LABÉ (Louise), poétesse française

LABÉ (Louise), poétesse française (Lyon v. 1524 - Parcieux-en-Dombes 1566). Fille d'un riche marchand d'origine italienne, la jeune Louise bénéficia, outre de sa beauté, d'une éducation soignée, à la fois littéraire (elle savait le latin et l'italien), musicale (elle jouait agréablement du luth) et sportive (elle fut habile écuyère). Elle épousa en 1540 un marchand cordier (d'où son surnom de Belle Cordière). La réputation qu'on lui a faite de courtisane lettrée (telle qu'il en existait à l'époque en Italie) est très proba-blement due aux médisances que lui valurent, dès son vivant, son mode de vie original (elle eut des amants comme le poète Olivier de Magny et elle avouait préférer la pratique des arts et de l'équitation aux occupations ménagères) et son mépris des convenances. Ses œuvres, parues en 1555, comportent une partie en prose (un Débat de Folie et d'Amour), rassemblant 5 Discours se rattachant au genre médiéval du débat) et des pièces de vers : 3 élégies et 24 sonnets, dont un en italien. Tous ces poèmes ont pour thème unique l'amour ; moins soucieux de métaphysique amoureuse et de sophistique sentimentale que ceux de ses confrère et consœur lyonnais Maurice Scève et Pernette du Guillet, ils expriment un amour plus sensuel, mais plus tourmenté peut-être, qui trouve assez naturellement dans la rhétorique pétrarquiste — en particulier dans le jeu de ses antithèses — une expression adéquate. Rhétorique qui n'enlève rien, au demeurant, à la profonde originalité de cette poésie, à la « morosité spasmodique et tendre » (A.-M. Schmidt).