BÉRANGER (Pierre Jean de)

BÉRANGER (Pierre Jean de), poète et chansonnier français (Paris 1780 - id. 1857). D'abord typographe, puis associé aux entreprises malheureuses de la banque paternelle, il devint expéditionnaire aux bureaux de l'Université (1809), d'où il fut destitué (1821) en raison de ses poèmes et de ses chansons antigouvernementaux. L'inspiration populaire, libérale et patriotique de ses œuvres lui valut en revanche une rapide popularité : puisant aussi bien dans la légende dorée napoléonienne que dans l'anticléricalisme le plus simpliste, brossant des portraits attachants des gens du peuple (Lisette), il sut se concilier aussi bien le bourgeois du faubourg que l'ouvrier des barrières {Chansons morales et autres, 1815 ; Chansons nouvelles et dernières, 1833). De là naquit le véritable culte dont il fut l'objet, glorifié par certains comme le plus grand poète du siècle (Stendhal, et Mallarmé, qui à seize ans rêve de l'égaler), honoré ou du moins reconnu par tous (Chateaubriand, Dumas, Hugo) et redouté par quelques-uns. Refusant titres et dignités — dont l'Académie —, il préféra rester libre plutôt que de s'engager dans le combat politique et démissionna du poste de député où le peuple parisien l'avait « élu malgré lui » (1848). Dès lors, les nouveaux écrivains (Baudelaire, Flaubert, Bouilhet, etc.) dénoncent le prudhom-misme et l'opportunisme de sa littérature et contribuent à renvoyer dans l'ombre le « poète national » que redécouvrirent les nostalgiques du nationalisme à l'aube du xxe s. et plus tard, dans un tout autre esprit, les marxistes.