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ATOME, ATOMISME (Atom, Atomism)

Publié le 03/04/2015

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ATOME, ATOMISME (Atom, Atomism)

Les Anciens avaient eu recours à la notion d'atome pour substituer à l'explication par le surnaturel une causalité naturelle et physique. Il s'agit principalement de Démocrite (vers 460-370 av. J.-C.) et d'Epicure (341-270 av. J.-C.), dont la philosophie a été exposée par le poète latin Lucrèce : De Rerum Natura (de la nature). Les atomes étaient pour eux des éléments simples, solides et indivisibles (« atomos «, en grec : insécable), dont se compo¬saient les choses.

L'atomisme én physique. On sait que la physique contemporaine a

 

repris, en l'ajustant à l'expérience., en le compliquant et en le bouleversant profondément, cet atomisme qui n'était, chez les épicuriens, qu'une hypothèse rationnelle et philosophique. L'atome des microphysiciens actuels n'est plus un élément sim¬ple, mais une réalité extrêmement complexe, non représentable (la comparaison avec un système solaire en miniature est depuis longtemps abandonnée), exprimable seulement par un réseau d'équations qui rendent compte des échanges d'énergie dont il est le siège.

L'atomisme psychologique. Par analogie, on a appelé « atomisme psychologique « la théorie, qui prétendait décomposer les faits. psychiques en « éléments « simples : « sensations « des philosophes empiristes du XVIII' siècle, « états de conscience « des psycho-logues du XIX', « réflexes conditionnels « des héritiers de Pavlov au début de ce siècle. Par association ou combinaison, ces éléments étaient supposés engendrer tous les faits psychiques dans leur complexité et leur variabilité concrète.

Cette vue répondait sans doute à un besoin d'explication ration-nelle. Elle n'en est pas moins très fausse, car modelée sur le type d'analyse mécaniste qui a cours dans ja physique et la chimie classiques (décomposition des forées à partit d'une résul¬tante ; réduction des corps composés en corps simples). Il n'est donc pas étonnant qu'elle ait suscité, dès la fin du siècle dernier, une vigoureuse réaction ; des théories aussi différentes que le bergsonisme, la phénoménologie, la psychanalyse, la psycho¬logie de la forme., et aujourd'hui le structuralisme, s'accordent au moins en ceci : il n'est pas possible, quand il s'agit de faits humains et non plus de faits matériels, d'utiliser une méthode de décomposition mécaniste ; ce qui est premier, ce n'est pas l'atome, mais la totalité ; non pas la sensation mais la forme globale perçue (voir Gestaltisme) ; non pas des enchaînements de phéno¬mènes physiologiques mais le dynamisme organisateur de la vie (Bergson) ; non pas des réflexes, mais la structure., c'est-à-dire la signification du comportement (Goldstein, Politzer, Merleau-Ponty) ; non pas des éléments « pleins « ou positifs mais des différences groupées en modèles (les méthodes structurales). Il n'est pas jusqu'à l'épistémologie de Gaston Bachelard qui n'ait grandement contribué à débarrasser la pensée scientifique du mythe de l'atome ou de l'élément, en montrant que la science complique perpétuellement les notions de base sur lesquelles elle s'appuie (voir, par exemple, l'étude de Bachelard sur l'évolu¬tion de la notion physique de masse dans : la Philosophie du Non). L'atome, l'élément ne sont pas des réalités. principielles ou originaires, ce sont des résidus. sous-produits d'une analyse artificielle.

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