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Gian Lorenzo Bernini

Publié le 10/04/2015

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La vaste opération d'aménagement urbain de Rome, voulue par Sixte V dans le but d’affirmer son rôle de capitale du monde catholique, est conçue et dirigée par l'architecte tessinois Domenico Fontana à partir de 1585. L'entreprise vise surtout à rendre plus facilement accessibles les principales basiliques de la ville, en les reliant entre elles par des rues larges et droites. L'architecte prévoit donc l'ouverture de la via Sistina et des rues qui mènent de Sainte-Marie-Majeure à Saint-Jean-de-Latran, à Sainte-Croix de Jérusalem et à Saint-Laurent-hors-les-Murs. Des obélisques égyptiens, placés dans des endroits stratégiques, signalent le parcours aux pèlerins. La création de ce nouveau réseau de rues entraîne la démolition de certains quartiers médiévaux et transforme radicalement Rome en fonction de la nouvelle conception baroque de la ville, aménagée non plus comme un espace dominé par un bâtiment central prééminent, tel que la cathédrale médiévale ou l'édifice de la Renaissance, mais comme un lieu qui réunit tous ses éléments constituants, rues, places, bâtiments, dans une continuité monumentale et scénographique.

Dans son projet d’urbanisme, Sixte V complète et valorise l'oeuvre accomplie par ses prédécesseurs de la Renaissance dans le quartier de la porte du Popolo, principal accès à Rome : les trois grandes artères menant au coeur de la ville, via del Babuino, via del Corso et via di Ripetta  avaient déjà été créées. En 1589, Sixte V y fait ériger un obélisque, destiné à marquer un carrefour important. L'aménagement de la piazza del Popolo est entrepris quelques décennies plus tard, sous le pontificat d'Alexandre VII. L'architecte romain Carlo Rainaldi intervient dans cette entreprise, avec le projet des deux églises jumelles de Santa Maria in Monte Santo, auquel collabore aussi Gian Lorenzo Bernini, et Santa Maria dei Miracoli. Les deux églises (1662-79), couronnées par de vastes coupoles et munies de profonds avant-corps, sont placées symétriquement aux coins formés par les axes rectilignes des trois grandes rues, créant ainsi une façade monumentale sur la place et une entrée scénographique dans la ville.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commandée par le cardinal Scipione Borghèse, amateur et collectionneur passionné d'antiquités, cette oeuvre, composée entre 1622 et 1625, illustre l'histoire d'Apollon et de Daphné, tirée des Métamorphoses d'Ovide, à son point culminant. L'artiste représente en effet l'instant où la nymphe Daphné, en fuite, est rattrapée par le dieu Apollon et se transforme en laurier. Les deux personnages semblent se figer tout à coup, et sur le visage de la nymphe, aux lèvres entrouvertes, on peut lire la stupeur et la panique. Gian Lorenzo Bernini traduit avec brio les différentes qualités de la matière, le poli des corps, les lignes brisées de chevelures et du feuillage. Le socle de la statue porte un distique gravé qui invite à réfléchir sur l'inconstance de l'homme et sur la vanité de ses désirs: "Celui qui, aimant, poursuit les plaisirs de la beauté fugace, remplit sa main de feuillages et cueille des baies amères".

 

Gian Lorenzo Bernini s'occupe de nouveau des travaux de Saint-Pierre sous le pontificat d'Alexandre VII, promoteur actif d'une politique de protection des arts. L'artiste réalise, entre 1657 et 1665, une des entreprises les plus grandioses de la Rome baroque : l'aménagement de la vaste esplanade devant Saint-Pierre, destinée à accueillir les fidèles rassemblés à l'occasion des fêtes de Pâques ou d'autres occasions liturgiques pour assister à la cérémonie de bénédiction du monde entier par le pape. Le Bernin conçoit une solution à la fois fonctionnelle et symbolique qui aboutit à des effets spectaculaires en raison de l'ampleur et de la majesté des lieux. La zone est divisée en deux espaces différents : le premier, en forme de trapèze, délimité par deux ailes pleines qui partent de la façade de Carlo Maderno; le deuxième, en forme d'ellipse, délimité sur le pourtour des deux hémicycles par une colonnade aux imposantes colonnes doriques disposées sur quatre rangées, et marqué sur son axe transversal par deux fontaines et un obélisque. Les deux ailes de la colonnade, surmontées de statues de saints, symbolisent les bras maternels de l'Eglise, refuge et protection des hommes. L'espace précédant la basilique, conçu comme un décor de théâtre, semble se dilater de manière dynamique, pour faire apparaître, au centre, la coupole de Michel-Ange. L'ensemble devait provoquer la surprise des pèlerins qui accédaient à la place par les ruelles étroites des quartiers limitrophes, les "faubourgs". Mais ceux-ci ont été démolis et remplacés en 1936 par la grande rue rectiligne de la Conciliazione, à la suite de travaux qui ont irrémédiablement altéré les rapports spatiaux entre l'ensemble monumental et les édifices environnants, tels que les avait conçus le Bernin.

 

 

 

Le tombeau d'Urbain VIII, situé dans la niche droite du chevet de Saint-Pierre, composé entre 1628 et 1647, rappelle les tombeaux des Médicis de Michel-Ange et représente en même temps le prototype du tombeau monumental baroque. Le pape bénissant apparaît assis sur son trône, au-dessus d'un soubassement élevé; à ses pieds, les deux figures allégoriques de la Charité et de la Justice flanquent le sarcophage surmonté d'un squelette grandeur nature, image de la Mort occupée à écrire l'épitaphe d'Urbain VII en lettres d'or. Les statues du pape et de la Mort sont fondues en bronze sombre, le sarcophage est sculpté en marbre noir, et les Vertus en marbre blanc. Gian Lorenzo Bernini obtient ainsi un effet de contraste saisissant entre les couleurs et les effets de lumière. Dans la fusion entre valeurs plastiques et valeurs picturales, il exprime la nouvelle conception unitaire des arts, spécifique au baroque.

 

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