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BÉRANGER Pierre-Jean de : sa vie et son oeuvre

Publié le 17/11/2018

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BÉRANGER Pierre-Jean de (1780-1857). Chansonnier et poète, Beranger naît à Paris le 19 août 1780 dans un milieu de petite bourgeoisie proche du prolétariat. Ses parents, séparés, ne lui portent qu’un intérêt épisodique et le confient à des grands-parents parisiens. Il imagine, plus qu’il n’observe, les événements de juillet 1789, car il est très vite envoyé en Picardie, chez une tante qui l’élève dans une religion simple, l’amour des livres, de la nature et de la République. Son instruction est celle d’un autodidacte spontanément conventionnel. Il revient à Paris en 1796 : collaboration éphémère et peu glorieuse aux finances paternelles, participation à un cabinet de lecture, procréation fortuite d’un fils qu’il ne reconnaît pas, rencontre de Judith, qui sera la compagne de toujours, tels sont les faits marquants d’une période où il s’emploie surtout à perfectionner ses dons littéraires. Quelques vers, adressés à Lucien Bonaparte, lui valent une pension et, en 1809, un emploi sûr et peu accaparant d’expéditionnaire aux bureaux de l’Université, qui lui laisse tout loisir de s’essayer, sans bonheur hélas! dans des genres nobles tels que le théâtre ou la poésie. Il mise sur la chanson vers 1812 et obtient ses premiers succès dans un style fidèle au répertoire épicurien (Lisette, la Bacchante, la Gaudriole). Toutefois, il prend ses distances par rapport aux protections officielles et se distingue des chansonniers de l’époque en émaillant ses refrains d’une philosophie faite d’humilité et de bonté. Il compose en 1813 le Roi d’Yvetot, sa première chanson contre l’Empire. C’est un succès : la France entière, toutes classes confondues, rêve d’un tel souverain, débonnaire et pacifique.

 

Cependant, une fois la monarchie restaurée, la patrie, humiliée par l’occupant, regrette, en l’Empereur qu’elle a jadis abominé, le défenseur de l’indépendance nationale. Au nom de la liberté, Béranger se fait alors le chantre de l’épopée impériale et de l’armée de la révolution en lutte contre les féodalités d’Europe. Chansons morales et autres (1815) mêlent aux premiers refrains des chansons hostiles au roi et aux transfuges (la Censure, les Vieux Habits). Ses coups de patte renouvelés aux émigrés et aux traîtres (le Marquis de Carabas, Paillasse) font de lui le porte-parole des antibourboniens et l’artisan de la légende napoléonienne (Plus de politique). 1821 voit la parution d’un deuxième recueil, ouvrage de combat, qui s’en prend au roi, au clergé et incite au port du « vieux drapeau » tricolore. Condamné à trois mois de prison, Béranger reçoit, pendant son séjour à Sainte-Pélagie, des témoignages vibrants d’admiration et de sympathie qui lui révèlent l’importance de son personnage. La critique le sacre poète national. C’est la gloire!

 

Malgré un ton plus modéré et plus prudent, le recueil de 1825 obtient un éloge unanime et ajoute encore à sa popularité. En 1828, l’opposition faiblit. Béranger, que les muses commencent à bouder, voit peut-être là l’occasion d'un magistral coup de publicité. Il s’enhardit, sort, malgré la saisie prévisible, un quatrième recueil et provoque un procès que le gouvernement tente prudemment d’esquiver. Condamné à nouveau, il acquiert les palmes du martyre et un mérite désormais incontesté. Vers la prison de la Force, où il est détenu, convergent les hommages des plus grands (Lafayette, Dumas, Hugo, Sainte-Beuve, Nerval...). Largement diffusé en province et à l’étranger, relayé par la transmission orale et l’iconographie populaire, il a conquis, en 1830, une célébrité unique.

« parents, séparés, ne lui portent qu'un intérêt épisodique et le confient à des grands-parents parisiens.

Il imagine, plus qu'il n'observe, les événements de juillet 1789, car il est très vite envoyé en Picardie, chez une tante qui l'élève dans une religion simple, l'amour des livres, de la nature et de la République.

Son instruction est celle d'un autodidacte spontanément conventionnel.

Il revient à Paris en 1796 : collaboration éphémère et peu glorieuse aux finances paternelles, participation à un cabinet de lecture, procréation fortuite d'un fils qu'il ne reconnaît pas, rencontre de Judith, qui sera la compagne de tou­ jours, tels sont les faits marquants d'une période où il s'emploie surtout à perfectionner ses dons littéraires.

Quelques vers, adressés à Lucien Bonaparte, lui valent une pension et, en 1809, un emploi sûr et peu accaparant d'expéditionnaire aux bureaux de l'Université, qui lui laisse tout loisir de s'essayer, sans bonheur hélas! dans des genres nobles tels que le théâtre ou la poésie.

Tl mise sur la chanson vers 1812 et obtient ses premiers succès dans un style fidèle au répertoire épicurien ( Lisette, la Bacchante, la Gaudriole).

Toutefois, il prend ses distan­ ces par rapport aux protections officielles et se distingue des chansonniers de l'époque en émaillant ses refrains d'une philosophie faite d'humilité et de bonté.

Il com­ pose en 1813 Le Roi d'Yvetot, sa première chanson contre l'Empire.

C'est un succès : la France entière, toutes clas­ ses confondues, rêve d'un tel souverain, débonnaire et pacifique.

Cependant, une fois la monarchie restaurée, la patrie, humiliée par l'occupant, regrette, en l'Empereur qu'elle a jadis abominé, le défenseur de l'indépendance natio­ nale.

Au nom de la liberté, Béranger se fait alors le chantre de l'épopée impériale et de l'armée de la révolu ­ tion en lutte contre les féodalités d'Europe.

Chansons morales et autres ( 1815) mêlent aux premiers refrains des chansons hostiles au roi et aux transfuges (la Cen­ sure, Les Vieux Habits).

Ses coups de patte renouvelés aux émigrés et aux traîtres (le Marquis de Carabas, Pail­ lasse) font de lui le porte-parole des antibourboniens et l'artisan de la légende napoléonienne (Plus de politique).

1821 voit la parution d'un deuxième recueil, ouvrage de combat, qui s'en prend au roi, au clergé et incite au port du « vieux drapeau » tricolore.

Condamné à trois mois de prison, Béranger reçoit, pendant son séjour à Sainte­ Pélagie, des témoignages vibrants d'admiration et de sympathie qui lui révèlent l'importance de son person­ nage.

La critique le sacre p oè te national.

C'est la gloire! Malgré un ton plus modéré et plus prudent, le recueil de .1825 obtient un éloge unanime et ajoute encore à sa popularité.

En 1828, l'opposition faiblit.

Béranger, que les muses commencent à bouder, voit peut-être là l'occa­ sion d'un magistral coup de publicité.

Il s'enhardit, sort, malgré la saisie prévisible, un quatrième recueil et pro­ voque un procès que le gouvernement tente prudemment d'esquiver.

Condamné à nouveau, il acquiert les palmes du martyre et un mérite désormais incontesté.

Vers la prison de la Force, où il est détenu, convergent les hom­ mages des plus grands (Lafayette, Dumas, Hugo, Sainte­ Beuve, Nerval.

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).

Largement diffusé en province et à 1 'étranger, relayé par la transmission orale et 1' iconogra­ phie populaire, il a conquis, en 1830, une célébrité unique.

A la chute de Charles X, avec cet instinct très sûr de l'opinion dominante qui fait son génie, Béranger se prononce en faveur du duc d'Orléans, puis se tait, préten­ dant que 1 'oppression a cessé.

En fait, désorienté par l'agitation révolutionnaire permanente, il a conscience de ne plus pouvoir soutenir sa réputation de poète mili­ tant.

li fait ses adieux en 1833 avec Chansons nouvelles et dernières, album contenant des œuvres écrites à la Force, des chansons sociales généreuses mais naïves, et une préface qui peaufine son image de patriote.

Il sem- ble, d'après ses ultimes écrits, s'accommoder assez bien de la monarchie de Juillet, et évolue vers une sorte d'évangélisme social.

Sa bienfaisance devient légen­ daire.

Les plus grands écrivains s'adressent à lui comme à un ami : Chateaubriand, Lamartine, Michelet ...

Élu député malgré lui en 1848, sa gloire culmine; mais, débordé par les événements, il déserte et retourne à sa vie de rentier.

Toutefois, les soucis d'argent et les premières critiques désobligeantes affectent ses derniè­ res années.

II meurt le 15 juillet 1857.

Napoléon III, qui n'a pas craint de récupérer le vieux chansonnier et ses textes à la gloire de l'Empire, déploie toute la pompe nécessaire à des obsèques nationales et répand 1' idée que le poète patriote est mort en parfaite communion de pensée avec le régime impérial.

S'engage alors une macabre course à la publication posthume : Ma biogra.­ phie (récit complaisant); Dernières Chansons; Corres­ pondance.

Mais l'opinion, lassée, condamne Béranger au nom de l'art, de la morale, de la religion, de la Répu­ blique.

Dès 1860, le débat paraît clos.

Le poète national a été largement surestimé, tous l'admettent.

Il est vain de comparer Béranger aux plus grands poètes.

Son art est celui des chansonniers.

Comme eux, il compose sur des airs déjà existants et suffisamment brefs pour être retenus facilement.

Ce cadre supporte mal les vers de plus de huit ou dix pieds, ainsi que les effets d'enjambement ou de césure.

Les textes de Béranger souffrenr de l'absence de musique et souvent ennuient à la simple lecture.

Pourtant, au-delà des chevilles, de la lourdeur et de la verve grossière de certains vers, de l'embarras des refrains, reconnaissons que ce chanson­ nier a su perfectionner un genre mineur avec un talent certain.

Il varie les sujets à l'infini, multiplie les formes (narratives, énumératives, descriptives, dialoguées ...

).

11 possède le sens du détail juste, du raccourci qui situe Je décor et l'action.

Il excelle à créer des types.

Ses trou­ vailles sont accessibles d'emblée et surent sans doute établir, jadis, auprès d'un peuple inculte, voire illettré, le climat de complicité nécessaire à l'impact recherché.

Plus qu'un phénomène littéraire, le cas Béranger est donc essentiellement sociologique.

En cette première moitié du xrxe siècle, la fin de la grande aventure révolu­ tionnaire laisse nombre de Français disponibles et désen­ chantés.

Des salons aux goguettes, Béranger a répondu à l'exigence de ces insatisfaits, de ces exaltés, qui se sont reconnus dans son libéralisme, sa quête de justice, son désir de vie intense, sa haine de l'absolutisme.

Il a com­ pris, un peu mieux que ses contemporains, les idées de Charles Fourier et de Saint-Simon, mais, à aucun moment, il n'a remis en cause le système capitaliste ou eu la moindre idée de la lutte des classes.

Béranger n'est pas un grand penseur, mais les thèmes de sa politique, de sa religion et sa contribution à la légende napoléo­ nienne sont une source indispensable pour l'étude des représentations collectives d'une époque et d'une société qui ont vu éclore, rayonner, puis ternir une telle gloire.

BIBLIOGRAPHIE Béran ge r, Œuvres complètes Garnier (1875-1876).

P.

Bro­ chon, Béranger et son temps.

�ditions sociales, 1956 (préface présentant Béranger comme un poète nationd populaire dont la classe ouvrière peut aujourd'hui recueillir l'héritage); S.

Dillaz, B ér an g er, Éd.

Seghers, 1971 (choix de chansons et de textes précédés d'une prése nta tio n dans laquelle S.

Dillaz tente un parallèle Béranger/Brassens); J.

Touchard, /a Gloire de Béranger (2 vo l.

) , Arm an d C olio , 1968 (o u vrag e fo nda me nta l, quj étudie, sans complaisance et de façon remarquablement émdite.

les conditions sociales, politiques et liuéraires dans lesquelles a pu exister la gloire de Béranger).. »

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