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GENET (Jean)

Publié le 17/01/2019

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GENET (Jean), auteur dramatique français (Paris 1910-id. 1986). De père inconnu, Genet est abandonné par sa mère, confié à l'Assistance publique, puis placé chez des paysans du Morvan (1918). En 1920, accusé de vol, il est envoyé à la maison de redressement de Mettray, s'en évade dix ans plus tard et s'engage pour cinq ans dans la Légion étrangère, ne tardant pas à déserter pour mener une vie errante (de 1930 à 1940) à travers l'Europe des ports et des bas-fonds (Barcelone, Tanger, Rome, Naples, Anvers). Emprisonné à Fresnes, il se met à écrire, moins attiré par quelque chose à dire que par le langage et sa manipulation, la fonction de la poésie ayant été longtemps pour lui la transformation, par le truchement du langage, d'une matière réputée vile en un matériau considéré comme noble. C'est en 1942 que paraît son premier texte, Condamné à mort, et en 1944, sa première pièce, Haute Surveillance, écrite à la prison de la Santé. Suivent, parfois sans nom d'éditeur : Notre-Dame des Fleurs (1944), Miracle de la rose (1946), Pompes funèbres, Querelle de Brest (1947), le Journal du voleur (1949). Genet poursuit son travail d'écriture sous des formes multiples : argument de ballet (A dame Miroir, créé en 1948 au Théâtre des Champs-Élysées sur une chorégraphie de Janine Charrat), essai {Lettre à Leonor Fini, 1950), écriture cinématographique ( Un chant d'amour, 1950, dont la diffusion demeure clandestine), articles (le premier étant consacré à Jean Cocteau). Une fissure apparaît, et une « détérioration psychologique », à partir de la publication, en 1952, de Saint Genet, comédien et martyr de Sartre : miroir tendu dans lequel il se trouve piégé. En même temps que son œuvre est publiée « officiellement » et qu'il est, de ce fait, condamné à diverses reprises pour « attentat aux mœurs et pornographie », Genet est joué par quelques-uns des plus grands metteurs en scène : le Balcon, dont la première version date de 1956, est créé en anglais à l'Arts Theatre Club de Londres par Peter Zadek en 1957 ; Peter Brook crée la première version, en français, au théâtre du Gymnase en 1960 ; Piscator le monte à Berlin en 1962 et Victor Garcia en 1970. Les Bonnes, qui comportent aussi deux versions (1947, 1958), sont mises en scène par Louis Jouvet, au théâtre de l'Athénée, en 1947, par Tania Balachova à la Huchette (1954), par le Living Theatre à Berlin (1965). Les Paravents (publiés en 1961) sont créés en allemand par Hans Lietzau à Berlin, puis mis en scène par Roger Blin au Théâtre de France en 1966. Les Nègres (publiés en 1958) sont créés par Roger Blin, en 1959, au Théâtre de Lutèce. Ces quatre pièces ont fait l'objet de diverses reprises (les Paravents, en 1983, par Patrice Ché-reau), à l'étranger surtout (les Nègres, en 1984, par Peter Stein à la Schaubühne de Berlin), avec des réticences, venant soit de la censure, soit de Genet lui-même. Trois « textes balises »

 

« Comment jouer le Balcon » (1962), « Comment jouer les Bonnes » (1963),

« Lettres à Roger Blin en marge des Paravents» (1966) — apparaissent

 

comme les textes théoriques majeurs du théâtre contemporain. Genet évolua cependant vers une écriture engagée, intervenant par des articles de presse (sur le Viêt-nam en 1968, sur les immigrés en 1974) et des conférences, prenant position en faveur des marginaux, des bannis, des opprimés. Solitaire et disponible, il se voulait sans autre adresse fixe que celle de l'éditeur de ses Œuvres complètes, malgré le Grand Prix national des Lettres qui le couronna en 1983.

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