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la Renaissance

Publié le 07/04/2015

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Au début du XVe siècle à Florence, certains artistes, influencés par la culture humaniste promue dès le XIVe siècle par des hommes de lettres et des philosophes, affirment la nécessité de récupérer les modèles et les styles architecturaux de l'art gréco-romain: il s'agit surtout de retrouver le sens des proportions, la symétrie et la rigueur de la composition, qui caractérisent l'art classique. C'est ainsi que s'affirme la Renaissance, qui dans le domaine artistique s'attache à retrouver de façon systématique les canons de beauté de l'Antiquité, en nette opposition avec le gothique, qui reste cependant la tendance prédominante au cours de ces mêmes années dans le reste de l'Europe.

Brunelleschi, Masaccio et Donatello sont les trois premiers artistes florentins ayant amorcé un véritable renouvellement des arts, en se distinguant respectivement en architecture, en peinture et en sculpture.

Brunelleschi est peut-être le meilleur représentant de cette recherchede l' Antique; c'est avec ses oeuvres (chapelle des Pazzi, Florence) que le type d'architecture inspiré de la théorie des proportions prend son essor. Empruntée aux traités antiques, et en particulier à Vitruve, cette architecture sera reprise également par Alberti, inventeur de la perspective à un seul point de fuite. L'architecture de Brunelleschi, refusant l'aspect décoratif du gothique, propose un retour à la symétrie et aux ordres classiques, appliqués à différents types de bâtiments: églises, palais, villas.

En peinture, le recours à la perspective permet de représenter les corps sur les deux dimensions de la toile comme s'ils étaient inscrits dans un espace à trois dimensions. Masaccio se fait l'interprète de ce principe, en créant dans ses oeuvres un environnement virtuel, caractérisé par l'illusion de la profondeur (La Trinité, Santa Maria Novella, Florence). A leur tour, les figures font l'objet d'études anatomiques systématiques qui permettent de représenter de façon réaliste, aussi bien les visages (le portrait commence à connaître une grande diffusion), que les corps, parfois représentés par des raccourcis audacieux (comme dans le Chrit mort de Mantegna, Milan, Brera).

Donatello, grand innovateur dans le domaine de la sculpture, reprend la technique ancienne de la terre-cuite (David, Florence, Bargello); il se confronte également à la statuaire romaine en bronze (monument à Gattamelata, place du Saint, Padoue) et au réalisme typique de la Rome ancienne, mené jusqu'à la limite de l'expressionnisme dans la statue en bois de Madeleine, image presque spectrale, consumée, profondément tragique.

Depuis Florence, le nouveau style rayonne rapidement en Italie, et devient une tendance à la mode dans les différentes cours, en particulier dans les seigneuries et les principautés d'Urbin, Mantoue, Padoue, Ferrare, Venise, Milan, où les gouvernants rivalisent pour s'adjuger la collaboration des maîtres les plus célèbres. Donatello se rend à Padoue, tandis qu'à Mantoue, à la cour des Gonzague, Mantegna occupe les fonctions de peintre de la cour et exécute les fresques de la chambre des Epoux au palais ducal; à Milan, Bramante et Léonard de Vinci ravivent la conscience artistique de la capitale des Sforza, grâce aux leçons qu'ils ont reçues en Italie centrale. La cour des Montefeltro à Urbin constitue elle aussi un pôle d'attraction pour des artistes provenant des territoires les plus divers, comme l'Espagnol Berruguete (portrait de Frédéric de Montefeltro, Urbin, Galerie nationale des Marches) et — Piero della Francesca, qui réalise avec sa Flagellation (Urbin, galerie nationale des Marches) l'un des exemples les plus réussis de peinture de perspective.

A Rome, les papes, revenus de leur captivité avignonnaise, donnent eux aussi aux arts un essor considérable en tant que commettants, au point qu'au début du XVIe siècle, les palais du Vatican et la nouvelle basilique de Saint-Pierre, deviennent le centre de production et de promotion de ce qu'on a appelé la Renaissance classique. C'est dans ce contexte qu'opèrent Michel-Ange (Jugement dernier, chapelle Sixtine) et Raphaël (fresques des Chambres de la Signature et d'Héliodore)

Ce n'est qu'au cours du XVIe siècle que le classicisme de la Renaissance commence à s'affirmer dans les autres nations européennes, en particulier en architecture: d'abord en France, puis en Espagne et, au début du XVIIe siècle, en Grande-Bretagne, où l'on reprend les formes développées par Palladio en Vénétie.

En peinture, une attention nouvelle pour la représentation fidèle de la réalité se manifeste dans les Flandres et en Allemagne, où deux importantes écoles naissent au cours du XVe siècle, avec pour chefs de file respectifs Van Eyck et Dürer. Van Eyck, en particulier, dans des oeuvres comme le polyptyque de l'agneau mystique (Saint-Bavon, Gand) exprime une manière différente de se confronter à la réalité sensible et tend à exalter la perception optique, notamment par  une utilisation particulière de la peinture à l'huile.

Dans le nord de l'Europe, la Réforme protestante, qui s'oppose à l'utilisation d'images religieuses, limite la production artistique dans le domaine de la dévotion. A l'inverse, l'affirmation de commanditaires bourgeois, en particulier en Hollande, permet l'épanouissement de nouveaux genres artistiques, tels que le portrait, la nature morte, les vues et les scènes de genre. Les tableaux sont en général de dimensions réduites, étant destinés à orner de simples maisons, et non des palais. Des maîtres comme Memling et Van der Weyden sont bien connus, également en Italie aussi. Leurs portraits sont particulièrement appréciés pour leur extraordinaire capacité à fixer le modèle. C'est à ces exemples que semble se référer Antonello de Messine (Portrait d'homme, Rome, Galerie Borghese) qui, à l'occasion de séjours à Venise, approfondit sa connaissance du naturalisme flamand et des recherches chromatiques de Giovanni Bellini.

Au cours des premières décennies du XVIe siècle s'affirme en Italie une nouvelle tendance figurative, basée sur l'exaspération des postures, les contrastes du clair-obscur et du coloris, les perspectives en trompe-l'oeil, et privilégiant des iconographies complexes, métaphoriques et philosophiques: c'est ainsi que s'affirme le maniérisme. Cette nouvelle tension, qui s'exprime admirablement dans les Esclaves (ou Captifs) de Michel-Ange, se manifeste de façon plus achevée en Toscane avec Pontormo, auteur de l'une des oeuvres les plus emblématiques de cette évolution, la Déposition de croix (Florence, Santa Felicita). A cette même époque, les monarques européens se font les commettants d'artistes italiens, dont les oeuvres sont très raffinées: ainsi, François Ier fait appel à Benvenuto Cellini (Salière, Vienne, Kunsthistorisches Museum) et à Rosso Fiorentino, qui décore la galerie du palais royal de Fontainebleau. L'empereur Charles Quint quant à lui, s'adresse à Titien, qui peint son portrait (Madrid, Prado).

Dans le domaine de la peinture, la culture vénitienne, dans le sillage du Tintoret et de Véronèse, fait école par son utilisation de la couleur: elle inspire par exemple Le Gréco dans son inspiration visionnaire qui  trouve des répondants en Allemagne, chez Altdorfer et Cranach, ou en territoire flamand chez Bruegel. Avec ces artistes, la recherche de perfection formelle, qui traduisait les certitudes de l'homme de la Renaissance, est définitivement dépassée. Le lent passage vers une conception du monde plus tourmentée, qui animera le siècle suivant, est amorcé.

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