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La bande dessinée, appelée plus communément « BD », occupe

Publié le 21/10/2013

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La bande dessinée, appelée plus communément « BD «, occupe depuis au moins deux décennies une place qui surprendrait beaucoup ceux qui, de la fin du siècle dernier au milieu de celui-ci, n'avaient songé qu'à distraire un public adulte ou adolescent en quête d'évasion ou de distraction dominicale. Les sociologues, les critiques, les polémistes, les universitaires, les éditeurs et les lecteurs se sont emparés des « histoires en images « pour sceller le destin exemplaire d'une activité qui a pu prétendre au statut envié de « neuvième art «. Si les chercheurs les plus méticuleux peuvent faire remonter l'histoire des bandes dessinées aux grottes préhistoriques, aux frises égyptiennes, aux tapisseries médiévales ou aux images d'Épinal, on s'accorde plutôt à dater de la seconde moitié du XIXe siècle les premiers balbutiements d'une manière de raconter des histoires qui recourt largement ou quasi exclusivement au dessin. L'évolution ultérieure de la bande dessinée a fait de ce genre le contemporain de l'âge d'or de la littérature populaire et de la naissance du cinéma. Ce double voisinage ne fut pas sans conséquences sur son développement. Si la bande dessinée telle que nous la connaissons aujourd'hui est principalement d'origine américaine, c'est cependant en Europe que les premiers jalons furent posés. Nous ne nous attarderons pas sur des périodiques, comme l'Illustration o u le Magasin pittoresque, p our nommer d'emblée les véritables fondateurs de la bande dessinée : le dessinateur suisse Rodolphe Töpffer (M. Cryptogame, 1846, et Docteur Festus ), qui travaillait pour l'Illustration ; l'Allemand Wilhelm Busch, qui publia à partir de 1865 M ax und Moritz d ans Fliegende Blätter ; le Français Christophe, qui, à partir de 1889, fit paraître, dans le journal le Petit Français illustré, la Famille Fenouillard , les Facéties du sapeur Camembert et le Savant Cosinus. C'est également à la fin du XIX e siècle que James Swinnerton publia, dans le San Francisco Examiner, sa série Little Bears and Tigers (1892) ; ce fut la première « bande « à faire l'objet d'une publication régulière dans un quotidien. Trois ans plus tard, Richard F. Outcault créa T he Yellow Kid p our le N ew York World. E n 1896, les premières bandes dessinées britanniques parurent dans The Illustrated Chips. Toujours outre-Atlantique, le San Francisco Examiner publia la première série réellement quotidienne : M utt and Jeff , de Bud Fisher. L'Italie, pour sa part, inaugura en 1908, avec le Corriere dei Piccoli, la presse hebdomadaire de qualité destinée aux enfants. Le mouvement était lancé. De part et d'autre de l'Atlantique, les titres se multiplièrent, en un foisonnement de personnages, de thèmes, de styles sans cesse renouvelés. La bande dessinée, comme le cinéma, entra d'emblée dans l'âge adulte. La formidable puissance de la presse américaine et les non moins extraordinaires rivalités qui opposaient les magnats de l'information amenèrent William Randolph Hearst (le milliardaire dont s'est inspiré Orson Welles dans Citizen Kane) à créer le Hearst's International Feature Service (1912), première agence de distribution de bandes dessinées aux journaux américains et étrangers. Les comics entrèrent avec fracas dans l'univers familier des États-Unis ; ils ne le quittèrent plus. Pour le pire et pour le meilleur. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Christophe (Georges Colomb, dit) enfantine (littérature) Hearst William Randolph Les livres bande dessinée - The Yellow Kid, bande dessinée apparue en 1896, page 546, volume 1 bande dessinée - Bécassine pendant la guerre, page 547, volume 1 L'âge d'or Malgré quelques créations qui devaient faire date dans l'histoire du « neuvième art « (1925 : Zig et Puce, d'Alain Saint-Ogan ; 1929 : Tintin et Milou, d'Hergé), l'univers francobelge de la bande dessinée eut tendance à s'étioler, tandis que les États-Unis connaissaient une invention permanente et toujours renouvelée : Krazy Kat de George Herriman (1911) ; la Famille Illico de Geo MacManus (1912) ; Bicot de Martin Branner (1920) ; Félix le Chat de Pat Sullivan (1924) ; Popeye d'Elsie Segar (1929) ; Buck Rogers, la première bande dessinée de science-fiction (1929) ; Tarzan de Harold Foster, d'après les romans d'Edgar Rice Burroughs (1929) ; Mickey Mouse, qui, créé pour le dessin animé en 1928 par Walt Disney, fit son apparition dans les BD en 1930. Les animaux humanisés et facétieux, les garnements en mal de mauvais coups, la caricature plus ou moins cruelle de la vie quotidienne (qui culmina en 1930 avec Blondie de « Chic « Young, laquelle reste sans doute la bande dessinée la plus diffusée dans le monde) cédèrent le pas aux aventuriers, ceux de la série noire, de l'anticipation, de la jungle, de l'Ouest, etc. : Flash Gordon d 'Alex Raymond ; T erry et les pirates d e Milton Caniff en 1933 ; Mandrake de Lee Falk et Phil Davis ; Li'l Abner de Al Capp ; Luc Bradefer de William Ritt et Clarence Gray ; The Lone Ranger de Charles Flanders ; l'Agent secret X-9 d'Alex Raymond - dont les scripts étaient dus à Dashiell Hammett, le plus grand auteur de romans policiers de l'époque -, tout cela en 1934 ! Cette année-là, Paul Winkler édita en France le Journal de Mickey. Cette forme de diffusion des bandes dessinées devait y influencer durablement la propagation des BD américaines et européennes. Ce modèle d'hebdomadaire pour adolescents revendiquant une certaine qualité fut suivi -- Robinson et Bayard (1936), Spirou, en Belgique (1938) --, et pleinement utilisé après la guerre. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bécassine caricature Disney (Walter Elias, dit Walt) Hammett Samuel Dashiell Hergé (Georges Rémi, dit d'après ses initiales R.G.) illustration Lucky Luke Tarzan Tintin Les médias Hergé Les livres bande bande bande bande Davis, dessinée - le mystérieux Phantom, page 546, volume 1 dessinée - Tarzan, page 547, volume 1 dessinée - Tintin au Tibet, page 548, volume 1 dessinée - Mandrake, créé en 1934 par Lee Falk et le dessinateur Phil page 548, volume 1 Censure et censeurs Au début des années quarante, tandis que l'armée américaine utilisait la BD aussi bien pour ses manuels d'instruction que pour le soutien au moral du soldat, Goebbels s'en prit à Superman : « Un juif ! «. En Europe occupée, les séries américaines furent interdites, ce qui entraîna la mise en sommeil des publications spécialisées pour enfants. En 1944, cependant, Coq Hardi fut créé à Clermont-Ferrand par Marijac, qui donna leur chance à plusieurs dessinateurs français. L'après-guerre ouvrit de nouveau l'Europe à la production américaine, qui s'enrichit de multiples titres ; on assistait en même temps à la renaissance de la presse pour enfants (Vaillant et Tintin en 1946, Donald en 1947, transformation de Spirou). Si la guerre était terminée, la censure, elle, prenait ses habitudes : la célèbre loi du 26 juillet 1949 contrôlait les publications pour la jeunesse ; elle déclencha les hostilités contre les BD, soupçonnées de faire l'apologie de la violence et de l'immoralité. Aux ÉtatsUnis, à la même époque, le docteur Wertham se lança dans un combat similaire et imposa le comics code, qui fut aux BD ce qu'avait été le code Hays de 1930 au cinéma. Qu'elle fût un objet d'effroi ou de séduction, la bande dessinée suscitait de multiples prises de position pédagogiques ou morales. Ce faisant, elle trouvait chez des cinéastes comme Fellini, Alain Resnais, René Clair, ou des hommes de lettres comme Marcel Brion ou Francis Lacassin, de farouches défenseurs. Les censeurs, même s'ils n'étaient que des « contrôleurs «, arrivaient un peu tard face à un phénomène désormais appelé à une extension illimitée et que devait marquer de manière spectaculaire, en France, la parution de Pilote en 1959. Cet hebdomadaire des éditions Dargaud publia Astérix le Gaulois de Goscinny et Uderzo, star absolue de la BD française. Le destin de Pilote, au gré de différentes formules, était de consacrer un nouvel esprit et une nouvelle génération de dessinateurs. Assimilée à une autre culture, voire à une sous-culture, la bande dessinée prit sa revanche à la fin des années soixante en devenant l'un des continents les plus importants de la « contre-culture «. Les crises sociales et politiques (Mai 68 en France, la guerre du Viêt-nam) ont suscité l'apparition de quantités de périodiques que ni la drogue, ni le sexe, ni la violence politique ne rebutaient, au contraire. Cet underground ( dont les chefs de file étaient Robert Crumb et son Mr. Natural, Gilbert Sheldon et ses Freak Brothers) exerça directement son influence sur l'évolution de la BD française à travers des périodiques comme le nouvel Hara-Kiri ( 1967), Charlie ( 1969) ou l'Écho des savanes ( 1973). Ces publications donnèrent à leur tour naissance à une nouvelle génération de revues comme Métal Hurlant o u À suivre qui furent le creuset de tout ce qui, depuis, s'est fait de neuf et de beau. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Astérix Brion Marcel censure Clair (René Chomette, dit René) Fellini Federico Forest Jean-Claude Goscinny René Resnais Alain Tintin underground Les livres bande dessinée - les Peanuts, page 546, volume 1 bande dessinée - Astérix chez les Helvètes, page 548, volume 1 Neuvième art ? L'extrême sophistication atteinte par la BD dans le montage des « vignettes «, dans l'organisation des pages, dans les manipulations du cadre, dans le travail des coloristes, l'appréhension de techniques propres au cinéma (profondeur du champ, panoramique, travelling, plongée et contre-plongée...) tranchent avec l'espace linéaire et plat qui fut longtemps de règle. Aujourd'hui, il n'est pas d'audace graphique ou visuelle que les bandes dessinées n'inventent ou ne s'approprient. L'ambition littéraire est ici inséparable de l'ambition esthétique. Lorsque les éditions Casterman inaugurent une bibliothèque d'albums appelés « romans «, lorsque Gallimard confie à des auteurs de bandes dessinées les classiques de la littérature contemporaine, de Proust à Céline, dans le cadre d'une collection de prestige, nous sommes bien dans la réalisation de cette double ambition. Une ambition d'ailleurs plus européenne qu'américaine. De même, le cinéaste Alain Resnais, en faisant d'un auteur de bandes dessinées une sorte de poète égaré dans un monde incompréhensible (I Want To Go Home, 1989), met le point final à cette évolution qui va de l'amuseur à l'artiste. Tardi, Jean Giraud ( alias Moebius, ou Gir) ou Bilal en France, Hugo Pratt (le père de Corto Maltese ) en Italie, le Néerlandais Joost Swarte, Frank Miller aux États-Unis (le réinventeur de Batman ), entre autres, ont donné aux bandes dessinées un statut désormais irréversible, celui d'un art vivant, que consacre chaque année, à Angoulême, un festival international. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Resnais Alain Les livres bande dessinée - Batman, page 549, volume 1 bande dessinée - Corto Maltese, page 549, volume 1 bande dessinée - la Foire aux immortels, page 549, volume 1 Lucky Luke, page 2931, volume 6 science-fiction - Gaïl (1978), texte et dessins de Philippe Druillet, page 4673, volume 9 Complétez votre recherche en consultant : Les médias bande dessinée - quelques personnages célèbres de la B.D Goscinny René Les livres bande bande bande bande dessinée dessinée dessinée dessinée - Dick Tracy dans le Sérum fatal (1946), page 548, volume 1 Lucky Luke dans Dalton City, page 548, volume 1 les Pieds-Nickelés chercheurs d'or, page 548, volume 1 la bande dessinée murale, page 549, volume 1 Les indications bibliographiques M. Bera, M. Denni et P. Mellot, les Trésors de la bande dessinée, l'Amateur, Paris, 1986. P. Bronson, le Guide de la bande dessinée, Glenat, Grenoble, 1986 (1984). P. Gaumer, Dictionnaire mondial de la bande dessinée, Larousse, Paris, 1994.

« (1925 : Zig et Puce, d'Alain Saint-Ogan ; 1929 : Tintin et Milou, d'Hergé), l'univers franco- belge de la bande dessinée eut tendance à s'étioler, tandis que les États-Unis connaissaient une invention permanente et toujours renouvelée : Krazy Kat de George Herriman (1911) ; la Famille Illico de Geo MacManus (1912) ; Bicot de Martin Branner (1920) ; Félix le Chat de Pat Sullivan (1924) ; Popeye d'Elsie Segar (1929) ; Buck Rogers , la première bande dessinée de science-fiction (1929) ; Tarzan de Harold Foster, d'après les romans d'Edgar Rice Burroughs (1929) ; Mickey Mouse , qui, créé pour le dessin animé en 1928 par Walt Disney, fit son apparition dans les BD en 1930. Les animaux humanisés et facétieux, les garnements en mal de mauvais coups, la caricature plus ou moins cruelle de la vie quotidienne (qui culmina en 1930 avec Blondie de « Chic » Young, laquelle reste sans doute la bande dessinée la plus diffusée dans le monde) cédèrent le pas aux aventuriers, ceux de la série noire, de l'anticipation, de la jungle, de l'Ouest, etc.

: Flash Gordon d'Alex Raymond ; Terry et les pirates de Milton Caniff en 1933 ; Mandrake de Lee Falk et Phil Davis ; Li'l Abner de Al Capp ; Luc Bradefer de William Ritt et Clarence Gray ; The Lone Ranger de Charles Flanders ; l'Agent secret X-9 d'Alex Raymond – dont les scripts étaient dus à Dashiell Hammett, le plus grand auteur de romans policiers de l'époque –, tout cela en 1934 ! Cette année-là, Paul Winkler édita en France le Journal de Mickey. Cette forme de diffusion des bandes dessinées devait y influencer durablement la propagation des BD américaines et européennes.

Ce modèle d'hebdomadaire pour adolescents revendiquant une certaine qualité fut suivi — Robinson et Bayard (1936), Spirou, en Belgique (1938) —, et pleinement utilisé après la guerre. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bécassine caricature Disney (Walter Elias, dit Walt) Hammett Samuel Dashiell Hergé (Georges Rémi, dit d'après ses initiales R.G.) illustration Lucky Luke Tarzan Tintin Les médias Hergé Les livres bande dessinée - le mystérieux Phantom, page 546, volume 1 bande dessinée - Tarzan, page 547, volume 1 bande dessinée - Tintin au Tibet, page 548, volume 1 bande dessinée - Mandrake, créé en 1934 par Lee Falk et le dessinateur Phil Davis, page 548, volume 1 Censure et censeurs Au début des années quarante, tandis que l'armée américaine utilisait la BD aussi bien pour ses manuels d'instruction que pour le soutien au moral du soldat, Goebbels s'en prit à Superman : « Un juif ! ».

En Europe occupée, les séries américaines furent interdites, ce qui entraîna la mise en sommeil des publications spécialisées pour enfants.

En 1944, cependant, Coq Hardi fut créé à Clermont-Ferrand par Marijac, qui donna leur chance à plusieurs dessinateurs français.

L'après-guerre ouvrit de nouveau l'Europe à la production américaine, qui s'enrichit de multiples titres ; on assistait en même temps à la renaissance de la presse pour enfants ( Vaillant et Tintin en 1946, Donald en 1947, transformation de Spirou ).

Si la guerre était terminée, la censure, elle, prenait ses habitudes : la célèbre loi du 26 juillet 1949 contrôlait les publications pour la jeunesse ; elle déclencha les hostilités. »

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