pu ne rien impliquer de plus que de baiser le bout des doigts d’une personne ou d’un dieu, ce qui, aux yeux des Grecs, équivalait cependant à un geste de prosternation et qu’ils considéraient comme une forme d’impiété lorsqu’elle s’adressait à des humains.

 

6. Durant l’été 327, Alexandre descendit vers les plaines de l’Inde. Ses motivations ne nous sont pas connues, il se peut que l’attrait exercé par l’Inde ait inspiré autant sa curiosité que son désir de nouvelles conquêtes. Pour les Macédoniens, il s’agissait d’un monde mythique empli de merveilles, ainsi que du lieu d’origine de Dionysos dont le culte était vivace en Macédoine. Aucun des prodiges de ce pays n’avait plus d’impact sur ces Occidentaux que les gymnosophistes (philosophes nus), dont la rencontre avec Alexandre constitua bientôt une part de la légende et dont l’ascétisme allait devenir un idéal inspirant nombre de gens. L’avance d’Alexandre fut contrée par les chefferies indiennes locales. Il lui fallut prendre d’assaut plusieurs forteresses de montagne, notamment la célèbre Aomos (Pir-Sar) qui, selon la légende, n’avait pu être enlevée par Héraclès lui-même. En 326, il franchit l’Indus et arriva au fleuve Hydaspe (Jhelum). C’est là que se déroula son ultime grande bataille au cours de laquelle il vainquit Poros, le souverain local et ses redoutables éléphants. Ce fut également la dernière bataille de Bucéphale, son fidèle cheval qui l’accompagnait depuis son enfance, blessé sous lui et qui mourut peu après. Alexandre progressa assez facilement à travers le reste du Punjab vers l’Hy-phase (Sutlej) et envisageait de traverser l’Inde vers le Gange, au sujet duquel il entendait à présent pour la première fois des récits, mais son armée, épuisée tant par les moussons que par les campagnes, refusa d’avancer. Alexandre céda et recula jusque sur l’Hydaspe. Là, une gigantesque flotte fut construite afin de transporter l’armée — qui atteignait peut-être un effectif de 120 000 hommes— avec son matériel, en aval du fleuve. Le commandement fut confié à Néarque, tandis qu’Onésicrite, qui écrivit un récit de l’expédition, avait en charge le vaisseau d’Alexandre. Des détachements de l’armée accompagnaient les embarcations le long de chacune des rives. Il y avait cependant encore des combats à mener et ce fut en affrontant Multan qu’Alexandre fut si grièvement blessé que ses soldats le crurent mort. Arrivés dans le delta de l’Indus en été 325, Alexandre prit le chemin du retour par voie de terre, laissant le soin à Néarque d’explorer la route maritime en remontant le golfe Persique. Alexandre choisit un itinéraire traversant la région désolée et désertique de Gédrosie (Baluchistan) au prix d’immenses pertes humaines. La flotte souffrit également mais arriva à bon port.

 

Lorsqu’il parvint à Suze, il trouva le trouble et la trahison au sein de son administration à laquelle il fit aussitôt subir une épuration énergique. Son ami et trésorier Harpale s’enfuit en Grèce avec une quantité importante de monnaie. La Grèce connaissait alors elle-même un climat d’agitation, notamment en raison de la proclamation d’Alexandre selon laquelle les exilés seraient admis à retourner dans leurs cités. Vers le milieu de l’été, il arrangea des mariages entre ses officiers et les hommes de son armée, et des femmes perses ; il encouragea ceux de ses soldats qui avaient des maîtresses asiatiques à les conserver comme épouses officielles. Il épousa lui-même Satira, fille de Darius. Certains, sans aucun doute, éprouvèrent de la colère et de la jalousie vis-à-vis de l’égalité de statut dont semblaient jouir les Orientaux, surtout lorsqu’un grand nombre de Perses furent enrôlés dans l’armée; ces sentiments trouvèrent leur expression lors d’une mutinerie qui se produisit à Opis quand Alexandre tenta de renvoyer certains vétérans dans leurs foyers, en Macédoine. Il fit exécuter les meneurs et se retira furieux sous sa tente, effrayant ces troupes par ses changements d’humeur. En automne, son ami intime Héphaistion mourut; à cette occasion, Alexandre se livra à des manifestations passionnées de son affliction, ainsi que le fit Achille pour Pa-trocle dans L Iliade. Il retourna ensuite à Babylone où il avait mis en œuvre des projets pour l’ouverture d'une route maritime reliant l'embouchure de l’Euphrate à l’Égypte. C'est là qu’en 323 il tomba soudain malade au cours d’une beuverie, soit en raison d’une fièvre antérieure, soit par empoisonnement; il mourut dix jours après. Son corps fut ramené à Alexandrie pour y reposer; c'est là que. trois siècles plus tard, le jeune empereur Auguste vit encore son cercueil qui fut sans doute détruit durant les violences de la fin du nie siècle apr. J.-C.

 

7. Alexandre est le plus grand général de l’Antiquité. Si la formidable organisation de l’armée macédonienne et les améliorations techniques apportées aux armes de siège ont contribué à sa position, il la doit plus que tout à une stratégie brillante et talentueuse, inspirée notamment par des qualités qui n’appartiennent qu’à lui : une rapidité de mouvement sans précédent, une résolution à s’attaquer à des défis apparemment impossibles, un engagement personnel dans les dangers des batailles et les rigueurs des campagnes et un sens du style héroïque dans tout ce qu’il entreprenait. Ces qualités et sa générosité lüi conféraient un ascendant indiscutable sur l’armée. Sa sympathie partagée pour les modes de vie perse et grec, qui s’est manifestée par le désir de placer à la tête de l'Empire des Macédoniens aussi bien que des Perses, constitue péüt-être son trait le plus original. Cette politique n'était guère populaire et peut bien avoir été l’une des causes des complots trames contre lui ainsi que de sa querelle avec Clitos.

 

De toute évidence, Alexandre avait un rapport personnel intense à la religion et témoignait, partout où il lesrencontrait, un respect scrupuleux aux dieux locaux. Durant sa vie déjà, sa divinité, comme fils de Zeus, fût largement proclamée; il semble, du reste, qu’il ait lui-même cru en sa propre divinité, encouragé en ce sens par sa mère. Il s’évertuait sans doute à égaler ces autres rejetons des dieux, les héros homériques. Son œuvre la plus durable consista à étendre la langue et les institutions grecques au monde oriental de telle sorte qu’il introduisît une rupture absolue avec le passé. Aucune des régions qu’il a conquises et occupées ne retourna inchangée à ces anciens usages. Les cités-États grecques ne recouvrèrent jamais non plus leur indépendance perdue sous Philippe. Le centre du monde grec hellénistique* se déplaça vers Alexandrie, et de cette évolution naquit un nouveau type de culture grecque.

 

8. Œuvres historiques et littéraires sur Alexandre. La principale source que nous avons conservée pour l’histoire des campagnes d’Alexandre est L'Anabase d’Arrien, qui s’inspire des écrits aujourd’hui perdus des officiers d’Alexandre: Ptolémée (le futur roi d’Égypte Ptolémée Ier Sôtêr), Aristo-bule de Cassandra et son capitaine de vaisseau, Néarque, tous favorables à Alexandre. Il se peut également qu’Ar-rien ait utilisé un journal perdu d’Alexandre (Ephémérides), mais certains savants doutent de l’existence même d’un tel journal. On peut également déceler dans l’histoire fragmentaire de Quinte-Curce une tradition différente, d’auteurs hostiles à Alexandre, le peignant sous les traits d’un tyran corrompu par le pouvoir; la plupart d’entre eux se rattachent à l’école péripatéticienne (aristotélicienne), dont l’opposition était relativement compréhensible après la mort de Callisthène. La Vie rédigée par Plutarque est une compilation réalisée à partir de différentes sources, favorables aussi bien qu’hostiles. La tradition la plus influente dérive cependant du récit que fit Clitarque, rédigé durant le IIIe siècle avant J.-C. et qui nous est connu à travers les écrits de Diodore de Sicile; on doit à Clitarque l’introduction de l’élément fabuleux qui sera plus tard développé dans les différentes versions orientales de la vie d’Alexandre. À partir des versions latines que l’on supposait traduites de Callisthène, la légende fut transmise à la poésie française des XIe et xiie siècles, donnant ainsi son nom à l’alexandrin de douze pieds. Il existe également deux œuvres en vieil anglais du XIe siècle basées sur la légende latine, mais c’est à partir de la poésie française que les légendes d’Alexandre passèrent dans les romans versifiés en moyen anglais, tel que King Alisaunder.

 

3. Alexandre d’Aphrodise (actif v. 200 apr. J.-C.). Le plus important des premiers commentateurs d’Aristote. Quelques-uns de ses commentaires (en grec) nous sont parvenus et ses ouvrages sont abondamment cités par les auteurs ultérieurs.

 

4. Autre nom pour Pâris.

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