HONNÊTE HOMME
Publié le 19/01/2019
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HONNÊTE HOMME. Concept et type humain auquel le xviie s. français fait volontiers référence. Il s'élabore en opposition au « cavalier » des règnes de Henri IV et Louis XIII, indépendant, tapageur et agressif. Il prend corps avec la constitution d'une société policée (les salons mondains du type de l'hôtel de Rambouillet) et d'une monarchie qui tend à transcender toutes les formes de féodalités et de libertés. Le chevalier de Méré, qui en fera, après coup, la théorie [Conversations, 1668 ; Discours, 1677 ; Lettres, 1682), voit dans l'honnête homme un type spécifiquement français (qui prendrait ainsi place entre le kalos-kagathos de l'Athènes du Ve s. et le gentleman anglais du xixe), malgré la leçon du Courtisan de Castiglione que sut adapter Nicolas Faret [l'Honnête Homme ou l'Art de plaire à la Cour, 1630). L'honnête homme est d'abord un gentilhomme, qui joint à la naissance les dons du corps et les qualités de l'esprit. Sous l'influence du nouveau courant de spiritualité issu de la Contre-Réforme (et qui rejoint l'austère idéal civique de la bourgeoisie parlementaire), l'honnête homme s'intéresse aux problèmes d'ordre moral et social. Son esthétique passe d'abord par une éthique, dominée par les « bienséances » : l'honnête
homme ne cherche pas à se distinguer
outre mesure des autres (« Le vrai honnête homme est celui qui ne se pique de rien », La Rochefoucauld) ; il s'oppose ainsi au docte et au pédant érudit. C'est sur lui, spectateur ou lecteur idéal, que se règlent les œuvres littéraires ainsi que la critique de goût. Progressivement, sous l'emprise de l'« air de la cour » et suivant une double évolution politique (vers la monarchie absolue) et sociale (le phénomène courtisan), l'« honnêteté » se déplacera du caractère vers l'intelligence, de la réflexion morale individuelle vers l' « usage du monde » : l'homme n'a de consistance que sociale ; l'art de plaire implique le sacrifice de sa personnalité. L'honnête homme, idéal de la société classique en gestation, cédera alors la place au bel esprit.
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- Si naturellement, en effet, qu'on fasse son devoir, on peut rencontrer en soi de la résistance ; il est utile de s'y attendre, et de ne pas prendre pour accordé qu'il soit facile de rester bon époux, bon citoyen, travailleur consciencieux, enfin honnête homme.
- Un honnête homme n'est pas obligé d'avoir lu tous les livres, ni d'avoir appris soigneusement tout ce qui s'enseigne dans les écoles; et même ce serait une espèce de défaut en son éducation, s'il avait trop employé de temps en l'exercice des lettres.